mardi 7 novembre 2023

La Haine des Juifs tout court !

Ce texte a été envoyé aux médias traditionnels, La Presse, Le Journal de Montréal et le Devoir. Aucun des trois ne l'ont publié. Nous avons fini par le publier sur mon blogue alors qu'il avait été écrit au moment de l'attaque par le Hamas de leur propre hôpital à Gaza. 

Le monde traverse une période trouble provoquée parl’attaque sanguinaire surprise du groupe terroriste palestinien Hamas, survenue le 7 octobre 2023, en IsraëlNous sommes conscients que le terrorisme de type djihadiste, qu’il soit du Hamas, de Daesh (du groupe terroriste État Islamique)du Hezbollah ou de toutes autres organisations sectaires du même type, mène à une impasse ontologique. 

Radicalisation islamiste

À regret, mais avec lucidité, nous constatons qu’il y a une radicalisation islamiste qui tente de s’incruster ici-même à Montréal, au Québec et au Canada, particulièrement lors de certaines manifestations en soutien aux Palestiniens. 

 

Sur l’épineuse question du conflit israélo-palestinien, le climat social semble être une source d’inquiétude propice à des dérapages qui vont bien au-delà des graffitis haineux. Ces derniers, nous ne les regardons plus. Nous en sommes témoins et nous le déplorons chaque jour davantage. La cause palestinienne ne doit surtout pas servir d’exutoire ou d’excuse à la haine dans notre démocratie libérale pluraliste. 

Plus précisément à la haine larvée contre les Juifs en prenant pour prétexte l’antisionisme alors que l’effroi et la terreur qui ont précédé les massacres en Israël ont été à l’image même des premiers pogroms du début de la Seconde guerre mondiale où l’antisémitisme avait atteint son paroxysme.

Rappelons simplement que la Charte du Hamas appelle clairement à la destruction de l’État d’Israël en instrumentalisant le fameux faux antijuif Protocoles des Sages de Sion pour galvaniser sa base, où antisionisme et antisémitisme, sconfondent pour arriver à mettre en application l’anéantissement d’Israël et l’éradication des Juifs sur terreconformément au dernier appel du chef de l’organisation terroriste du Hamas de son fief au Qatar.

Rupture pour Montréal ? 

Nous pourrions essayer d’argumenter un peu plus sur le développement de l’idéologie islamiste qui peut déborder dans une hostilité aux communautés LGBT et aux droits des femmesOr, ce qui nous préoccupe et qui devrait en préoccuper plus d’un, c’est que nous vivons dans une ville accueillante qui est maintenant profondément en deuil et qui contient en développement, des éléments propices à la terreur.

Le monde regarde Montréal et le Québec comme des lieux où il fait bon vivreNous sommes des témoins navrés qu’une rupture évidente a eu lieu lors des premières heures qui ont suivi l’effroi par des manifestions anti-Israël des derniers jours où le massacre de civils, massacre ciblant activement des innocentsa été célébré. 

Le droit des Palestiniens

Il n’est pas question de condamner en bloc tous ceux qui veulent défendre les droits des Palestiniens lors d’une manifestation pacifique à Montréal. Cependantil y a une ligne rouge à ne pas franchir, par exemple les appels à l’intifada violence armée - contre des Juifs. Notre tissu social a été entaché par des discours haineux de nature profondément étrangères à nos valeurs. 

Dès les premières heures qui ont suivi le massacre de civils en Israël, les réseaux sociaux du monde entier se sont déchainés et les appels au soutien aux Palestiniens, sans tenir compte du fait que ces soutiens étaient interprétés comme des soutiens au Hamas, ont déferlé, enflammés parceux des élus et des officiels. 

Or, ces appels n’étaient pas des cris pour le soutien au peuple palestinien et fort heureusement, nombre de musulmans de Montréal l’ont compris. Ces cris étaient dirigés pour soutenir le massacre qui a eu lieu simultanément dans la fête rave ou des milliers de jeunes de toute confession s’étaient réunis pour la paix et danser pour la Simha Torah, et dans les kibboutz de Réïm, de Be’eri et de Kfar où des centaines de familles, femmes et enfants enlacés, bébés et vieillards ont été massacrés, violés, brûlés vifs, démembrés ou pris en otage vers Gaza.



Ces otages servant de boucliers humains comme par ailleurs la population civile palestinienne elle-même d’où sont envoyés les roquettes, les écoles, les hôpitaux et autres infrastructures connexes

Nous sommes témoins que des citoyens montréalais cèdent à la propagande antisioniste, antisémite, anti-Israël et descendent dans les rues allant jusqu’à scander « Israëlterroriste ». Ce ne sont pas des géopoliticiens ni des experts du Moyen-Orient, ni même des élus. Ce qui est inacceptable voire extrêmement irresponsable est que la mairesse de la ville, Valerie Plante, jette de l’huile sur le feu en ne nommant pas les choses par leurs noms ou en cédant à la désinformation. 

Dès les premières heures du massacre, elle écrivait :

 

L’Organisation des Nations-Unies, l’Union Européennepour ne nommer que ces organismes ou les pays tels que les États-Unisle Canada, etc. ont clairement identifié, le Hamas, organisation terroriste. Mais pour la mairesse de Montréal, c’est une organisation militaire qui a attaqué Israël 

 

Non contente de mal nommer les choses, elle n’a exprimé aucun mot de compassion ni de soutien envers le massacre de civils israéliens, alors qu’Israël n’avait pas même encore riposté au carnage innommable qui a eu lieu sur son territoire. Elle rajoutait dans le même tweet ou X envoyer sa solidarité aux populations israéliennes et palestiniennes les mettant sur le même plan de terreur.

 

Et pour poursuivre sur sa lancée de mal nommer les choses et de céder à la propagande du Hamas, elle s’empressait, il y a quatre jours de Twitter (ou de Xer) en condamnantIsraël pour l’attaque sur l’hôpital Al-Ahli Arab à Gaza alors que quelques heures plus tard, la source de cette attaque a été démentie avec preuves visuelles et sonores par Israël, par le Pentagone, par le Canada et par les médias éthiquement responsables. Il en reste!

 

La mairesse de Montréal n’a pas même eu la décence d’effacer ses erreurs fondamentales. Elle a persisté et signé, si bien que des manifestants rencontrés mentionnait « même la mairesse de Montréal est avec nous. » 

 

Il y a des bévues qui contribuent à alimenter la haine antisémite sous couvert d’antisionisme sans tenir compte de la concorde entre les citoyens. 

 

Ces dérapages imposent un sérieux examen de consciencedoublé d’une connaissance approfondie de l’histoireÀ la Ville, il y a lieu de revoir les paramètres décisionnels et communicationnels pour offrir une sécurité et une cohabitation pacifique de TOUS les citoyens de Montréal.

 

Cette lutte contre le Hamas est une lutte contre les terroristes partout où ils se terrent dans le monde. Le terrorisme sévit à l’échelle internationale, il n’est pas réduit au Moyen-Orient. 

 

Pour notre bien commun, il est crucial de bien nommer les choses, de condamner et de cesser de faire l’apologie de la terreur en cédant à des propagandes douteuses.  

 

Signatures :

Évelyne Abitbol, ex-conseillère spéciale à la diversité Assemblée nationale du Québec.

Pierre Brassard, écrivain

Jacques Brassard, ex-ministre du Parti Québécois

Natania Étienne, écrivaine et enseignante

Luc Granger, Ph.DProfesseur émériteDépartement de psychologieUniversité de Montréal

Frederic GrenierPolitologue

Léon Ouaknine, Essayiste, ex-membre du Conseil interculturel de Montréal

lundi 6 novembre 2023

Je suis juive

 Parce que les Juifs respectent leurs morts et leurs familles , ne veulent pas les exhiber, aussi peu de vidéos ont circulé et ont été diffusées de l’horreur et des massacres que les animaux sauvages ont provoqués. Nous, les journalistes en avons reçu, vu, visionné depuis des semaines. 

Peu d’humains, mais le sont-ils ? 

Peu d’humains peuvent commettre ce type de crimes à froid. Seules des têtes brûlées, malades, entraînées, embrigadées, endoctrinées sont capables de tels actes. 

Et vous, manifestants, vous appuyez de tels actes et êtes prêts à lyncher un homme qui tient une pancarte dans vos manifestations pour dénoncer le Hamas comme organisation terroriste afin de soutenir réellement les Gazaouis. Ouvrez les yeux! Les Palestiniens ont besoin de votre lucidité pas de votre aveuglement dogmatique et de votre défoulement collectif. 

Berlin 1938 

Des milliers de gens pour soutenir les nazis, la haine déchaînée, comme en ce moment, avaient défilé dans les rues de Berlin en 1938, avant la seconde guerre mondiale qui a entraîné la mort de 6 millions de juifs et 60 millions de pertes humaines collatérales à travers le monde. 

Avaient-ils raison ? L’histoire nous a démontré l’inverse. 

Voici une courte vidéo éditée et raccourcie (sur Twitter ou X) pour ne pas souiller une deuxième fois les cadavres, protéger les parents, familles et amis comme le veut la culture juive. Accrochez-vous et cessez de céder à la propagande islamiste. 

La barbarie a déjà commencé ailleurs qu’en Israël. Qu’il soit affichée ou non, 

l’antisémitisme a toujours existé et existera toujours. Malheureusement. C’est ainsi. Nous les Juifs vivons avec. 

Posez-vous la question de ce qui motive vos rassemblements? Vos problèmes économiques? L’endoctrinement? Vos croyances religieuses? De mauvaises interprétations des livres? Votre religion? Votre radicalisation ? Alors que vous vivez dans un pays démocratique où les institutions publiques organisées vous protègent. Manifestants pour soutenir le Hamas, vous êtes le déshonneur de votre pays et les autres, immigrants et enfants d’immigrants, vous déshonorez les pays qui vous ont accueillis pour que vous, parents, et vos enfants aient un meilleur avenir que le vôtre.

Traduisez le texte qui accompagne cette vidéo (sur Twitter ou X). 

Si votre humanité n’est pas interpelée alors VOUS ÊTES PARTIE PRENANTE DU MASSACRE.

https://x.com/evelyneabitbol/status/1721130808717479975?s=61&t=iq1pmWn4oTTTjUAqdHLodA




vendredi 3 novembre 2023

Nous ou Eux

 Comme il ne sert à rien d’envoyer des lettres aux journaux lorsque l’on défend Israël ou que l’on défende une certaine paix…

J’ai vu passer une affiche qui disait à peu près ceci: VOUS SAVEZ POURQUOI VOS AMIS JUIFS INONDENT LES MÉDIAS SOCIAUX DE MESSAGES ET DE PHOTOS? PARCE QU’IL Y A 80 ANS, ILS SE SONT TUS! 

 J’écris depuis 1 an la vie de ma grand-mère juive palestinienne que je n’ai jamais connue. Née à Jérusalem en 1892, retournée dans sa ville natale, dans sa maison retrouvée, qui avait été sauvagement subtilisée par les arabes à la mort de son père rabbin. Je pense à elle, seule, morte loin de la famille, et enterrée à Jérusalem en 1962. 

Depuis le 7 octobre 2023, je n’ai pas écrit une ligne sur elle. Je suis attristée, émue, dégoûtée, profondément heurtée par certains commentaires de soi disants amis… par le silence d’autres, par les amis des terroristes conscients et inconscients, je pense au pogrom du 7 octobre 2023, aux familles, aux mères, aux femmes, aux pères, aux hommes, aux enfants, aux bébés assassinés, aux vieillards, aux otages, aux familles endeuillées, aux membres de ma famille au front, au pays meurtri et aux boucliers humains gazaouis. 

Je pense à ce petit pays, Israël, encerclé par les pays arabes, je pense à ses soldats qui défendent la nation en même temps qu’ils sont le rempart pour la menace réelle qui pèse sur les pays occidentaux. Je paralyse. Je ne parviens pas à écrire une ligne de plus des 131 pages sur l’exode de ma grand-mère juive palestinienne qui avait fui les violences près de la porte de Damas à Jérusalem pour se retrouver en exil au Maroc en 1902. 

Message aux terroristes: renvoyez les otages chez eux. Ils ne sont plus monnaie d’échange ni boucliers humains. Ils sont votre porte de salut. Votre image reluira à nouveau et les millions des Nations-Unis, d’Amnistie, etc. recommenceront à pleuvoir dans vos comptes bancaires. Vous aurez encore réussi à passer pour des victimes. 

Ce qui se joue en Israël aujourd’hui, c’est nous ou eux! Aussi simple que cela! 

Et lorsque j’écris Nous, ce n’est pas uniquement aux Juifs que je m’adresse. 





mercredi 6 septembre 2023

Le Tango de Montréal


  
Un jour de l’été 2022, je passais par le cordonnier de la rue Saint-Cuthbert et Saint-Laurent à Montréal lorsqu’une femme m’interpelle. Immédiatement, je reconnus la voix et surtout l’accent argentin de Laura Eva Steinmander, que je n’avais pas revue depuis plus de 15 ans. Laura, c’est avec Paul, la Tangueria de Montréal. 
 
L’ivresse des allers-retours
Nous nous sautons dans les bras, « un abrazo fuerte como en el tango ». Et comme sait si bien le faire Laura, directement, elle me demande pour quelle raison je ne danse plus le tango. Je lui explique mon remplacement complet du genou, il y a 10 ans, et mes craintes de me retrouver sur la piste de danse avec ce que je pensais être un handicap. Elle me rassure et insiste que je devrais recommencer. 
 
Je me rends à la tangueria à Montréal la semaine suivante avant d’aller passer l’hiver en Espagne. Un homme m’invite à danser et dès le 4e pas, m’abandonne sur la piste en me disant :
« C’est pas vrai que je vais me faire guider. »
 
J’ai quitté la Tangueria très vite. J’ai appris plus tard que le guideur en question était un cas problème, un peu beaucoup « starbé » et identifié comme tel par la communauté.
Car, disons-le franchement, le milieu de tango est un microcosme de notre société. Toutes les personnalités s’y retrouvent représentées. Toutes, vraiment toutes ! Les pires comme les meilleures.
 
Mais Laura avait semé la graine dans mon cerveau. 
 
Grand retour au tango
Puis, au mois de janvier 2023, je me retrouvais par hasard grâce à un ami à qui je dois mon grand retour au tango, je lui suis d’ailleurs très reconnaissante, au Kimmy’s à Casablanca au Maroc dans une des soirées organisées par Simo. J’ai raconté ce retour réel au tango dans cet article consacré à Simo
En hommage également à mon père musicien qui jouait, pour les Américains à Casablanca, avec l'orchestre qu'il dirigeait le Blue Stars, au United Seamens Service (Seamens Club) Où je me retrouvais le lendemain de mon grand retour au tango avec la communauté tango de Casa. 

Puis, j’ai recommencé tranquillement à Malaga à reprendre confiance en mon genou, à mon équilibre grâce à Ennio Fioramonti à Cristiàn Petitto, à Berta Palacio Cambior et à Carolina Aguilar Saèz à qui j’ai consacré un article dans le Petit Journal Andalousie. Et à Montréal, grâce à mon premier prof de tango également danseur de flamenco, il y a 30 ans, avec lequel je retrouve ma confiance petit à petit, Bobby Thompson et à Andreas et Wolf Mercado de Mon Tango. Et disons-le grâce aux milongueros, comme les deux Gilles, qui invitent toutes les femmes à danser, les petites, les grosses, les grandes, les débutantes, les intermédiaires, les pros… Ils ne sont pas nombreux, mais il y en a. 
 
« On voit à la démarche de chacun s’il a trouvé sa route, l’homme qui s’approche du but ne marche plus, il danse. »   Friedrich Nietzsche 
 
Ainsi, de retour à Montréal, comme chaque année au mois de mai, j’ai tenté un retour vers les milongas. Bien sûr, en premier vers l’incontournable Tangueria, comme un grand retour à la maison dans la famille. J’écrirai plus tard à propos de la Tangueria ainsi que sur Mon Tango, car il y a tant à dire. 
 
Le Cosy – Le Bisou – Santiago et Missy
Ici, après ce long préambule, je vous parlerai du Cosy – Montréal ou plutôt du Bisou. 
Je m’y retrouvais un mardi soir sur l’indication d’un ami, Gilles, un des milongueros qui m’a beaucoup fait pratiquer. C’était dans une salle arrière sympathique cosy comme son nom l’indique. Puis la semaine suivante, toujours le mardi, nous nous retrouvions dans la grande salle en avant, dont le plancher avait été refait. C’est dans cette ambiance feutrée que j’ai eu la chance de pratiquer et de raffermir mes muscles pour mieux reprendre ma passion débutée à l’âge de 3 ans alors que mon père me trimballait petite fille, dans les bals à Casablanca, qu’il  m’installait assise sur le bord de la scène, mes jambes ne touchaient pas le sol. Plus tard, adolescente, c’était au bal du samedi soir à l’Alliance Française de Montréal qu’il m’amenait pour prendre goût à la musique et à la danse. 




 
Au Cosy, le premier soir, j’ai revu avec un immense plaisir Santiago. Et j’ai connu Missy, sa partenaire et amour qui partage sa vie. Je suis immédiatement tombée sous le charme.
 
Missy
Missy, c’est le genre de femme qu’il est impossible de ne pas remarquer. Son regard pétillant, son accent bulgare si charmant, happe notre attention. Missy, c’est la partenaire de vie de Santiago, de l’Académie de tango de Montréal, développeure en informatique de formation et de métier. Je l’ai rencontrée un après-midi du mois d’août pour parler de sa passion pour le tango. 
Non pardon, de « son besoin du tango » selon ses propres mots. Lorsqu’elle ne danse pas pendant un certain temps, il lui faut se retrouver vite dans les bras d’un partenaire de danse. C’est un besoin viscéral. Elle m’a raconté sa participation et son expérience à TVA le 14 novembre 2021 à l’émission Révolution. Les conditions de tournage l’ont marquée car elles se déroulaient pendant la Covid. Ce qu’elle en a retenu, c’est de se retrouver en compétition dans une épreuve ultime en demi-finale avec des danseurs de haut-niveaux. Missy connaît l’impact de la télévision puisque 2 ans plus tard, les gens lui parlent encore de sa performance à l’émission de TVA.
 
Dans le tango, dit-elle, il y a les codes qu’elle n’apprécie pas toujours en femme authentique et directe qu’elle est. Les masques ne sont pas pour elle. Et dans le tango, il y a aussi, ces masques incontournables qu’elle préfère outrepasser en femme au regard rieur sur les choses de la vie. Elle sait qu’en toute personne il y a un bon côté à découvrir et qu’aussi étonnant que ça puisse paraître, le tango fait émerger d’après Missy les blessures de l’enfance, les défauts comme les qualités d’une personne. 
 
 « Si je sens le masque d’une personne, je vais persister et persister jusqu’à ce que cette personne me montre son vrai visage, la véritable personne qu’elle est, et si je la lâche c’est que la personne qu’elle est véritablement ne m’intéresse pas. Le tango dévoile les gens. » 



 
« Nous pouvons discuter le tango et nous le discutons, mais il renferme, comme tout ce qui est authentique, un secret. » José Luis Borges
 
 
Santiago 
Santiago, lui c’est autre chose. Je le connais depuis au moins 30 ans et chaque fois que je le côtoie, j’ai l’impression qu’il va s’exprimer en « lunfardo » tout Argentin qu’il est. A cette époque, la première fois que je l’ai rencontré dans l’étroit corridor, à la porte de l’ancienne tangueria. Il arrivait d’une soirée Salsa, et, sans me connaître, me dit : comment on danse le tango, donne-moi le pas de base? Je m’exécutais pendant une dizaine de minutes puis je le laissais entrer dans l’antre de la Tangueria bondée, celle du boul. Saint-Laurent. 
 
Tous les chemins mènent au tango, y compris celui-là.
Cette soirée-là, je le vis s’assoir et passer toute la soirée à observer les pas des danseurs sur la piste. Il m’a raconté qu’après cette soirée, il a décidé de prendre des cours et intense comme lui seul peut l’être, s’est consacré à temps plein pendant deux semaines pour apprendre à danser avec Antonio Perras, alors que ce dernier lui mentionnait qu’il fallait 10 semaines pour apprendre et maitriser les pas. Il lui a acheté une trentaine de cours et à raison de deux heures par jour, il est arrivé à ses fins. Ce que l’amour peut vous faire faire dans la vie car, disons-le, c’est l’amour d’une femme et son désir de la conquérir par la danse qui a poussé Santiago vers le tango. 
 
Et ça lui a réussi puisqu’il a ouvert plusieurs lieux de tango à Montréal en créant l’Académie de tango. Et puis un jour, il a eu un accident devant l’Académie sur le boul. Saint-Laurent, une voiture l’a frappé. Depuis, et à cause de ses souffrances physiques, il dit avoir compris l’humilité dans la vie au contraire de l’arrogance. 


 
Nourrir le tango
Santiago n’a jamais abandonné le tango ni le tango ne l’a abandonné. Le tango ne disparait jamais lorsque vous l’avez rencontré dans votre vie. C’est aussi la danse qui ne disparaitra jamais dans le monde. Les autres danses disparaissent, selon les modes et les époques, mais jamais le tango. Il est toujours vivant dans toutes les communautés dans le monde et de manière régulière sans perte d’intérêt nulle part. 


Les instruments vivants se répondent
Puis au cours de notre rencontre, Santiago me demande de but en blanc si je comprends bien la musique de tango. Je lui réponds ce que mon père, musicien de tango, m’avait expliqué un jour : « Si tu aimes le tango, c’est parce que le rythme se compte comme les battements du cœur. »
 
Santiago et Wolf m’ont enseigné une autre manière d’analyser la musique. Celle d’y voir des instruments correspondant à l’homme et d’autres à la femme : 
 
« Le piano et la basse, ce sont les hommes, le violon et la flute représentent la femme et le bandonéon raconte l’histoire. Et, dans cette histoire que s’installe un respect : « 16 temps pour toi et 16 temps pour moi. » 
Ainsi dans les morceaux de musique, il y a l’expression de l’amour ou du désamour de la femme par l’homme et la réponse de la femme selon les instruments et les phrases musicales et contre-phrases.  Pour Santiago, l’exemple le plus parfait de ce dialogue passionnel qui s’installe entre les instruments ou entre l’homme et la femme, c’est le tango de Miguel Calò : « Que falta que me haces », dont les paroles ont été écrites après la mort de sa femme à qui il crie par le biais des instruments et qui ne lui répond pas.
 
Le tanguero et le milonguero
Et puis, après m’avoir fait écouter attentivement la musique pour déduire les dialogues entre les instruments, Santiago a défini un danseur traditionnel, ce qu’est un tanguero et un milonguero. À vous de vous définir selon les descriptions suivantes :
-       Le milonguero est celui qui sait extrêmement bien danser qui va entrer dans la milonga, un passionné. C’est celui qui arrive le premier ou presque. Il passe son temps à inviter à danser toutes les femmes seules, débutantes ou non, puis à la fin de la soirée, il est le dernier à partir si bien qu’il invite la femme de ménage à danser avec lui. Car ce qui lui importe le plus, c’est de danser. 
-       Le tanguero, lui est extrêmement arrogant. Il va s’assoir à une table tout seul, va se commander une bouteille au bar et attend, observe la salle, il commence sa recherche et identifie une bonne danseuse. Et il attend la bonne tanda, la sienne. Il restera assis 90 p. cent du temps. Puis, il se dirige finalement vers celle qu’il a identifié si elle est libre. Sinon, il retourne s’assoir. Il s’exécute avec son propre style, son langage et son identité. Et la salle admire le danseur qu’il est et son style. 
 
-       Pour la femme, c’est différent, selon Santiago. Comment sait-on qu’un homme est un bon danseur? C’est celui qui suit la femme. C’est celle qui donnera la réplique à l’homme par des pas bien exécutés, qui fera en sorte que le guideur se sente le meilleur guideur ou danseur du monde. Celui qui gère bien l’espace entre eux et dans la salle. Il y a dans cette explication un peu de la vraie vie, concernant les hommes et leur relation avec les femmes. Non? L’homme guide, fait son rôle de poteau mais va suivre également ce qu’il guide à la femme et sa manière de l’avoir interprété. 


Danser!
Le Bisou, le nouveau lieu de tango que Santiago a créé est l’ancien Cosy. Santiago explique que ce sont les danseurs et les habitués qui ont créé ce lieu et non pas lui. Chaque semaine, les danseurs, lui font des suggestions de décor et pendant la semaine il tente de les concrétiser. Le mardi soir, l’excellent Dj, Alexis Boileau, assure la musique, de la milonga au tango – valse au tango nuevo, il est attentif aux danseurs, aux habitués, Sarah, Sean, Geneviève, Leonardo, Madeleine, Gabriel, Marc, Nicole, Gilles, etc. et aux variations pendant la soirée. 
 
Ces racines qui dérangent
On dit que le Tango est né en Argentine. On dit qu’il serait né en Uruguay. On dit aussi qu’il serait né en Afrique et en Andalousie. On lui prête de nombreuses autres naissances à Paris et à Berlin. Une chose certaine, c’est que ce qui le fait vivre aujourd’hui, c’est la communauté internationale et celle bien vivante de Montréal. 
 
Où que vous alliez, à Montréal, Malaga, Berlin, Casablanca, Paris, Mexico, etc. Vous trouverez une communauté tango qui vous accueillera avec une pincée de culture du pays. 
 
Métissage ou non! 
 
« Ceux qui disent que vous ne pouvez pas danser le tango si vous n’êtes pas Argentin se trompent. Le Tango est une musique d’immigrants, il n’a pas de nationalité! » Carlos Gavito





Dimanche 1er octobre 2023, toute la communauté tango de Montréal se retrouvera au Club Espagnol du Québec, pour appuyer les grands-mères de la Place de mai à Buenos Aires qui sont toujours à la recherche de leurs enfants et petits-enfants disparus. Car la communauté tango c'est aussi une implication sociale.
Et ce sera en direct avec Buenos Aires. 












Le Bisou 1483, Avenue du Mont-Royal E suite 200, Montréal, QC H2J 1Z1 - +1 438-378-3571
 
La Bible du Tango
Le calendrier de tango en Amérique du Nord : Tango Express
 
Où danser le tango à Montréal , entre autres : 
-       La Tangueria
-       Mon tango
-       Grand studio de danse Laval 
-       Las piernas
 

samedi 17 juin 2023

Roger Ferber et ses chanteurs.

 


Hier soir, à la Place des Arts, dans cette charmante intimiste salle Claude-Léveillé, se sont succédés les élèves de Roger Ferber qui lui rendaient un hommage tant mérité. Vous dire les talents qui se sont succédés sur la scène sous le regard attentif du maître qui articulait silencieusement les paroles des chansons interprétées par les élèves de tout âge, aux voix si singulières. 



Chacun à leur manière nous a étonnés, impressionnés, ravis. Nous passions d’une émotion à une autre sans crier gare. De Brel à Broadway en passant par la Manic, par de nouvelles compositions ou par du fado. Le talent se succédait. J’ai découvert MKNR qui modulait sa voix de manière inattendue. Dans la salle, nous étions pendus à ses lèvres, à ses mots, à ses changements de ton… le talent à l’état pur! 

Sylvain Millette, nous a fait rire avec son whisky indispensable pour l’interprétation d’un blues et pour son passage à Broadway dansé et chanté. Il nous a transporté là-bas en quelques secondes. L’illusion était parfaite! Marya Santos. Que dire! Une voix limpide et forte, digne de son pays d’origine. Du fado au Temps des Fleurs en Portugais. 


Surveillez ces noms ! Car vous allez entendre parler d’eux sous peu, Mic Ledude, le compositeur et chanteur mélancolique qui a ouvert le spectacle prometteur, Anjo B. Arson, rigolote et sérieuse, Atuel Chertkoff, le benjamin à la voix grave et puissante, Timothy, professeur de piano et de sports, chanteur de charme à ses heures, Guy Blanchar qui a chaussé étonnamment avec brio les souliers de Brel, même si au début il a trébuché sur les paroles, il a eu le mérite de continuer et de nous étonner avec sa voix et son souffle développé depuis des années. 

Le talent émerge toujours, même si leur place n’est pas facile à s’installer. Je suis toujours étonnée que les journalistes culturels ne couvrent pas ce genre d’hommage organisé par des élèves prometteurs, rendu à des monuments du Québec. 


Car Roger ferber est un monument. Il a enseigné à des centaines de jeunes et vieux d’un continent à l’autre d’Europe au Nouveau monde. Connu ? Oui! Il l’est par ceux qui l’ont côtoyés et qui savent qu’il a fait, entre autres, la première partie du spectacle de Jacques Brel, l’homme de La Mancha, qu’il a bien connu Liza Minelli, et bien d’autres sommités.


Merci Roger Ferber d’avoir préparé autant de chanteuses et de chanteurs à nous ravir et à nous envoûter. Même si tu as tout perdu, ton appartement et tes souvenirs dans l’incendie du Monastère du Bon Pasteur puisque tu y habitais.


Nous avons vibré hier soir à l’unisson. 


Selon Rainer María Rilke, la musique « décompose » la réalité vécue pour la transformer en une vibration universelle rendant vaine toute volonté individuelle.






mardi 13 juin 2023

Rencontre avec les élèves de l'École de douar Shib à Marrakech

Rencontre avec les élèves de l'École de douar Shib à Marrakech

 

 

L’année dernière lors de mon passage au Maroc, à Marrakech, Mme Rabea Alaoui Bennouna, ambassadrice de bonne volonté du Cercle des diamants, m’amenait assister à un hommage rendu à M. Hubert sur le site de Atlas Kinder. Hommage que je décris ici : Être marocain, une expérience humaine. 

 

Pour donner suite à ma proposition d’enseigner le français et l’expression dramatique aux enfants des villages aux alentours de Marrakech, j’ai recontacté Mme Bennouna, qui m’a suggéré de venir au début du mois de mai enseigner à l’École Shib du douar du même nom, plutôt qu’à Atlas Kinder, car les enfants étaient en vacances.

 

Dès mon arrivée, le 6 mai, je ne pouvais pas croire qu’une école se trouvait au bout du chemin de terre que nous avions emprunté. Derrière de petites portes bleues, desquelles dépassait une petite éolienne/maison pour capter les mouvements du vent et fournir une énergie domestique avec un panneau solaire surélevé, se trouvait l’école Shib. 

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Photos album:


Mme Souriya Otmani, actuelle ambassadeure du Maroc au Canada, a envoyé des livres de sa collection personnelle pour alimenter la bibliothèque. M. Saâd Baddou également. 


Le tripoteur qui va de maison en maison pour changer les livres prêtés.



M. Saâd Baddou, Fondateur de l’association Aghbalou de Tamesloht, Mohamed Kaab, directeur de l’École, et quelques enfants de l’École Shib du Douar.



Derrière les salles de classe, les enfants ont organisé un jardin d’herbes identifiées sous la supervision de Mme Jihane Bejbouji, ingénieure - agronome de formation et de métier.