vendredi 22 janvier 2021

L’inquiétante intolérance de la nouvelle commissaire antiracisme


















Texte publié dans le Journal de Montréal - édition du 21 janvier 2021

Le rôle de choisir une personne chargée de faire reculer le racisme, bien réel et vécu à Montréal n’est pas chose facile. Informé des objections qui pouvaient être faites à l’endroit de la commissaire désignée, Bochra Manaï, un des porte-parole de la mairesse a indiqué que « la Ville ne peut pas, légalement ou moralement, rejeter un candidat qualifié sur la base de ses positions ou emplois passés. » 

PHOTO PROVENANT DU COMPTE LINKEDIN DE BOCHRA MANAÏ 

Tout au contraire les positions et les emplois passés ne sont-ils pas un indicateur essentiel pour juger de la capacité de la personne choisie d’accomplir sa tâche d’écouter, de rassembler, d’agir sur un sujet délicat avec le plus de nuances possible et par conséquent d’obtenir des chances de succès ?  LIRE LA SUITE



Article publié dans l'édition du Devoir - 21 janvier 2021


La nomination de Bochra Manaï fait encore des vagues


Photo: Hubert Hayaud Le Devoir Bochra Manaï, la nouvelle commissaire à la lutte contre le racisme de Montréal


Les déclarations et écrits passés de Bochra Manaï soulèvent toujours un tollé chez des défenseurs de la laïcité, qui s’estiment « bafoués » après sa nomination comme commissaire à la lutte contre le racisme à Montréal. Celle-ci doit reconnaître qu’elle est allée trop loin plus d’une fois dans ses positions, jugent dans une lettre publiée jeudi une quarantaine de signataires.


« L’idée que se fait Mme Manaï du racisme et des racistes, des Montréalais et des Québécois, est qu’ils portent en eux ce dangereux stigmate du racisme, qu’elle a pour mandat de les accompagner et de les redresser sur les chemins de la tolérance et de l’acceptation de l’autre, c’est-à-dire sur le chemin de l’acceptation de l’islam radical et contre cette dangereuse loi de la laïcité », dénoncent d’une même voix d’anciens élus, professeurs, écrivains et défenseurs bien connus de la « loi 21 ». LIRE LA SUITE



Le DEVOIR Édition du 21 janvier 2020

L’inquiétante intolérance de la nouvelle commissaire antiracisme


Le rôle de choisir une personne chargée de faire reculer le racisme, bien réel et vécu à Montréal, n’est pas chose facile. Informé des objections qui pouvaient être faites à l’endroit de la commissaire désignée, Bochra Manaï, un des porte-parole de la mairesse a indiqué que « la Ville ne peut pas, légalement ou moralement, rejeter un candidat qualifié sur la base de ses positions ou emplois passés. »

Tout au contraire, les positions et les emplois passés ne sont-ils pas un indicateur essentiel pour juger de la capacité de la personne choisie d’accomplir sa tâche d’écouter, de rassembler, d’agir sur un sujet délicat avec le plus de nuances possible et par conséquent d’obtenir des chances de succès ? LIRE LA SUITE



À la suite de la parution des textes, d'autres signatures se sont ajoutées que nous n'avons pas pu transmettre à temps aux journaux. 

Signataires

Louise Beaudoin, ex-ministre des Relations internationales (Québec)

Agnès Maltais, ex-ministre de la Culture et des Communications (Québec) 

Évelyne Abitbol, ex-conseillère spéciale à la diversité culturelle à l’Assemblée nationale

Mohand Abdelli, P.Eng., ingénieur retraité, Montréal 

Jawad Amerzouk, chercheur doctorant en sociologie des problèmes publics, et conseillers en développement des compétences. (UQAM) 

Suzie Baillargeon, Enseignante retraitée pour enfants immigrants

Daniel Baril, vice-président du Mouvement laïque québécois (MLQ)

Frédéric Bastien, historien

Sylvie Bergeron, écrivaine

Étienne-Alexis Boucher, Société nationale de l'Estrie

Zahra Boukersi enseignante

Ferid R. Chikhi, Conférencier & Formateur

François Côté, Avocat

Claude Kamal Codsi, président du Rassemblement pour la laïcité  (RPL)

Francine Desjardins. gestionnaire

Andrée Devault Professeur à la retraite

Amin Djema, Gestionnaire TI et vlogueur 

Anne-Emmanuelle Lejeune, membre du CA, PDF.-Québec

Nadia El-Mabrouk, membre du RPL

Marie-Claude Girard, membre du RPL

Louise Guilbault, membre de PDF.-Québec

Ensaf Haidar, écrivaine, militante et défenseure de la Laïcité (FRBL)

Hassan Jamali, écrivain et professeur à la retraite

Lucie Jobin, membre du RPL

Yves Laframboise, membre du RPL

Richard Lajoie, enseignant

Ghisline Larose, féministe

Mona Latif-Ghattas, écrivaine

Leila Lesbet, membre PDF.-Qc, Conseil du statut de la femme (CSF) Québec (2013 à 2018)

Christine Levesque, Professeure et membre du CA de PDF.-Québec

Hélène Massé, enseignante retraitée

Léon Ouaknine, écrivain

David Rand, président, Libres penseurs athées (LPA)

Andréa Richard, membre de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)

Louis Robichaud, Artiste

Guillaume Rousseau, Avocat

Johanne St-Amour, féministe

Ferroudja Si Hadj Mohand, Membre Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité (AQNAL) féministe universaliste

Claire Simard, professeure-chercheure retraitée et membre du CA de PDF.-Québec

Khaled Sulaiman, journaliste et écrivain

Nicole Vermette, orthopédagogue retraitée, membre de PDF.-Québec

Michel Virard, président, Association humaniste du Québec (AHQ)

 


Les signatures ne cessent de s’ajouter… 


Juan Carlos Aguirre, sociologue – essayiste

Nadia Alexan Professeur retraitée

Charly Bouchara, traducteur - parolier 

Romain Gagnon, Auteur

Gilles Letendre, entrepreneur 

Évelyne Levy, contrôleure

Michel Lincourt, membre du CA du MLQ et de l’AHQ

Mireille Vachon, créatrice





mercredi 9 décembre 2020

Non à l'instrumentalisation du génocide juif !


Rappelons que les Lois de Nuremberg, basées sur l’antisémitisme nazi, ont été mises en place pour discriminer et protéger le drapeau, la citoyenneté du Reich, le sang et l’honneur allemand, visant principalement à exclure les Juifs de la société allemande ce qui conduira plus tard à la sordide solution finale.   

Comment peut-on oser comparer une loi basée sur le sang et l’honneur et faire valoir que la loi 21 sur la laïcité est discriminatoire, qu’elle vise à exclure alors qu’elle évoque tout le contraire?  

Parce que l’agenda est autre!

Nous nous devons de résister contre toutes ces tentatives qui se nourrissent de dérives pour empêcher la neutralité de l’État tant souhaitée par nombre de Québécois d’adoption, dont pléthore de confession juive ou musulmane, sont venus au Québec pour vivre dans un climat hors de toute emprise religieuse.  


La suite 

dimanche 11 octobre 2020

L'Écho des Chaudrons

J’ai lu l’Écho des chaudrons comme les deux précédents livres de Michel Duchesne, l’Écrivain public et la Costa des Seuls, lentement pour savourer l’atmosphère qui y règne et qu’elle reste encore un peu à roder autour, une fois le livre refermé. 

Parce que j’ai ri tout au long de la lecture. 

Ils sont rares les romanciers qui, de nos jours, provoquent chez le lecteur une prise de conscience des inégalités sociales dans le rire mêlé à de la tristesse. Vous savez, ce type de rire qui nous arrache les larmes aux yeux. De par la tendresse qui transparait en filigrane. 

Michel Duchesne est un de ceux-là. 

Il est devenu au fil des ans le sociologue de la littérature. L’indigné parmi les indignés qui arrive par un tour de force et ses mots justes et forts, à nous dresser un portrait copié-collé de la société à l’est de la frontière de la rue Saint-Laurent. 

Il parvient à nous envelopper et à nous entrainer dans un univers que peu connaissent, celui d’Hochelaga-Maisonneuve. Il y avait longtemps que l’univers de Michel Tremblay ne nous avaient pas atteints par une autre source. 

La cuisine collective

Le nouveau livre de Michel Duchesne, pour faire écho aux chaudrons, ouvre la porte à un de ces univers de quartier, celui de la cuisine collective. Un univers décrit dans une mise en abime, sous forme de journal où les points de vue se chevauchent autour de la cuisine ou encore autour de l’univers illustré,  l’Écho de Tursar, créé par André Montmorency, Momo pour les intimes.

Il y a les personnages qui font partie du groupe des Fourchettes d’or, ceux qui cuisinent pour les plus démunis qu’eux, les Passé Dates, ce sont eux qui nous arrachent tout à la fois des larmes et des rires. 

Les indignés

La force de ce roman, comme par ailleurs celle des trois autres de l’auteur, c’est justement ce passage constant entre la sensibilité, la joie, la tristesse, l’humour décapant et bien sûr l’indignation. 

Voire même le désespoir des personnages décrit à feu doux. Démunis? Non! COURAGEUX, ces personnages analphabètes qui côtoient l'étalage de culture de Momo.

Pas étonnant que l’auteur cite Germinal de Zola. « Jamais vous ne serez dignes du bonheur, tant que vous aurez quelque chose à vous, et que votre haine des bourgeois viendra uniquement de votre besoin enragé d’être des bourgeois à leur place. » 

Michel Duchesne a une plume fine, acérée, tendre et sarcastique. Il a une manière toute à lui de passer d’un état à un autre en un tour d’éventail. Il personnifie tout sur son passage. Même les légumes, les épices et les arbres, « moi être un arbre, j’étoufferai à Montréal » et se venge au passage sur les tomates ou lorsque Mylène « faisait la peau à des poivrons fanés. » « Flang! Il envoya les navets à leur destin de crème… » 

Mathieu, l'écrivain public

Tout passe par la bouche et les réflexions de Mathieu, le narrateur, oui oui, le même écrivain public qui « rides again » celui qui s’adresse à vous dans ce livre, ou celui autour duquel tous les autres personnages gravitent. Comme pour ne pas nous donner qu’un point de vue sur la même situation. J'ai entendu dernièrement cette expression dans un documentaires sur la décolonisation : "on écrit pas l'histoire avec une gomme". Mathieu/Michel n'utilise pas d'"efface".

Michel Duchesne, donne la parole à Mathieu, le narrateur principal, à sa mère, à des posts facebook, aux réflexions de sa fille ado, pas facile celle-là et l'univers vrai de André Montmorency, le faux, celui qu'il crée Tursar, les deux entremêlés, lui l'exécrable, sans noblesse (snob) et pourtant si attachant. 

Pauline, qui me faisait penser à la passionnée Johanne Fontaine à qui ce livre est dédié. Nous l'entendons s'exprimer, pour celles et ceux qui l'ont connue, elles/ils reconnaitront ses manières de tourner les mots et les phrases que tout un chacun exprime dans la vraie vie d'Hochelaga. 

L'écrivain, Michel Duchesne

Lorsqu’on rencontre Michel Duchesne, on ne peut que saisir le personnage, lui-même, à fleur de peau, qui fait dire à Momo : « Nous autres, artistes, sommes simplement des catalyseurs qui captons des messages soufflés par de vieilles âmes. » 

 “ Il ne sert à rien d'éprouver les plus beaux sentiments si l'on ne parvient pas à les communiquer." Stefan Zweig 

L'auteur les communique si justement ! Si joliment! Son écriture est son allié le plus fidèle, comme Camus ! J’ai toujours pensé que le culturel était là pour que le politique puisse se donner bonne conscience. Que jamais le politique ne soutiendra vraiment le culturel ou les plus démunis. Ça ne rapporte pas! Et une fois au pouvoir, il faut démontrer que les budgets sont équilibrés pour assurer la prospérité économique.

Michel Duchesne est un romancier qui a trop d’injustices à dire, à dénoncer, à crier pour limiter sa vision. Il est indigné et rien n’échappe à son indignation. La religion, la politique, le milieu des subventions sous perfusion surtout pour le monde des pauvres, les relations mère-fils ou filles, ou père-fille, les artistes déchus, l'analphabétisme et le défi d'éducation, les immigrés et les difficultés de l'intégration… 

Aragon est devenu idiot (c’est mon opinion) quand il a commencé à faire de la politique, comme les autres poètes et écrivains qui s'y sont frottés. 
Parce que la création littéraire se trouve dans l’illimité, dans l’universel, en murmure quelque part dans l’univers entre la terre et les étoiles. Elle ne peut pas vivre avec un horizon plat, limité.

Michel Duchesne est un révolutionnaire sans révolution (Re : au titre du livre de André Thirion). Faites-vous partie des révolutionnaires sans révolution, des indignés? 

Si vous vous perdez parfois sans vous révolter sur le sort du monde, si vous êtes découragés par le manque d'empathie et d'humanisme, si vous doutez de l'humanité, il faut lire les livres de Michel Duchesne, pour vous rappeler qu’il existe plus démunis et plus humains parmi les chantres de la démocratie participative, qui ne mettent jamais la main à la pâte.

Et ce temps de Covid, on a qu’une envie, c’est de s’enfermer et d’aller cuisiner avec ce beau monde. On se dit que toute l’authenticité se trouve là dans la cuisine collective alors que le reste de la société n’est que duperie.

Des prix bien mérités

À notre grand bonheur, Hochelaga-Maisonneuve n'est pas uniquement connu par les Montréalais ou les Québécois en général. L’univers que décrit Michel Duchesne a sauté par-dessus les frontières pour se recevoir le prix des Droits humains à Bilbao, pour l’Écrivain public, série web, celui de la meilleure série internationale à New York, celui du meilleur scénario à Séoul et pour compléter le tableau chez nous, le 20 septembre 2020, la 3e saison de L’écrivain public scénarisée par Michel Duchesne et Éric Piccoli a gagné 3 prix Gémeaux : meilleure réalisation pour ce dernier et les mérités prix d’interprétation pour Emmanuel Schwarz et Sandrine Bisson. Majestueuses interprétations.

L'Écho des Chaudrons, disponible dans toutes les librairies

Et via le web à partir du 14 octobre. 

vendredi 2 octobre 2020

L’État à l’épreuve de la culture

Depuis 20 ans la diversité culturelle a été le cheval de bataille du gouvernement québécois pour s’affirmer autant sur la scène internationale que sur la scène intérieure dans sa relation avec Ottawa. À ce dernier, le multiculturalisme, et au Québec la diversité culturelle!

La preuve en est que les principaux spécialistes, reconnus internationalement, sont québécois dont Yvan Bernier, professeur émérite de l’Université Laval qui a rédigé avec l’ ancien ambassadeur de France à L’UNESCO, la Convention sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles culturelle de 2005.

Mais jusqu’ici on a abordé cette question sous l’angle de l’économie et des institutions internationales. Il manquait un ouvrage qui fasse le lien avec nos cultures en mutation « un ouvrage d’ensemble qui restitue la diversité culturelle dans le contexte des grands enjeux contemporains... comme le souligne, Jean Musitelli, conseiller d’État et co-auteur de la Convention, dans la préface du livre intitulé : « Diversité culturelle, vers un état culture » qu’a publié Fulvio Caccia aux éditions Laborintus.

Passé inaperçu à tort

Lorsqu’il est paru pourtant en 2018, cet ouvrage de synthèse et de réflexion est passé inaperçu. J’ai souhaité le mettre en lumière parce qu’il croise justement l’expérience de l’espace nord-américain et le temps long de la culture politique européenne.

Il revenait à un écrivain « allophone » québécois vivant désormais en France de le faire. Et qui plus est un écrivain à « la croisée des cultures », en mesure d’apprécier ce qui participe de l’un et ce qui revient à l’autre.

Fulvio Caccia, né à Florence, a vécu au Québec de nombreuses années où, il a cofondé la revue transculturelle Vice Versa, qui regroupait des écrivains, philosophes, poètes... de toutes origines selon une logique « éminemment vice-versienne ».

Fulvio Caccia a fini par s’installer par la suite à Paris où il a fondé l’Observatoire de la diversité culturelle et plus récemment une autre association LinguaFranca, un collectif d’écrivains, de chercheurs et de traducteurs qui défendent la littérature transnationale.

Qu’est-ce que la diversité culturelle?

Certains d’entre vous qui me lisez savent peut-être que j’ai exercé les fonctions de

« Conseillère spéciale à la diversité culturelle » à l’Assemblée nationale auprès du Parti Québécois.

Cet ouvrage ne pouvait donc me laisser indifférente. Je connaissais l’auteur qui fut dans les années 80, un des animateurs de la scène transculturelle montréalaise.

Mais plus encore son propos rejoignait mes propres questionnements :

Un état est-il nécessairement national?

Peut-on en faire l’économie en plaçant directement le curseur sur la culture? Mais qu’est-ce qu’une nation?

Qu’est-ce que la culture?

Un peuple?

Toutes ces interrogations on les retrouve en discussion dans cet ouvrage.

D’emblée avant de questionner d’où vient la culture? Fulvio Caccia pose la grande question du XXIe siècle : L’expression de la diversité culturelle peut-elle contribuer à redéfinir le vivre-ensemble ou, au contraire, est-elle le masque avenant de l’ultralibéralisme pour légitimer les inégalités qu’il génère? A-t-elle pour finalité cachée la liquidation de la civilisation, comme certains la redoutent, ou est-elle l’accomplissement de cette république universelle portée par les humanistes de la Renaissance et des Lumières?

L’exil et l’universalisme

À partir de ces interrogations essentielles, Caccia dresse un chemin qui mène non pas à des affirmations mais vers d’autres sujets qui questionnent toujours plus, greffés à celles touchées au départ.

Qu’est-ce qu’un exilé? Un nomade?

 Un latin ?

Les arts libéraux?

La culture et sa transmission par l’éducation ?

Le rapport de l’humanité avec son environnement?

D’une page à l’autre, d’une référence à l’autre, Caccia nous plonge dans des redéfinitions contemporaines.

L’universalisme ou du moins la crise de l’universalité n’est pas épargnée. Écartelée « entre le procès d’intention et le refus de retrouver son sens originel ».

Pour toute réponse, celle d’Edgar Morin qui explique l’échec des politiques :

« Il est quasi impossible, quand on obéit à la pensée compartimentée et parcellaire, de voir la figure d’ensemble, c’est-à-dire civilisationnelle de problèmes que l’on conçoit disjoints et qu’au mieux on juxtapose en patchwork. »

N’est-ce pas ce qui se passe en ce moment même dans nos civilisations démocratiques au nom même de cette démocratie?

Le morcellement des communautarismes au nom du multiculturalisme.

Et si nous envisagions de prendre en considération un nouveau type de citoyenneté?

Une citoyenneté transculturelle pour la « désenclaver de son idéalisme ou de son cosmopolitisme supposé pour lui donner un réel ancrage politique. »

Les Bobo, idiots utiles?

Un nouveau type de citoyenneté est en train d’émerger.

Elle serait éloignée des bons sentiments de la bien-pensance, entretenue par un certain militantisme de gauche « politiquement correct » qu’on attribue parfois à tort à une frange de ces Bourgeois-Bohèmes qui préempte les quartiers populaires des centres- villes et pave la voie aux fondamentalismes.

Cette citoyenneté en devenir se fonde sur l’expérience du déplacement telle qu’elle a été vécue à travers l’exil et l’immigration.

Dès lors se pose pour l’exilé et l’immigrant et surtout ses descendants la question de l’allégeance : « un sujet plus que jamais sensible de nos jours. Le retour à un nationalisme de stricte obédience nie cette réalité et contribue à entretenir la fiction d’une culture-racine (comme dirait Glissant) fondée sur le mythe de sa propre pureté divine »

Ulysse, l’exilé

La figure de l’exilé et plus encore de l’errance qui mieux qu’Ulysse le personnifie L’Odyssée qu’il entreprend a des échos très contemporains sur notre propre quête d’identité. C’est à lui que demande :

- Qui es-tu? Lui demande le rhapsode des Phéaciens au terme de son odyssée.

- «Mon nom est personne, lui répond le vainqueur de la guerre de Troie ayant oublié les exploits qu’il avait accompli alors avant que le rhapsode ne lui rappelle.


C’est à ce moment seulement qu’il se souvient et qu’il prend pleinement conscience de qui il est. Dès lors il pourra retrouver le chemin de sa maison.

Cela a un air connu pour nous Québécois, comme notre devise : JE ME SOUVIENS !

C’est dans cette perspective que cet ouvrage est intéressant. Quiconque plonge dans cet essai en ressortira non seulement indemne mais avec une meilleure compréhension des phénomènes culturels dont on nous abreuve à longueur de journée.

« Toute discussion sur la culture doit de quelques manières prendre comme point d’appui le phénomène de l’art. » Hannah Arendt 1-

Fulvio Caccia d’expliquer cette métaphore par le fait que si la culture constitue un environnement rendu propice par les soins de l’homme, l’art en est par analogie son « principe actif ».

Son mouvement et sa transformation qui changent tout en restant semblable.

Ce que Caccia défend et j’adhère à sa démarche est d’élaborer une politique authentique de la diversité qui « permettrait de dépasser cette inégalité... en réinscrivant la formation tout au long de la vie dans les politiques publiques de la culture».

Puisque ce que soulève la diversité culturelle, c’est la capacité de mettre en relation le pouvoir d’émancipation de l’art avec la société – chacun indépendamment de son origine. »

Nous pouvons compter sur un dictionnaire amoureux de la laïcité, dirigé par Henri Peña- Ruiz.

À quand un dictionnaire amoureux de la Diversité Culturelle dirigé par Fulvio Caccia?


La diversité culturelle Vers l’État-culture Fulvio Caccia Éditions Laborintus, 235 p

  

1 - Hannah Harendt, La Crise de la culture, Paris, Gallimard, 2000.


 

jeudi 16 juillet 2020

Revenir en ville - l'ensauvagement de la société

Cher Pierre April,

Je m'adresse à toi car pendant ce confinement stricte en Espagne, tes messages étaient si pleins de tendresse qu'ils m'ont émue.

Tu sais quoi, j'avais écrit un premier post sur la situation que je vivais en Espagne puis comme tu appréciais les lire, j'ai continué chaque matin en décalage horaire en m'adressant à toi et à quelques-unes des personnes qui suivaient mes tribulations comme le dit si bien Carole Poirier. 

Andalousie juin 2020


Hier, tu m'as posé la question si j'étais enfin libre? Je n'ai pas répondu sur facebook car je comptais t'écrire directement en message privé puis j'ai décidé d'écrire ce texte. 

En Espagne, j'étais au bord de la mer, enfermée certes mais en face de la mer. Ici je suis en face des immeubles du centre-ville et lorsque je sors depuis 2 jours, je reviens à la maison fâchée.

Je n'en reviens pas du laxisme des personnes ici.  Mais ça c'est un autre dossier.

Ce qui me désole encore plus est cette justice de fond de ruelle qui sévit au Québec en ce moment qui consiste à accuser quelqu'un sur les médias sociaux sans porter plainte à la police qui fait que les personnes accusées se retrouvent abandonnées par leur employeur.

Comment mieux bafouer une société démocratique que d'appliquer une justice de fond de ruelle basée sur des dénonciations - vraies ou fausses, là n'est pas la question. 

Celle qui m'a le plus choquée est la dénonciation de Safia Nolin la journée d’anniversaire de Maripier Morin. 

Je dois avouer que lorsque j'ai entendu, pour la première fois la voix plein de douceur de Safia Nolin, j'avais été charmée. 

Puis par la suite lorsque j'entendais ou je lisais ses messages vulgaires et grossiers, j'avais l'impression qu'elle faisait de la fausse représentation. Le contraste entre les deux était trop flagrant. 

J'apprenais en lisant de loin ses tweets et ses posts qui apparaissaient sous son nom que son père est d'origine algérienne. Apparemment, ce dernier l'aurait abandonnée. Eh bien, elle ne fait pas honneur à ses origines et devrait prendre exemple sur nombres d'entre les Algériens et Kabyles, des personnes éduquées, cultivées et dignes. Ceux que j’ai rencontrés sont admirables et organisent des événements pour honorer et commémorer leur culture. À mon avis elle devrait tenter de les adopter. 

Hier, j'ai écrit le tweet suivant en retweetant avec un commentaire celui de Jean-François Lisée qui comparait la période actuelle à celle stalinienne. Nous ne sommes pas loin!  

J'arrête ici ce texte qui s'adressait au début à toi cher Pierre et aux personnes qui m'ont suivies depuis mon exil espagnol, en guise de texte de remerciement de m'avoir incitée à écrire et vous raconter ce que quotidiennement il nous arrivait. J'ai bifurqué sur la situation actuelle où les dénonciations sur fond de médias sociaux font rage! Désolée. 

Je nous souhaite de rester libres et de ne pas avoir à subir les affres de n'importe quel individu revanchard, menteur ou jaloux. 
Être témoin de l’ensauvagement actuel est désolant! 

lundi 13 juillet 2020

14 e Jour de confinement à Montréal


Aux bains arabes à Ronda
Aux bains arabes à Ronda - Andalousie

Celles et ceux qui ont suivi mes tribulations comme le dit si bien mon amie Carole Poirier, elle qui était venue me rejoindre dans mon petit paradis espagnol l'année dernière, savent que j'ai dû faire trois confinements, isolée depuis le mois de mars.

Il y a eu le confinement stricte demandé par les autorités espagnoles dès le 14 mars qui s'est assoupli à la mi-juin.

Puis il y a eu deux isolements de 14 jours en Espagne. Le premier lorsque j'ai vainement tenté d'obtenir, en m'y rendant directement, un billet d'avion à l'aéroport de Malaga - Costa del Sol

Mes voisins ont préféré que je fasse un 14 jours d'isolement.

Puis après ces 14 jours, j'en ai fait un autre car je pensais avoir un rhume. Ce qui n'a pas été le cas. Donc, je me suis isolée volontairement en mentionnant à mes voisins que je croyais avoir un rhume. 
Bien entendu, j'avais oublié mes allergies saisonnières disparues lorsque mes voisins m'ont apporté des pilules anti - allergie. 

Puis en revenant à Montréal le 30 juin, les autorités canadiennes nous demandent de nous mettre en quarantaine. Ce que j'ai fait.  Ils m'ont certifié que le 14 juillet, je pourrais sortir. 

Aujourd'hui, c'est mon dernier jour de quarantaine à Montréal et je peux vous certifier que si j'avais été 3 mois en confinement ici je serai devenue barjo ou alors j'aurais relu tous les livres de ma bibliothèque, ou alors pondu deux autres romans. 

Voilà. Le décor n'est pas le même. La vie n'est pas la même. 

Mais qu'est-ce qu'on est bien dans un de nos chez nous!

À part, lire les pro-masques et les anti-masques. Cette polémique m'a tellement déçue. 

Nous vivons dans un pays assez aseptisé. Nous sommes libres! 

Libres d'émettre une opinion, de se la faire contester, de riposter, de manifester... notre devoir pour conserver ces bienfaits c'est de comprendre que de temps en temps, il y a lieu d'écouter les spécialistes. 

Et ici les spécialistes sont en l'occurence, les médecins, les infirmières et les préposés qui sont en première ligne. Et qui, s'il y avait une épidémie plus significative, ne suffiraient pas à la tâche. 

Notre devoir est de les soutenir. Et de nous respecter mutuellement pour ne pas nous retrouver reconfiné. 
Ce sera difficile! 

Demain, je sortirai, puisque je serai à mon 15e jour comme me l'a mentionnée l'agente du gouvernement. 

J'irai voir mon père qui se trouve dans un centre pour personnes âgées. Que j'ai fait déménager à distance avec ce que ça implique de changer les comptes Videotron à distance, etc. 

Son centre ayant fermé ses portes aux visiteurs le 14 mars et rouvert la semaine dernière. Il y a eu 29 cas de Covid-19. 
Je suivais tout cela à distance en priant la mer d'envoyer des ondes d'iode au Centre pour nettoyer la tête couronnée d'épines. 

Et savez-vous quoi?

Mon père a 92 ans. Il a eu la tuberculose à l'âge de 19 ans. Il bénit la streptomycine qui lui a été administrée à l'âge de 19 ans et qui l'a sauvé sinon, je ne serai pas née, me rappelle-t-il. 

Il a un poumon qui s'est affaissé et l'autre qui a pris toute la place, m'a-t-on un jour expliqué. 

Son métier, croyez-le ou non musicien, Saxophoniste et clarinettiste.

Demain, j'irai le voir. J'attacherai mes cheveux bien serrés dans un chapeau et je porterai, malgré mon confinement de 3 mois et 3 fois 14 jours isolée, un masque, une visière et des gants, que j'aspergerai d'alcool avant de rentrer dans sa chambre. 









mardi 7 juillet 2020

Adieu Sifu Gabrielle!

Lorsque les médias annoncent la mort de quelqu'un dans des circonstances tragiques, notre réflexe est de penser aux familles, aux amis, amies, aux êtres qui connaissaient la personne.

Et lorsqu'on nous appelle pour nous annoncer que cette personne inconnue des médias est une de nos amies chères, notre monde est dévasté.

Plus encore lorsqu'on lit l'article concernant sa mort. Si impersonnel, aucun nom de personne, comme si cette personne était une inconnue.

Il est vrai qu'elle n'était pas connue des médias, ni de leurs amis et amies. Mais elle était connue par une communauté toute entière.

Et il est rare que les médias accordent de l'intérêt à la diversité sauf si un de leurs membres proteste, victimise, ou alors critique allègrement la société dans laquelle il vit. C'est ainsi.

Or, bien que le reportage soit impersonnel, ce n'est pas n'importe quelle personne qui s'est noyée. C'est une femme très connue des milieux chinois de Montréal. À juste raison.

Sur facebook :
Ce n’est pas n’importe quelle femme! Non! Ce n’est pas n’importe quelle femme qui s’est noyée! Une femme parmi d’autres? Non!

Elle porte un nom.

Elle, c’était Sifu Gabrielle.

C’était un pilier de la communauté chinoise! Une des rares québécoises de souche à autant connaître les membres de la communauté chinoise de Montréal, les familles, les enfants d’ici et d’ailleurs comme s’il s’agissait de sa propre famille!

C’était elle qui était responsable de la Danse du Lion, entre autres, vous savez cette danse bruyante et colorée que nous voyons déambuler pendant les festivités dans le Quartier chinois.
C'est cette troupe de danseurs qui égaye les malades de l’hôpital chinois de Montréal chaque année, pendant le Nouvel An.
Et qui exécute une danse différente sur chaque étage au plaisir des malades.

Elle qui s’occupait des jeunes chinois pour les aider à rééquilibrer leur énergie.

Elle qui était prof de T’ai Chi dans la communauté.

Elle qui parlait couramment le mandarin!

Elle qui était une grande amie de Francine Grimaldi! De Bobby Breton Parisi et de bien d’autres car elle était l’Amie que toutes et tous aimeraient avoir.



Avec laquelle nous avions le projet d’organiser une soirée hommage à Francine après mon retour d’Espagne.

Un ange !

Être auprès d’elle, c’était se retrouver dans une autre dimension. Celle de la vie telle qu’elle devrait être, toute en douceur.

Se souhaiter la bonne année!




Car elle était la douceur incarnée!

Adieu Sifu Gabrielle!


Adieu!