mercredi 24 octobre 2012

PARLER FRANÇAIS À LA MAISON


J’écoute d’une oreille distraite les réflexions sur l’usage du français à la maison. Je trouve l’analyse de ces chiffres, biaisée quant à son interprétation.


Ce ne devrait pas être ce qui se passe à la maison qui doit prévaloir, mais ce qui se passe dans la rue, dans les affichages, dans les services gouvernementaux, à l'école, etc.


Je suis née dans une famille juive au Maroc. La personne qui s’occupait de moi lorsque j’étais enfant ne me parlait qu’en arabe. Ma grand-mère maternelle ne parlait pas un mot de français. 

Elle parlait arabe, glissait des mots en allemand et en anglais. D’autres membres de ma famille parlaient espagnol. Lorsque je téléphonais, je ne savais pas dans quelle langue on allait me répondre. 

 Mon père qui maîtrise parfaitement le français, parlait en arabe classique avec sa mère et en arabe dialectal avec son père. 

Enfant, je n'ai pas appris à écrire en premier à la maison les lettres de l'alphabet. J'ai d'abord appris à reproduire les notes de musique pour mon père, chef d'orchestre. Il n'y avait pas de photocopieuse à la maison. Mon père se sert encore de ces partitions que j'ai recopiées. Mes clés de sol sont un peu biscornues.  

Lorsque je suis arrivée au Québec, j’ai été forcée d’étudier dans les écoles anglaises car nous étions refusés dans les écoles françaises de la Commission des Écoles catholiques de Montréal (CECM), puisque que nous étions juifs.


Je ne pense pas avoir perdu quoi que ce soit dans ce mélange improbable de sons différents. 

Au contraire. Je crois que d’être exposé, dès son plus jeune âge à plusieurs langues, forme d’abord l’oreille à déceler des sons puis à y déceler des significations différentes.


L’enfant apprend d’abord à imiter ces sons et plus ces derniers sont complexes et différents, plus ils forcent son esprit au décodage (rien de scientifique que cette affirmation – seulement une expérience personnelle).


Mon amour pour la langue française est infini. J’ai été jusqu’à étudier à l'université en littérature française et l’avoir enseignée à Concordia. Bien que mes cours au secondaire y aient été dispensés en anglais.


Ma petite-fille a été placée dans une garderie en milieu familial dont les gardiennes parlent espagnol. Résultat : lorsque les parents ont voyagé au Mexique, c’était l’enfant de deux ans et demi, qui répondait, aux Mexicains, par des mots/sons en espagnol, au plus grand plaisir des parents.


Le Français est la langue officielle du Québec. Les immigrants doivent l’apprendre en arrivant s’ils veulent faire partie de la société québécoise. Ici avoir affaibli les COFI a été une grande erreur.


Nous devons exiger d’être servis en français. Que ce soit dans les magasins ou dans les services publics. L’affichage doit se faire exclusivement en français. Et l’école française doit être obligatoire.


Mais de grâce, ne commençons pas de chasse aux sorcières DANS LES MAISONS. 

Le contact avec plusieurs langues est plus que salutaire pour les enfants. Et il n’est rien de plus faux que de penser qu’il faille solidifier l’apprentissage d’une langue avant d’en apprendre une autre.


Je ne pense pas être une exception à cette règle.

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