Ce texte a été envoyé aux médias traditionnels, La Presse, Le Journal de Montréal et le Devoir. Aucun des trois ne l'ont publié. Nous avons fini par le publier sur mon blogue alors qu'il avait été écrit au moment de l'attaque par le Hamas de leur propre hôpital à Gaza.
Le monde traverse une période trouble provoquée parl’attaque sanguinaire surprise du groupe terroriste palestinien Hamas, survenue le 7 octobre 2023, en Israël. Nous sommes conscients que le terrorisme de type djihadiste, qu’il soit du Hamas, de Daesh (du groupe terroriste État Islamique), du Hezbollah ou de toutes autres organisations sectaires du même type, mène à une impasse ontologique.
Radicalisation islamiste
À regret, mais avec lucidité, nous constatons qu’il y a une radicalisation islamiste qui tente de s’incruster ici-même à Montréal, au Québec et au Canada, particulièrement lors de certaines manifestations en soutien aux Palestiniens.
Sur l’épineuse question du conflit israélo-palestinien, le climat social semble être une source d’inquiétude propice à des dérapages qui vont bien au-delà des graffitis haineux. Ces derniers, nous ne les regardons plus. Nous en sommes témoins et nous le déplorons chaque jour davantage. La cause palestinienne ne doit surtout pas servir d’exutoire ou d’excuse à la haine dans notre démocratie libérale pluraliste.
Plus précisément à la haine larvée contre les Juifs en prenant pour prétexte l’antisionisme alors que l’effroi et la terreur qui ont précédé les massacres en Israël ont été à l’image même des premiers pogroms du début de la Seconde guerre mondiale où l’antisémitisme avait atteint son paroxysme.
Rappelons simplement que la Charte du Hamas appelle clairement à la destruction de l’État d’Israël en instrumentalisant le fameux faux antijuif Protocoles des Sages de Sion pour galvaniser sa base, où antisionisme et antisémitisme, se confondent pour arriver à mettre en application l’anéantissement d’Israël et l’éradication des Juifs sur terre, conformément au dernier appel du chef de l’organisation terroriste du Hamas de son fief au Qatar.
Rupture pour Montréal ?
Nous pourrions essayer d’argumenter un peu plus sur le développement de l’idéologie islamiste qui peut déborder dans une hostilité aux communautés LGBT et aux droits des femmes. Or, ce qui nous préoccupe et qui devrait en préoccuper plus d’un, c’est que nous vivons dans une ville accueillante qui est maintenant profondément en deuil et qui contient en développement, des éléments propices à la terreur.
Le monde regarde Montréal et le Québec comme des lieux où il fait bon vivre. Nous sommes des témoins navrés qu’une rupture évidente a eu lieu lors des premières heures qui ont suivi l’effroi par des manifestions anti-Israël des derniers jours où le massacre de civils, massacre ciblant activement des innocents, a été célébré.
Le droit des Palestiniens
Il n’est pas question de condamner en bloc tous ceux qui veulent défendre les droits des Palestiniens lors d’une manifestation pacifique à Montréal. Cependant, il y a une ligne rouge à ne pas franchir, par exemple les appels à l’intifada - violence armée - contre des Juifs. Notre tissu social a été entaché par des discours haineux de nature profondément étrangères à nos valeurs.
Dès les premières heures qui ont suivi le massacre de civils en Israël, les réseaux sociaux du monde entier se sont déchainés et les appels au soutien aux Palestiniens, sans tenir compte du fait que ces soutiens étaient interprétés comme des soutiens au Hamas, ont déferlé, enflammés parceux des élus et des officiels.
Or, ces appels n’étaient pas des cris pour le soutien au peuple palestinien et fort heureusement, nombre de musulmans de Montréal l’ont compris. Ces cris étaient dirigés pour soutenir le massacre qui a eu lieu simultanément dans la fête rave ou des milliers de jeunes de toute confession s’étaient réunis pour la paix et danser pour la Simha Torah, et dans les kibboutz de Réïm, de Be’eri et de Kfar où des centaines de familles, femmes et enfants enlacés, bébés et vieillards ont été massacrés, violés, brûlés vifs, démembrés ou pris en otage vers Gaza.
Ces otages servant de boucliers humains comme par ailleurs la population civile palestinienne elle-même d’où sont envoyés les roquettes, les écoles, les hôpitaux et autres infrastructures connexes.
Nous sommes témoins que des citoyens montréalais cèdent à la propagande antisioniste, antisémite, anti-Israël et descendent dans les rues allant jusqu’à scander « Israëlterroriste ». Ce ne sont pas des géopoliticiens ni des experts du Moyen-Orient, ni même des élus. Ce qui est inacceptable voire extrêmement irresponsable est que la mairesse de la ville, Valerie Plante, jette de l’huile sur le feu en ne nommant pas les choses par leurs noms ou en cédant à la désinformation.
Dès les premières heures du massacre, elle écrivait :
L’Organisation des Nations-Unies, l’Union Européenne, pour ne nommer que ces organismes ou les pays tels que les États-Unis, le Canada, etc. ont clairement identifié, le Hamas, organisation terroriste. Mais pour la mairesse de Montréal, c’est une organisation militaire qui a attaqué Israël !
Non contente de mal nommer les choses, elle n’a exprimé aucun mot de compassion ni de soutien envers le massacre de civils israéliens, alors qu’Israël n’avait pas même encore riposté au carnage innommable qui a eu lieu sur son territoire. Elle rajoutait dans le même tweet ou X envoyer sa solidarité aux populations israéliennes et palestiniennes les mettant sur le même plan de terreur.
Et pour poursuivre sur sa lancée de mal nommer les choses et de céder à la propagande du Hamas, elle s’empressait, il y a quatre jours de Twitter (ou de Xer) en condamnantIsraël pour l’attaque sur l’hôpital Al-Ahli Arab à Gaza alors que quelques heures plus tard, la source de cette attaque a été démentie avec preuves visuelles et sonores par Israël, par le Pentagone, par le Canada… et par les médias éthiquement responsables. Il en reste!
La mairesse de Montréal n’a pas même eu la décence d’effacer ses erreurs fondamentales. Elle a persisté et signé, si bien que des manifestants rencontrés mentionnait « même la mairesse de Montréal est avec nous. »
Il y a des bévues qui contribuent à alimenter la haine antisémite sous couvert d’antisionisme sans tenir compte de la concorde entre les citoyens.
Ces dérapages imposent un sérieux examen de consciencedoublé d’une connaissance approfondie de l’histoire. À la Ville, il y a lieu de revoir les paramètres décisionnels et communicationnels pour offrir une sécurité et une cohabitation pacifique de TOUS les citoyens de Montréal.
Cette lutte contre le Hamas est une lutte contre les terroristes partout où ils se terrent dans le monde. Le terrorisme sévit à l’échelle internationale, il n’est pas réduit au Moyen-Orient.
Pour notre bien commun, il est crucial de bien nommer les choses, de condamner et de cesser de faire l’apologie de la terreur en cédant à des propagandes douteuses.
Signatures :
Évelyne Abitbol, ex-conseillère spéciale à la diversité - Assemblée nationale du Québec.
Pierre Brassard, écrivain
Jacques Brassard, ex-ministre du Parti Québécois
Natania Étienne, écrivaine et enseignante
Luc Granger, Ph.D, Professeur émérite, Département de psychologie, Université de Montréal
Frederic Grenier, Politologue
Léon Ouaknine, Essayiste, ex-membre du Conseil interculturel de Montréal