Ce sont
les certitudes qui rendent fou
Je vous préviens : ce que vous lirez plus bas n’est
complaisant pour aucun parti politique en lice pour Québec 2012.
Il y a quelques semaines, j’avais pris l’initiative de
dresser, sur mon blogue personnel, des portraits d’hommes et de femmes de mon entourage, histoire de
connaître leur rapport au politique. Les gens qui m’entourent ont des opinions
très divergentes. Ils se racontent facilement.
Dans ma culture d’origine, c’est un signe de confiance et d’intimité
que celui de se raconter et d’accueillir en retour les confidences d’autrui. Nos
mille et une nuits personnelles.
Bien que mon « assimilation » québécoise soit
presque totalement réussie, je garde dans ma poche ces échanges comme des
portions d’éternité.
J’ai complété hier, avec leur accord, certains de ces
portraits. Or, voilà que je préférais attendre à aujourd’hui avant de les publier.
En les relisant, ma décision est de ne pas les publier dans
leur intégralité.
Quand, parmi eux, il y a un ancien felquiste, une
gestionnaire d’une importante firme, un directeur de système informatique, un
directeur lié à un programme international majeur, un entrepreneur en
construction, un écrivain connu, un autre moins, des comédiens, comédiennes et
d’autres, des communicateurs connus du milieu et moins de la population en
général, j’ai préféré m’autocensurer.
Non pas parce que ces personnes n’ont rien à dire.
Au contraire.
Chacun d’entre eux m’a livré sa compréhension de ce qu’il
considère être sa place au Québec et dans le monde. Chacun y a été de son analyse
de la situation de la politique actuelle. J’ai récolté leurs propos en leur
mentionnant que j’allais les rendre publiques sur mon blogue personnel pour
faire ma part dans la campagne auprès de ceux qui me lisent, de ceux qui apprécient,
et, disons-le humblement, de ceux qui s’en inspirent en catimini.
Car, après tout, il faut
donner la parole au public qui regarde « la caravane passer avec les
chiens qui aboient ».
L’âge de mes interlocuteurs varie de 28 à 67 ans.
Je n’en
choisis volontairement que 3. Et volontairement pour leurs opinions si
singulières, du moins, je le crois.
Il m'est important de souligner que certains de leur propos heurtaient mes positions dans certains
dossiers. Non pas celles d’une certitude absolue ou d’un chemin à prendre les
yeux fermés mais celle du doute. Voilà pour quelle raison, j’ai choisi parmi les 9, ces trois-là.
Je suis une pacifiste et je vénère avant tout le respect des
autres. Surtout dans leurs différences. Je suis pour la défense des droits de l’Homme,
des Femmes et de la Démocratie… ce qui offre un registre ou un éventail
impossible à gérer.
Personnellement, j’aurai voulu donner, si j’en avais le
pouvoir, des munitions à tous les partis pour qu’ils délaissent leur langue de
bois figée et la cassette diplomatique du « voilà, je vous dis ce que vous
voulez entendre et je le répète pour que vous en soyez convaincus, nous sommes
les meilleurs et nous voulons votre bien à tous et toutes ».
Je vous livre donc, chers amis, de manière éclectique un
survol des propos de ces trois personnes.
Aucun des trois, ni par ailleurs aucune des 9 personnes avec
lesquelles j’ai discuté ne croient encore, disent-ils, en la souveraineté. Tous
sont, en apparence, désillusionnés.
Pardon ici à ceux que j’offense, de l’avoir dit aussi
crument. C’est la triste vérité de ces 9 personnes – et après tout nous ne
sommes pas en campagne pour le référendum mais bien pour un parti politique qui
gèrera nos biens communs.
Trois d’entre elles étaient impliquées dans des batailles
souverainistes, que ce soit aux côtés de Gérald Godin, Robert Perreault, Gilles
Duceppe, etc. Elles m’ont raconté, entre autres, des anecdotes, inoubliables et
inédites, très touchantes sur Gérald Godin, sur Pauline Julien, sur Gilles Duceppe...
Le plus jeune des trois dont je vous
parlerai est Michael, directeur de systèmes informatiques. Il a la fâcheuse
habitude de critiquer les utilisateurs de iPhone, iPad et tous les i ou I (je) de
ce monde, en les semonçant d’enrichir les multinationales technologiques. Il
est pour les logiciels libres et pour l’ « Open Source ».
·
Pour lui, les téléphones intelligents androids
et ordinateurs munis de logiciels libres, rendent au web ce qu’il devrait
représenter, l’accessibilité pour une évolution ouverte et garantie. Parce qu’avec
« les logiciels libres, l’expertise est gratuite ». Les produits
évoluent, se raffinent, s’affinent pour être menés ailleurs vers d’autres utilisateurs
et utilisation que celles prévus au départ.
· Il raconte sa déception lorsque le PLQ avait
défendu les logiciels libres pour ensuite, reculer. Il a alors été déçu, lui qui devenait presque
libéral pour cette raison.
·
Il affirme que le seul nouveau parti au Québec,
c’est la CAQ qui, contrairement au PQ ou au PLQ, ont déjà été tous deux au
pouvoir et qu’ils l’ont déçu. Il croit fermement au grand ménage que la CAQ
réussira à faire si le parti est élu.
·
Il votera pour la Coalition Avenir Québec (CAQ) par
calcul politique.
·
Son vote est stratégique. Par la suite, aux
prochaines élections, s’il est déçu, il votera pour le parti qui fera évoluer
« le pays ». Là où il souhaite
le voir aller : vers un meilleur équilibre des richesses.
Dominique a suivi le printemps érable jour après jour et
affirme que :
- Le gel des frais de scolarité ne favorise que
les riches. Que le message des Libéraux n’est pas passé et que tout le monde
n’a pas la capacité de suivre des cours à l’université… que la qualité de
l’enseignement s’en trouvera entachée.
- Les étudiants dont les parents font plus de
200 000 dollars par année devraient payer des frais de scolarité. Qu’ils
habitent chez leurs parents ou non
- il faut plus de bourses pour ceux qui n’ont pas
les moyens.
- la gratuité n’est pas pour tout le monde. Les
jeunes n’ont pas tous la capacité d’aller à l’université.
- les étudiants et la Classe se retrouvent avec
les idées des années soixante et que les régimes socialistes ont prouvé
ailleurs qu’ils ne fonctionnaient pas.
- Que finalement 78 % des étudiants ont terminé
leur cursus malgré la grève.
- Que le Service de police de la Ville de Montréal
(SPVM) a fait en général un bon travail avec des écarts alors qu’elle s’attendait
au pire. Que si nous avions été ailleurs dans le monde, ça aurait été un
carnage.
- Que le travail avec le gouvernement libéral et leurs
sous-ministres s’est bien fait en général, dans certains secteurs comme l’agriculture.
- Que malgré tout, elle ne sait pas encore pour
qui voter et décidera au dernier moment.
Puis vient Jogues,
l’ancien Felquiste, accusé mais exonéré deux fois de suite, défendu par feu l’avocat Robert Lemieux. « Moi, ça ne me dérange pas qu’on me reconnaisse. Au
contraire, j’assume ma vie de « militant politique jusqu’au boutte ».
Attachez vos tuques… il y en a pour tous, pour toutes, contre
tout et contre tous... et vice-versa. Il croit :
·
Dur comme fer que la souveraineté ne peut se
gagner par coup de référendum mais dans le sang comme l’indépendance de la
Bosnie, de la Croatie, etc. Que nulle part au monde une indépendance n’a eu
lieu dans l’harmonie. Qu’il ne veut pas que ça se passe comme ailleurs et
questionne le fait qu’ici ça se passera mieux…
·
Qu’il faut moins de souveraineté dans les pays européens
et plus de souveraineté pour les
provinces canadiennes.
·
Que malgré cela, nous avons une souveraineté
culturelle qui le restera toujours tant que nous la protègerons. Il ne veut pas
de « cette souveraineté gruyère ».
·
Que les pays comme l’Irak, la Syrie, l’Iran et
le Liban n’ont rien fait de bien de leur souveraineté? Ce sont des « fausses
souverainetés ».
·
Que la gauche ou la droite ne veut plus rien
dire pour lui … Pol Pot était à Paris, il était reçu sur le tapis rouge.
Khadafi, à Paris, il était aussi reçu sur le tapis rouge.
·
Au début de son règne, Khadafi, tenait un
discours pour les femmes puis ces deux et les autres qui ont succédé sur le
tapis rouge français, se sont mis à taper sur leur peuple et sur les femmes.
·
Que tous ces dictateurs qui ont fait l’affaire
de l’Occident se sont tournés contre leur peuple et contre les femmes par leur
soif du pouvoir… que le drame, dans le fond, c’est le pouvoir!
·
Que le drame dans ces pays dictatoriaux, c’est
le manque de classe moyenne. Ils n’ont pas réussi à créer une classe moyenne.
Ils se sont enrichis démesurément.
·
Que notre classe moyenne au Québec, elle est encore
très forte. Elle a émergé dans les années 60 pendant la Révolution tranquille.
C’est le gros terreau de la société québécoise.
·
Que les libéraux n’ont pas fait de « mauvais
moves », ni grand mal au Québec et qu’au contraire, le PLQ a fait beaucoup
de bien.
·
Que depuis 30 ans, il est piraté par des
conservateurs. Maintenant, « ils gèrent dans le mou, par des conservateurs
plus mous qu’à Ottawa. »
·
Que tant qu’à comparer … Robert Bourassa,
était un progressiste qui ne se décidait pas. Que ça a été très dommage, à
cette époque, pour le Québec son manque de décision. Que le parti libéral de
Bourassa n’existe plus.
·
Et il remet les pendules à une autre heure. On a
reproché à Jean Charest d’avoir envoyé les femmes de son parti au pilori. Or,
ce sont elles qui étaient à la tête des plus importants ministères lorsqu’elles
ont été pointées du doigt.
·
Que le Parti québécois a été anti-démocratique en
empêchant un citoyen d'exercer un droit légitime d'avoir recours
à la justice dans le dossier de l’amphithéâtre de Québec. Pas
parce qu’il croit aux « Coyottes ou
aux Phoenix », d’après lui sur le respirateur artificiel, mais pour
l’absurdité du vote péquiste pour une loi spéciale anti-démocratique « bipassant »
une commission parlementaire… en escamotant le processus démocratique. Ça. Il ne le pardonnera pas au Parti
Québécois.
·
Que le PQ a changé. Que c’est l’Union nationale
qui est revenue au PQ.
·
Qu’il faut foutre la paix à Léo Bureau Blouin…
qu’on arrête de le « parader comme un trophée » et qu’on le laisse travailler
à faire sortir le vote dans son comté.
·
Que la candidature de LBB et celle de Djamila
Benhabib ont été une très bonne nouvelle pour le PQ. Qu’il ferait la concession
de travailler pour faire sortir leur vote. Il croit en eux deux.
·
Que le système électoral n’a pas de valeur, tel
qu’il est actuellement. Qu’il nous faudrait un système à l’Américaine ou à la
Française, à date fixe, qui donne au président ou au premier ministre, le
pouvoir de former son cabinet « at large ». Un système pour élire le « président »,
et une sorte de « chambre des représentants ». Ainsi, nous pourrions
voter pour le premier ministre de notre choix et pour des députés
indifféremment.
·
Que les gaz de schistes sont défendables. S’ils
sont sécuritaires. Pourquoi pas?
·
Que son vote... il ne sait pas encore à qui il le
donnera. Il va attendre de voir les débats. Il l’aurait donné à Dominic
Champagne - Parti libéral indépendant s’il se présentait dans son comté.
·
Bref. Il souhaite que Québec Solidaire élise 4
ou 5 députés à l’Assemblée nationale pour qu’ils agissent en chien de garde.
Quand aux autres parmi les 9 dont j’ai parlé plus haut, ils
voteront pour le PLQ, le PQ, ou pour la Coalition pour la Constituante. Leurs propos rejoignent ceux qu'on entend tous les jours que ce soit dans les médias sociaux ou TV, radio, presse écrite.
Leurs arguments rejoignent étonnamment sur certains détails quelques-uns entendus par Michael,
Dominique ou Jogues .
Ce que j’ai retenu de mes discussions, c’est l’indécision qui règne chez certains qui,
en apparence sont les plus convaincus, alors qu’en filigrane, la désillusion n’est
pas si ancrée et que tous rêvent d’un pays bien à eux.
[i]
Titre emprunté à M. Joseph Macé-Scaron dans son éditorial du Magazine
Littéraire dont le thème était « Le Doute » no 499