Sans lutte il n'y a pas de victoire
Photo largement diffusée par les médias sociaux pendant les manifestations en Espagne. Aujourd’hui, le nom que j’avais donné à mon blogue en 2008 prend encore une fois tout son sens: « Reconnecter les générations entre elles ». C'est à croire que j'en fais une obsession. Avant le début d’un mandat au sein de l’organisation du Sommet international des coopératives 2012 qui a eu lieu la semaine dernière à Québec, j’avais l’intention de rédiger un texte sur le travail, sur les jeunes et les moins-jeunes. Histoire de faire état d’une situation à laquelle j’ai assisté depuis quelques années. J'en ai retardé l’écriture jusqu’à aujourd’hui.
Voilà qu’en lisant les dernières nouvelles sur Twitter, je
tombe sur deux articles à peu près sur le même sujet ce matin : un dans la
Presse qui parle de l’itinérance après une vie de travail et sur Canoë sur
les retraités endettés.
Comme quoi après avoir passé des mois à parler des jeunes, de leur rôle dans la société et du bouleversement qu’ils ont enclenché, les projecteurs se tournent maintenant vers ceux les 50 ans et plus qui les ont soutenus et appuyés dans la rue. Et ils ont été nombreux.
Comme quoi après avoir passé des mois à parler des jeunes, de leur rôle dans la société et du bouleversement qu’ils ont enclenché, les projecteurs se tournent maintenant vers ceux les 50 ans et plus qui les ont soutenus et appuyés dans la rue. Et ils ont été nombreux.
Ceux-là ont aussi ont fait partie du printemps érable.
Les jeunes que je côtoie et dont je suis le mentor savent
que l’affection que je leur porte est infinie. Certains me le rendent bien. D’autres,
qui souffrent du complexe de l’Usurpateur, préfèrent qu’on ne sache pas qui se
cache derrière leur succès si rapidement atteint.
Ceux-là aussi je les aime. Insécures? Ils ont perdu leurs repères et ne saisissent
pas que rien ne leur est enlevé. Qu’au contraire l’effet multiplicateur est
plus stimulant que de s’enfermer entouré de miroirs déformants autour de soi.
C’est leur droit et c’est le mien de respecter leur
insécurité. Le bénévolat n’attend rien et surtout pas de reconnaissance!
Ils apprendront un
jour ce que les mots « éthique personnelle » et « loyauté »
signifient.
En parcourant en diagonale le texte de la Presse signé par
Gabrielle Duchaine, je crois entendre les plus vieux autour de moi, des amis, ceux
et celles qui vivent des drames humains indignes d’une société démocratique qui
a les moyens de ses ambitions d’égalité.
Il y a ceux qui ont encore la voix pour faire du doublage cinématographique
mais qui ne sont plus appelés. Ne me dites pas que la voix vieillit à ce point
qu’il n’y a plus d’écoute possible pour ceux qui savent si bien la poser.
Il y a ceux qui ont une plume unique et qui sont confinés à
des dortoirs sans même un ordinateur pour exprimer leurs maux par les mots et par
les gestes que leurs doigts sur un clavier si familier, pourraient transposer.
Il y a ceux qui ont formé les jeunes, des professeurs dont
la carrière a bifurqué que ce soit pour se retrouver en politique ou dans des
domaines totalement autres parce qu’ils se sont laissés porter par les
propositions plutôt que de l’orienter. Ceux-là se retrouvent dans des hospices
dès l’âge de 63 ans à regarder dehors les arbres perdre leurs feuilles en
automne pour mieux les retrouver au printemps. Je leur rends visite quand je
peux.
Ce sont ceux-là, précisément ces 55 ans et plus, auxquels fait Référence Mme Duchaine, qui se retrouvent bien malgré eux, itinérants.
«On a beau essayer de s'en sortir, personne ne
veut de nous, rage Yvan Grenier. Disons qu'on n'a pas le profil idéal pour un
employeur.»
Allonz-y. Croyez-moi. Le regard que portent les employeurs aux
gens de 50 ou 55 ans et plus ressemble à celui qu’ils portent sur les itinérants. Les uns
ou les autres n’ont rien à s’envier.
Alors quel est le profil idéal pour un employeur? Essayons
d’en dresser le portrait. D’abord si l’on en croit les nombreuses études lues sur
le sujet : la beauté et le charme sont les premiers critères retenus.
Qu’il s’agisse d’un homme ou d'une femme.
Est-ce que les temps ont changé? Disons que les actions sont plus subtiles maintenant.
Puis il y a le salaire à débourser. Un de mes amis me disait, il y
a quelques semaines que, pour trouver un emploi, il lui fallait investir un
mois par tranche de 10 000 $ du salaire convoité qui correspond à son
expérience professionnelle et au salaire qu’il a dû abandonner.
Ici je ne peux pas m’empêcher de penser à Louise Arcand,
cette magnifique journaliste de talent se faire dire, en 84 qu « ’il
fallait rajeunir l’antenne alors qu’elle n’avait que 40 ans ». Elle est morte d’un cancer en 1992. Sur la regrettée Louise Arcand
Est-ce que les temps ont changé?
La question ici est de savoir si l’expérience
professionnelle a encore une valeur? L’écoute des doléances des gens autour de
moi n’est pas convaincante. Il y a clash entre les générations et clash dans la
perception.
Pour les hommes, les têtes blanches ne sont pas très prisées.
Ces mêmes hommes qui ont suivi l’évolution de la technologie se font dire que
l’on n’engage maintenant que des jeunes « tecky », branchés qui
carburent aux médias sociaux.
Or, un employeur à l’esprit le moindrement ouvert sait que
ces têtes blanches ont connu la difficulté d’avant la technologie et mieux
qu’ils ont travaillé, l’ont utilisée et ont évolué avec.
Les compagnies et organismes veulent projeter une image de
jeunesse auprès de leurs clients. Et d’après eux, seuls les jeunes, se comprennent
entre eux et ont un code communicationnel qui leur est propre. Il n’y a rien de
plus faux.
Pour les femmes, c’est différent. Le drame survient un peu
plus jeune. C’est à partir de 50 ans, qu’elles ne sont plus prisées. Si elles
ont élevé leurs enfants tout en menant une carrière, leur sort est encore plus dramatique.
Et si elles perdent leur emploi, l’espoir est minime de se retrouver un job à
la mesure de leur talent non encore exploité. « Leur principe de Peter »
ne sera jamais atteint.
J’ai entendu au cours des derniers mois des atrocités qui m’ont
été rapportées par des connaissances. Des réflexions à faire dresser les cheveux
sur la tête ou à s'enrouler en boule dans une couette et ne plus bouger, c'est selon. Il n’y a pas seulement les jeunes qui sont susceptibles de se
suicider. Il y a aussi ces personnes démunies à qui il faut rappeler les moyens
qu’elles ont à leur portée pour se sortir de la noirceur dans laquelle elles
ont été plongées bien malgré elles. Souvent.
Je cite ici quelques commentaires de représentants de Ressources
Humaines (RH) qui ont heurté certaines d’entre elles :
« J’ai retenu votre candidature. Vous serez trois à passer
en entrevue auprès de l’employeur : il y a une jeune femme, une vieille et
un vieil homme. » Réflexion faite à une femme de 58 ans (la vieille). L’homme dont il
était question avait 55 ans.
« Pourquoi cherchez-vous un travail? Pourquoi n’écrivez-vous pas vos
mémoires maintenant? » Propos tenus par une RH de 30 ans à une femme de 56
ans.
« Il est temps
de prendre votre retraite. On ne peut pas engager une personne qui
pourrait tomber malade et coûter très cher à la compagnie. » À un homme de 52
ans.
« Vous n’avez pas épargné d'argent pour votre retraite? Et bien,
il fallait être plus vigilant. » A un homme de 56 ans.
« Vous n’avez pas de mari pour vous soutenir
financièrement? » Commentaire d’une femme RH de 34 ans (française fraîchement arrivée depuis trois mois qui ne connaissait pas les firmes syndicales pour lesquelles la femme de 52
ans avait travaillé).
Ici Mme Monique Jérôme-Forget n’avait pas tort hier soir à
l’émission « Tout le Monde en Parle ». Toutes ou presque se sont
reconnues lorsque elle a dit avoir offert, au cours de sa carrière, des postes
de haute direction à des femmes qui ne les ont pas acceptés à cause de leur
responsabilité familiale, alors que des hommes moins compétents, n’ont pas
hésité avec les mêmes contraintes familiales.
Plusieurs d’entre les jeunes femmes avec lesquelles j’ai discuté
d’avenir professionnel ne veulent pas avoir d’enfants pour cette raison. Trop
de frein à leur carrière pour laquelle elles ont déjà beaucoup investi avant
l’âge de 30 ans : désordre alimentaire, botox, seins refaits et panoplie
de chaussures à talons hauts pour toutes les occasions. Il y a trop de femmes qui ont pris cette bien triste orientation.
Et il y a les entre deux. Ceux et celles qui ont presque 40
ans ou un peu plus et qui exercent leurs crocs de jeunes loups ou de louves. Trop
jeune pour mentorer, ils travaillent par essais et erreurs, s’entourent de
juniors qu’ils paient au salaire presque minimum et qui demandent gracieusement
les conseils des aînés, à qui ils offrent un de ces lunchs interminables
auxquels ils étaient habitués, à condition que ça se passe dans la
confidentialité ou dans le recoin d’un restau. Histoire de leur rappeler leur
vie active.
Ce triste portrait ne s’applique heureusement pas à tous
ceux et à toutes celles de mon entourage.
Les plus jeunes que j’ai côtoyés au cours des dernières
années, disent « vouloir apprendre » selon leurs propres mots. Ce ne
sont que des mots alignés et vides de sens.
Lorsque ils sont confrontés à un obstacle, la culture de
l’"expression à tout prix" refait surface. C’est que les jeunes ont appris à
s’exprimer verbalement, dans des classes qui valorisaient la communication dès
leur entrée au primaire.
Entre l’Omerta et « Tout dire » parce qu’il faut
s’exprimer, il y a la « véritable consultation »,
l’ « écoute active » et disons-le le respect de l’expérience. Car
pour profiter de l’expérience d’autrui, il y a « le véritable désir
d’apprendre. » pas celui de se faire aimer et de "bien paraître ouvert" pour
son interlocuteur ou par le patron qui écoute d’une oreille, pas tout à fait
distraite, la conversation.
Au risque de se retrouver à la fin de sa vie, comme La poétesse Mririda, à
tracer des cercles autour de soi pour que personne n'approche parce que la dure
réalité a frappé et que la société ne veut plus des 50 ans et plus, faisons de
l’ « altruisme opportuniste » ou de l’ « opportunisme
altruiste », expression utilisée par Jacques Attali, économiste, écrivain
et philosophe, la semaine dernière à Québec.
« Cette nouvelle forme d’idéologie
s’exprimera dans un optimisme internationaliste, soucieux d’apprendre en
partageant. »
L'idée derrière Fusion jeunesse était celle-là...
L'idée derrière Fusion jeunesse était celle-là...
En posant quel geste? Je n’en ai pas la moindre idée.
Peut être pour fonder une coop des professionnels de 5o ans et
plus en soutien aux jeunes qui ont à coeur les biens communs.
Les soutenir comme ces derniers ont soutenu les jeunes pendant le printemps érable.
Les soutenir comme ces derniers ont soutenu les jeunes pendant le printemps érable.
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