Cette lettre adressée à Mme Pascale Dery a pour but de sensibiliser la ministre de l'Éducation Supérieure du Québec de la dégradation de la recherche universitaire spécifiquement au sein des universités qui ont pris la décision de boycotter les universités Israéliennes.
Le Réseau des professeurs canadiens engagés (RPCE, neca-rpce.org) est consacré à la lutte contre l’antisémitisme sur les campus tout en s’engageant fermement en faveur d’une véritable équité, de l'inclusion et de la promotion de la liberté académique et de la diversité des points de vue. Les professeurs croient fermement que cette action aurait des effets néfastes sur plusieurs fronts.
Le RPCE est une organisation non partisane regroupant plusieurs centaines d'universitaires juifs et non juifs de 42 universités et collèges du Canada y compris du Québec.
204-78 George St Ottawa, Ontario K1N5W1 Canada
neca.rpce@gmail.com
Adressée à
Ministère de l'Enseignement supérieur
1035, rue de la Chevrotière, 16e étage Québec (Quebec)
G1R 5A5 Telephone: 418-781-6500
ministre_mes@mes.gouv.qc.ca
Le 14 juin 2024
Chère Ministre Pascale Déry,
Je vous écris aujourd'hui pour exprimer notre inquiétude profonde concernant les récents appels à la rupture des liens avec les universités israéliennes. En effet, certaines universités québécoises ont adopté ou envisagent d'adopter un boycott contre les institutions académiques israéliennes.
Par exemple, l’UQAM a signé un accord avec les occupants du campement demandant un cessez-le-feu sans condition menaçant ainsi la liberté académique en prenant une position politique.
De plus, des motions adoptées par des syndicats de professeurs, comme à l'Université de Montréal pour le boycott d’Israel et en faveur du mouvement BDS, un mouvement condamné par le parlement canadien en 2016, démontrent une tendance inquiétante.
En tant qu'organisation, le Réseau des professeurs canadiens engagés (RPCE, neca-rpce.org) est consacré à la lutte contre l’antisémitisme sur les campus tout en s’engageant fermement en faveur d’une véritable équité, de l'inclusion et de la promotion de la liberté académique et de la diversité des points de vue, nous croyons fermement que cette action aurait des effets néfastes sur plusieurs fronts. RPCE est une organisation non partisane regroupant plusieurs centaines d'universitaires juifs et non juifs de 42 universités et collèges du Canada y compris au Québec.
Nos membres sont préoccupés par l'augmentation de la haine, des préjugés et de la discrimination antijuifs sur les campus universitaires canadiens.
Permettez-nous de détailler nos préoccupations.
Premièrement, un principe fondamental de toute action en faveur des droits de l'homme est de respecter l'égalité de toutes les personnes. Le boycott des institutions israéliennes reconnaît clairement la souffrance des Palestiniens qui ne sont pas citoyens d'Israël mais ignore la souffrance des Palestiniens, citoyens Israéliens ainsi que celle des autres Israéliens.
Il ignore délibérément et de manière impensable les 1400 familles, hommes, femmes et enfants massacrés, brulés vif, violées et torturés par le Hamas le 7 octobre, ainsi que les centaines de civils incluant des bébés (9 mois), des enfants, des femmes et des personnes âgées cruellement arracher de leur maison et détenus en otage par le Hamas, torturés et violés, sans aucune information sur leur sort et sans aucun droit de visite ou intervention d'organisations comme la Croix-Rouge.
Ces otages, détenus depuis 245 jours, incluent des juifs Israéliens, des Arabes Palestiniens citoyens Israéliens ainsi que des citoyens Thaïlandais. Leurs familles vivent un calvaire continu, privées de nouvelles et d'espoir. Ignorer délibérément l'enlèvement et l’assassinat de citoyens israéliens ainsi que les crimes contre l’humanité commis jusqu’à ce jour par le Hamas contre la population civile israélienne, c'est ignorer les principes fondamentaux des droits de l'homme.
De plus, il est essentiel de noter que pendant les mois d'octobre, novembre et décembre, des centaines de milliers d’enfants israéliens ont été privés d'accès à l'éducation en raison des attaques et bombardements incessants de missiles par le Hamas sur les villes et villages israéliens visant à tués les civils israéliens incluant les enfants.
Ce n'est que l'entrée militaire des forces Israéliennes dans Gaza et la destruction des stocks de missiles du Hamas par Israël qui ont mis fin à cette privation d'accès ainsi qu'à un danger mortel constant et traumatisant. Aujourd'hui encore, plus de 80 000 Israéliens juifs et musulmans sont réfugiés dans leur propre pays, chassés de leurs communautés à la frontière nord d'Israël à la suite du péril imminent résultant des bombardements incessants du Hezbollah. Leurs enfants sont privés d'accès à l'éducation depuis des mois et traumatisés.
Des campus universitaires israéliens comme le College Tel-Hai ont été contraints d’évacuer et de fermer, et des campus comme celui de l'université de Bar-Ilan à Safed et le Western Galilee College à Acre ont eux aussi été soumis à des bombardements incessantes du Hezbollah visant à assassiner la population civile Israélienne. Dans tous ces collèges, Israéliens (Juifs et Arabes) étudient côte à côte, avec un nombre substantiel d'étudiants de chacune de ces communautés.
Envisager le boycott d’institutions académiques Israéliennes, sous prétexte de protéger les droits des Palestiniens, en reviendrait à ignorer la violation des droits de tous ces étudiants.
Deuxièmement, couper les liens avec les Universités en Israël nuit directement aux Palestiniens. Pour assurer un avenir meilleur aux habitants de Gaza, il est crucial d'éradiquer le Hamas, classé comme organisation terroriste par une trentaine de pays dont l’Union Européene et le Canada.
Le Hamas, avec ses alliés du Jihad islamique, commet des crimes contre la population de Gaza, comme en témoigne l'incident de l'hôpital Ahli et l'incendie dans le camp de tentes de Rafah causé par le stockage d'explosifs.
Le Hamas s'est aussi engagé ouvertement à répéter et perpétrer ses crimes contre l'humanité jusqu'à ce qu'Israël soit totalement annihilé. Ignorer l'utilisation cynique des Gazaouis par les dirigeants du Hamas, ainsi que les crimes contre l’humanité perpétrés contre les civils Israéliens (Juifs et Palestiniens) revient également à ignorer les principes fondamentaux du droit humanitaire international.
Troisièmement, la rupture des liens avec les Universités Israéliennes menace la liberté académique et aura un impact négatif sur l'économie québécoise. L'enseignement de la démocratie et des droits de l'homme est au cœur de la mission éducative des institutions israéliennes. Grâce à notre système d'enseignement supérieur, nous sommes fiers de noter que les Palestiniens Israéliens ont atteint des positions notables dans divers domaines, allant du droit et de la médecine aux arts et à la haute technologie.
Malgré les difficultés, nos universitaires restent fermement engagés pour la paix, la coexistence et le respect du droit humanitaire international. Affaiblir les Universités Israéliennes et leurs chercheurs par des boycotts académiques menace les fondations démocratiques d'Israël et la communauté qui s'efforce de défendre les droits de l’homme et de promouvoir l’inclusivité. Les boycotts favorisent la division et l'hostilité au lieu de promouvoir le dialogue constructif et la compréhension culturelle, exacerbant les conflits et réduisant les opportunités de résolutions pacifiques par les échanges éducatifs et culturels.
Le concept fondamental de l'Universalité de la Science, défendu par le Conseil International des Sciences, souligne que la coopération mondiale et l'échange de connaissances sont essentiels au progrès scientifique. La rupture des liens avec les Universités Israéliennes risque de fracturer cet esprit de collaboration qui sous-tend la recherche scientifique, contredisant ainsi l'éthique de l'universalité et menaçant de freiner la poursuite collective du savoir et de la compréhension. Les boycotts académiques non seulement minent les normes éthiques mais mettent en péril la liberté académique, qui est la pierre angulaire de l’échange et du progrès intellectuel.
Préserver cette liberté est essentiel pour l'avancement de la société, car elle protège le bien-être collectif.
En la soutenant, nous cultivons un climat propice à la diversité intellectuelle et à la responsabilité, éléments cruciaux pour le développement sociétal et l'innovation.
Comme vous le savez, cette valeur fondamentale de l'académie est inscrite dans la loi québécoise sur la liberté académique. En adoptant ce projet de loi, le gouvernement québécois reconnait que l'autonomie et la liberté académiques sont essentielles pour que les universités accomplissent leur mission. Il affirme également qu'il est crucial que ces établissements offrent une formation de qualité dans un environnement favorable à l'apprentissage, à la discussion et aux débats.
Les boycotts académiques étouffent la diversité intellectuelle dans le discours académique, sont contre-productifs et injustifiables sur les plans éthique et pratique. L'économie québécoise profite des partenariats internationaux, et les relations avec les institutions israéliennes sont particulièrement fructueuses dans les domaines de la haute technologie, des sciences de la vie et de l'ingénierie.
Les chercheurs québécois bénéficient également de ces collaborations, qui souvent mènent à des avancées scientifiques et technologiques cruciales, renforçant ainsi notre propre communauté académique et économique.
En mettant fin à ces liens, les universités québécoises risquent de perdre des investissements, des opportunités de partenariat et des talents qui enrichissent nos respectives sociétés et économies. De plus, il est essentiel de reconnaître les efforts considérables des Universités Israéliennes en matière d'équité, de diversité et d'inclusion.
Ces institutions sont engagées dans la promotion de la diversité sur leurs campus, offrant des opportunités égales à tous les étudiants, quelle que soit leur origine.
De nombreux programmes sont mis en place pour soutenir les minorités, y compris les étudiants Arabes Israéliens et autres groupes marginalisés, afin de garantir leur succès académique et professionnel. Par exemple, des programmes de soutien pour les étudiants Arabes, des initiatives de dialogue interculturel et des efforts pour recruter et soutenir les femmes dans les domaines STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) sont largement répandus.
En reconnaissant et en soutenant ces efforts, les Universités Israéliennes sont fières d’encourager et de promouvoir une culture de respect et de collaboration qui transcende les frontières politiques et culturelles.
Enfin, je vous demande de bien vouloir examiner avec la plus grande attention les manières dont la loi sur la liberté académique pourrait être gravement violée par l'accord à l’UQAM et par les syndicats de professeurs.
Il est crucial que nous continuions à promouvoir la coopération académique internationale, essentielle au progrès scientifique et social. Il est donc impératif de prendre des mesures urgentes pour protéger les institutions académiques et garantir que la liberté académique soit respectée et préservée. Je vous remercie de votre attention à cette question cruciale.
Veuillez agréer, Madame la Ministre, l'expression de mes salutations distinguées,
La direction du Réseau des professeurs canadiens engagés (neca.rpce@gmail.com)
Commissaire à la diversité, à l'équité et à l'inclusion,
Chef de l'unité des affaires internationales,
Chef du programme de leadership, de développement organisationnel et de politique, Faculté d’éducation,
Université de Bar-Ilan, Israël