mardi 30 juin 2020

Retour à Montréal!

Si vous lisez ce message, c’est que je suis enfin arrivée à Montréal. 
Après plus de 33 h de voyage entrecoupé par une demi-nuit dans un hôtel à l’aéroport. Masquée pendant presque 24 h. Dur!
Je peux affirmer que les masques chirurgicaux sont plus confortables que les masques en tissus. Bien plus supportables, moins jolis certes. Porté 11 h de suite, 3 changements. Permettent de mieux respirer. 
Masques chirurgicaux! Mieux! 

Ce que je voulais éviter à tout prix la run de lait. Eh bien, c’est raté. Je l’ai faite. Toute qu’une ! 
Mon premier vol ayant été annulé: celui du 21 mai, puis celui du 29 juin et celui du 15 juillet. Aussi, lorsque Air Transat a annulé ses vols directs de Malaga, j’étais déboussolée. 
Parce que faire un direct Malaga /Montréal; c’est comme faire Montréal / Sainte-Luce-sur-mer en voiture. 
Ça se prend bien. 
Grâce à un ami Martin Girard qui m’a trouvé un jour un billet de Madrid à un prix raisonnable, j’ai retrouvé ma boussole. 
Merci tellement Martin d’avoir pris le temps de me chercher un billet ! 💙🌈💜🙏 Et d’avoir compris que malgré mon humour parfois caustique, je voulais rentrer, même si le décor était féerique! 
Cette ouverture possible! Enfin! J’ai pris ce nouveau billet en 20 min. Il y a quelques semaines le plus proche possible du 1er juillet en sachant que les frontières ouvriraient à cette date. 
Auparavant, je refusais de payer un vol de retour entre 3 et 6000 dollars. 
D’autant que le centre pour personnes âgées où vit mon père a été fermé le 14 mars et rouvert cette semaine seulement. 


Gare Atocha de Madrid! 


J’ai donc quitté l’appartement de mon amie à Benalmadena á 14 h 30, hier, le 29 juin 2020, pris le train Malaga - Madrid, puis hôtel près de l’aéroport à Madrid pour une courte nuit. 
Départ de Malaga 16 h. 
Cafétéria presque déserte sur la Plaza Barajas à Madrid. Café El Principe. 


Aéroport de Madrid. 
Le matin, dans un aéroport quasi désert, à Madrid, pris le vol pour Paris. 

L’aéroport était un peu plus animé à Paris. J’ai même croisé un Saoudien habillé comme Raif Badawi dans l’une de ses photos préférées. Pareil. Même couleur. Tout! Je pensais à lui dans sa prison... 😥

Puis le vol Paris - Montréal. Sans voir ma famille qui vit à Paris. Ni ma sœur qui vit près de l’aéroport Charles-de-Gaulle CDG. 
C’est pas le moment de s’amuser en chemin, comme disent les Madelinots ou les Néo-Brunswikois.
Arrivée à Montréal le 30 juin 2020 en fin de journée, heure de Montréal.
Aéroport Paris CDG.
Enfin! Oui!



Même masquée comme toutes celles et ceux que j’ai rencontrés dans les rues de Malaga et de Madrid y compris dans les stations de train et dans les avions. 
Les hublots bleutés du Boeing spectaculaires. 
Fabuleuse compagnie aérienne Air France! Comme c’est magique de voyager avec cette compagnie. Prendre un Boeing 787 Dreamliner, c'est comme voyager au-dessus des nuages. 😉
Bien sûr, nous occupions un siège sur deux à moins de faire partie d'une même famille. 




Il y a eu pendant ces 4 mois, les grandes angoisses de tomber malade loin de chez soi, les nuits blanches, surtout lorsque mes amis espagnols m’annonçaient que nous ne serions pas soignées nous, les personnes de plus de 60 ou 65 ans. 
Il est clair qu’il y a pire comme confinement que celui d’observer les marées et les étoiles vues d'Andalousie. 
Ce qui a été le plus difficile c’est cet isolement stricte après une tentative d’obtenir un billet directement à l’aéroport à la fin du mois de mars. 
Merci du fond du cœur Steve Maman, vous savez, ce type qui sauve les Yazidis qui, vers le 17 mai, m’a envoyé un message privé me proposant d’utiliser ses points de voyage alors que le billet de retour était de 5848 euros. Steve, tu es l’ange gardien de beaucoup de personnes! Des Yazidis, de ta famille, de tes amies et amis.  Prends soin de toi aussi! 🙏😍
J’ai bien sûr refusé son offre au moment du pic de la crise.  
Et après avoir eu une longue conversation avec les représentants de l’ambassade et du consulat du Canada en Espagne, j’ai décidé d’attendre. D’être très prudente. 
Je remercie vraiment les gens du Consulat/Ambassade pour cette conversation rassurante que j’ai eue avec eux. 
Ils souhaitaient savoir si j’avais un problème quelconque... besoin d’un prêt pour un billet, santé, etc. C'était un homme. Il a été formidable! Dommage que je n’ai pas retenu son nom. Vraiment rassurant! Elle a même voulu savoir si je pouvais compter sur des amis. 
J’ai donc pris mon mal en patience. 
Un moment, j'ai pensé faire des reportages puis je me suis ravisée car je n'ai pas le droit de travailler en Espagne. 
C’était aussi plus prudent que je n’aille pas à Madrid pour les conférences de presse. 
À Montréal, la crise sanitaire débutait. 
J’ai eu pour grande compagne pendant 3 mois et demi, la mer et ses marées que j’ai étudiées bien attentivement. 
Il y a deux personnes, José et Emilia, très chères à mon cœur qui m’ont fait prendre 7 kg à force de me gaver des plats espagnols, plus délicieux les uns que les autres. 
Nous nous sommes confinés tous les trois, pendant 3 mois, enfin en respectant le mètre réglementaire à table... entrecoupé de 15 jours d’isolement après mon escapade à l’aéroport. Emília n’a pas abandonné de me faire découvrir «los platos de Sevilla, Córdoba, Valencia, Madrid... ». Elle me déposait des casseroles à la porte. 


Casserole de Cocido
à la porte sur un plateau que Emilia transportait
pendant mon isolement stricte. 
Inoubliables Émilia et José. Et les autres, Pedro, Salvador, Marián, Alfonso, Antonio, ... moments très spéciaux! Uniques! 
Et il y a eu Javier avec lequel je faisais un peu de sport tous les soirs de 19 h à 20 h 30. Cela consistait à arpenter la terrasse, tout en discutant sur Skype. Il habite à Albacete, nous avons même enregistré des poèmes moi en Espagnol,  et lui en français. Merci! 🙏💜🌈💙 Nous avons bien ri et fait un soir 6 km 1/2, notre maximum, sans nous en apercevoir. 
Imaginez le nombre d’allers et retours sur une terrasse de 3 mètres. 
Il y a eu aussi les retrouvailles avec mon amie ado, Simone Supino, avec laquelle je discutais par Messenger Facebook presque tous les jours. Nous nous sommes rattrapées... elle confinée en République dominicaine et moi en Espagne. Toutes deux en attente d’Air Transat. 
Et j’ai fini l’écriture de mon roman que j’ai même réécrit à la 1ère personne.
Le plus triste pendant cette période a été le moment de désespoir lorsque j’ai appris la mort de mon amie très chère, amie d’une vie, Jacqueline Aubry. 
À partir de cette journée, j’ai observé les étoiles tous les soirs pendant une demi-heure. Toujours à la même heure. J’attendais un signe d’elle. Je lui racontais les découvertes de ma journée. 
Nous sommes retrouvées, ses amies Lise Warden, Christianne Chaillé-Smarsh et moi, lorsque nous avons appris son décès. Et toutes et tous avons assisté via Zoom à un après-midi commémoration. C'était très touchant.
Il y a eu vous, amies et amis virtuels qui, jours après jours m’alimentaient. Vous vous reconnaîtrez toutes et tous ! 💙💜😍😉🙏
Á suivre dans la Voix sépharade où je tenterai de vous raconter le confinement sous un autre angle. 
Un retour alourdi par la perte de mon amie. 
Heureuse de me retrouver dans mon pays d’adoption.
J’en adopterai bien un autre ! 
L’Espagne! 

Ah j'oubliais! Encore un autre confinement. 
14 jours en arrivant... je dois lire la documentation donnée à l'aéroport. J'ai 14 ou 15 jours pour la lire... 
Ces dernières images de fin du monde de l’aéroport de Montréal. Vide!
Aéroport de Montréal en attendant les bagages.

Aéroport de Montréal Hall des arrivées. 

vendredi 19 juin 2020

Nous, les bons et eux, les méchants!

Pétage de coche!
Qu'est ce qui s'écrit comme inepties en ce moment sur le racisme systémique d'état, par des personnes intelligentes qui confondent tout : racisme systémique d'état, discrimination systémique, racisme tout court, discrimination, haine de l'autre, etc.
Et par d'autres comme Jagmeet Singh, qui se font du capital politique en tentant de polariser.
Nous les bons, eux les méchants.
Le Premier ministre, François Legault, a eu l'intelligence et la présence d'esprit de rapidement présenter des solutions pour contrer le racisme et ne pas vouloir entrer dans la polémique tant aimée des personnes qui n'attendent que cela pour pointer du doigt et accuser les Québécois de racisme. Alors qu'ils se disent eux mêmes Québécois.
Mais attention, disent-ils, il y a nous et les autres et on ne mélange pas les serviettes et les torchons.
Je vais vous raconter quelques anecdotes puisqu’il est de bon ton de raconter une anecdote sur les médias sociaux et de conclure au racisme systémique d'état prouvé par l'exemple présenté.
Je suis de culture juive - je fais la nuance car je ne pratique pas ou si peu... avec mon père pour lui faire plaisir parfois et moins souvent que plus - et j'en ai entendu des vertes et des pas mûres partout dans le monde.
Un jour, à Paris, un homme m'a bousculée en me criant dans la rue comme ça gratuitement : sale beur, retourne dans ton pays! ! Ce qui veut dire sale arabe! Je rappelle que je suis juive.
Une autre fois, en Slovaquie, à Bratislava, le leader Tchétchène qui participait à une conférence sur les droits de l'homme, à laquelle je participais aussi, à qui j'avais proposé mon bras pour l'aider à remonter la côte au bord du Danube parce qu'il était trop saoul et qu'il pouvait tomber dans la rivière. Il m'a répondu: ne me touche pas Gitane ! Tes cheveux frisés de gitane sont horribles! Ne me touche pas. Ne me touche pas toi sale Gitane! Le lendemain, je lui ai mentionné ce qui s'était passé et il a nié en prenant les personnes autour comme témoins alors que justement ces personnes avaient assisté à la scène. Ils n'ont rien dit. C'est le chef après tout. Je rappelle ici que je suis juive!
Je continue, un jour au Maroc, un homme à Marrakech m'a répondu en arabe... toi la sale Casablancaise qui parle l'arabe avec un accent français. Viens voir par ici, j'ai deux mots à te dire, tu vas arrêter de nous snober! Je rappelle que j'ai quitté le Maroc jeune et que je parle l'arabe avec un accent français. Je ne me suis pas offensée et comme je connais bien la culture, nous avons fini par un dialogue autour d'un verre de thé.
Je pourrais poursuivre ainsi car des anecdotes d'ostracisme et de bêtises, je pourrais vous en servir toute une collection.
Je vais continuer encore un peu pour que ce soit plus clair. J'ai voulu faire une série de reportages sur les Juifs hassidiques et ceux de Saint-Agathe. Lorsque j'ai rencontré les rabbins, ils ne voulaient pas me regarder. Ils répondaient à mes questions en regardant le mur en face d'eux. Je rappelle que non seulement je suis juive mais mon arrière grand-père était un grand rabbin à Jérusalem. Une rue porte son nom et il a écrit des livres sur le dialogue des cultures précisément, je l'ai appris il n'y a pas longtemps à Cordoue.
Pour poursuivre dans la même veine, j'ai travaillé dans une université et j'ai contribué à l'essor comme directrice des relations gouvernementales et affaires publiques avec des projets qui ont apporté des millions à l'institution. Un personne juive ashkénaze est devenue mon patron. Il ne pouvait décemment pas travailler avec une juive sépharade qui défendait autant Israël que la Palestine et qui souhaitait que les deux se reconnaissent et s'entendent une fois pour toutes. Et qui défendait les étudiants juifs autant que les étudiants palestiniens qui voulaient exprimer par des expositions d'art, leurs détresses ou leur compréhension du conflit israelo-palestinien.
Ah! Encore une petite pour la route ! Au CEGEP Saint-Laurent, il y avait un type qui ne cessait de me répéter quand je parlais... veux-tu ben nous lâcher avec ton ostie d'accent supérieur français de France !
Je pourrais continuer indéfiniment. J'en ai rempli plein les poches!
Ah! peut être une dernière. Je ne pouvais pas me présenter comme candidate en politique dans une circonscription car UNE ou DEUX personnes de l'exécutif étaient contre le fait qu'une femme qui défende Israël puisse se présenter. Et une juive de surcroit. Je me suis retirée sans faire de vagues.
Je crois bien qu'il ne s'est pas passé un jour dans ma vie sans que des réflexions désobligeantes, des expressions racistes, de mépris, pour mes cheveux frisés (bien sûr cheveux crépus de nègre, on me l'a dit tant de fois ou alors gitane), pour le Maroc, pour les Juifs, pour Israël, pour les Palestiniens, pour l'accent français, pour les souverainistes racistes, pour ma manière de parler avec les mains si méditerranéenne, par un type - esprit de clocher de Québec, la ville, etc.
Donc d'un côté, je suis juive et ça ne va pas, je défends les Palestiniens et ça ne va pas. De l'autre, je défends Israël et ça ne va pas. Je défends le Québec et ça ne va pas. Je parle avec un certain accent français qui ne m'a jamais vraiment quitté et ça ne va pas. J'ai les cheveux frisés et ça ne va pas!
Tous ces signes distinctifs dérangent. Mais ils dérangent qui?
Ils dérangent les incultes, les racistes qui, en s'exprimant, démontrent leur ignorance.
Vous savez pourquoi ça les dérange, parce que de nombreux êtres humains sont ainsi!
Ils critiquent, ils ont des opinions, ils analysent au ras les pâquerettes, ou alors ils expriment leur racisme tout haut, ou bien, ils émettent des opinions idiotes parce que leur grille d'analyse est bien pauvre et faible.
TOUTES ET TOUS SONT PEUT ÊTRE DES RACISTES À PLUS OU MOINS GRAND NIVEAU !
MAIS UNE CHOSE EST CERTAINE:
Une certaine forme de racisme existe PARTOUT dans le monde ! Elle s'exprime différemment selon les pays, les us et les coutumes.
La forme la plus haute du racisme systémique d'état a été démontrée pendant la Seconde guerre mondiale contre les Juifs, les Gitans, les homosexuels, les bruns, les noirs, etc. par les Nazis.
C'est cela le racisme systémique d'état. Un véritable système d'état mis en place!
À ne pas confondre avec le rejet de la différence car c'est ce qui se passe tous les jours. Partout!
LE REJET DE LA DIFFÉRENCE! ET CE REJET ENTRAINE LA PEUR DE LA DIFFÉRENCE DE L'AUTRE ! Je ne suis pas certaine que si nous nous ressemblions toutes et tous et que nous nous regardions dans un miroir, nous nous trouverions toutes et tous beaux parce que pareils?

Qui a déjà dit: quand je te vois, je me hais... Claude Berri peut être?
Quel est donc l'intérêt de se ressembler et de niveler pour ne plus qu'il y ait de reliefs ?