lundi 14 février 2011

QUAND LES HOMMES VIVRONT D'AMOUR


14 Fév 2011

Les Artistes pour la paix
Prix hommage à Raymond Lévesque et Artiste 2010 pour la paix : 
Pascale Montpetit présentée par Dany Laferrière.

  Par Èvelyne Abitbol

Comment mieux célébrer un 14 février sinon en rendant hommage à celui 
qui incarne l’amour, la paix et l’harmonie entre les Hommes, 
celui qui est source d'inspiration pour le peuple québécois;  le poète, 
auteur-compositeur-interprète, mais également comédien au théâtre et au cinéma, monologuiste, pamphlétaire, romancier et auteur de théâtre : 

Raymond Lévesque.


Quand l’animateur a ouvert la cérémonie par cette boutade : avant d'être une fête du chocolat 
et des chandelles imposées, la Saint-Valentin, c’est d’abord une célébration de l’amour 
et de la remise, chaque année, du prix: Artiste pour la paix. Le ton 
de la matinée émouvante que nous allions vivre, était donné, 
dans la Chapelle du Bon Pasteur à Montréal, 
cérémonie organisée par les Artistes pour la paix.

Simple et touchante comme l’homme. 

Non seulement un hommage était rendu à Raymond Lévesque, auteur d’une des plus 

belles chansons jamais écrites sur la paix et l’amour mais la co-animatrice, 
Hélène Beauchamp a rappelé l’admiration que lui vouait 
le regretté Bruno Roy, directeur de l’Union des Écrivains québécois, 
en citant largement le texte que ce dernier avait écrit 
à propos du « troubadour du monde ouvrier ».
                                                                                 

Après lecture de quelques-uns de ses textes phares par des comédiens: Incognito, la vice, etc. 
Marie Marine, fille de Raymond Lévesque a chanté : « Quand les Hommes vivront d’amour » 
et l’ « Héritage humain ,  sur le grand livre de nos connaissances qui a le poids de l'existence 
pour mettre la main á la roue… ami c'est un peu de moi, c'est un peu de toi ». 
 Raymond Lévesque, 82 ans, s’est emparé du micro pour nous raconter les guerres. 

Celles qu’il a vécu de près ou de loin. Homme de cœur, imprégné d’un grand sens 
de la justice avec pour bagage ses 60 ans de carrière.

S’il avait eu le temps, il nous aurait parlé « des mensonges, de tous les mensonges. » 

Les mensonges auxquels il fait référence sont ceux qui sont servis à ces soldats qui partent 
pour la guerre, se faire tuer sous prétexte de servir le drapeau ou la nation.

Pour Raymond Lévesque, nul n’est tenu de servir la guerre.
« Tout est une question de politique et il n'y a pas et n’existe pas de solution politique. 

La solution vient du cœur. Il n'y a pas de système quand le cœur n'y est pas. … 
après tout l'engagement politique tient à bien peu de chose. C'est… ne pas être indifférent. »


Ses propos? Il les illustre à coups d’anecdotes sur la guerre qu’il a connue : celle de 39-45. 

À Québec d’abord, de l’Ile d’Orléans à Sainte-Pétronille, lorsque ses parents ont appris 
le « débarquement des Allemands à Québec » et lorsque ces derniers accompagnés 
de dizaines d’autres recherchaient « rien de moins qu’un espion dans la ville de Québec.



Bien que je ne sais pas pourquoi, ils ne l’ont pas trouvé», ironise-t-il.
À Rimouski, lorsque les nouvelles annonçaient la présence 
de sous-marins allemands: 
« on fermait les lumières la nuit pour ne pas se faire repérer, 
les voitures étaient peintes en noir... Il restait un tout petit bout pour s'éclairer.»  

Lors de son passage en France, il a vécu pendant 5 ans, au moment de la guerre d’Algérie, 
« 7 ans de massacre qui ont divisé les Français, des gens courageux ».

La guerre d’Afghanistan, « la guerre la plus inutile qui soit. 
Plusieurs armées ont fait face à ce pays de montagnes ou le terrain 
est un des plus difficiles de la planète pour les soldats. 
« C’est pas battable ce territoire!… l’Afghanistan! … 
et ces morts à la guerre sont inutiles!… comme ont été inutiles 
les 53 000 jeunes américains mortspendant la guerre du Vietnam; 

ils sont tous allés se faire massacrer pour le drapeau, pour la patrie. La guerre, 
ça concerne les militaires de carrière. Pas les jeunes de 18 ans. 
Il faut dénoncer les mensonges, affirme-t-il à nouveau d’une voix grave. 
Si j'avais plus de temps, insiste-t-il, je vous parlerai de tous les autres mensonges… 

Je vous remercie beaucoup pour cette belle récompense. »                                                                           



Autre surprise de la cérémonie, Dany Laferrière, écrivain et poète québécois d’origine haitienne, 
prix Médicis, venu présenter la lauréate du prix qui honore l’artiste pour la paix 2010 :


"Ce n'est pas d'elle dont je vous parlerai mais de toutes les autres qui sont en elle. 

Elle a beaucoup de poésie en elle. Elle attrape, elle capte les sons... 

Elle aurait pu écrire un livre en citations car tous les auteurs, les poètes sont en elle. 
Elle est intéressée par le genre humain, ouverte et bondissante de joie, 
elle est magnifique! C'est Pascale Montpetit. »

   

« La flamme du pilote de gaz dans un poêle toujours allumé! », C’est ainsi que Pascale Montpetit 
perçoit la paix.

Une citation d’auteurs ou une anecdote pour nous convaincre que ça vaut 
le coup de tenter l’aventure humaine, pour susciter des rencontres de tableaux, de textes, 
de gens, etc.: de Paul Newman qui n’a pas perdu son cœur en jouant, en racontant 
la rencontre entre John Lennon et Yoko Ono dans une galerie d’art, 
« le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard », d’Aragon, celle d’Hubert Reeves volontairement optimiste, pour finir avec « au diable, la dépense, dit-elle (expression typiquement québécoise) et de Léon Tolstoï : la paix et la justice sociale, 
sans hâte et sans repos.

Un moment magique de grande tendresse. Une magnifique Saint-Valentin, 

fête des amoureux « dans la grande chaîne de la vie, pour qu'il y ait un meilleur temps… »!

CE TEXTE A ÉTÉ PUBLIÉ SUR LE BLOG DE JABIRU: L'OISEAU DES ILES