JÉSUS, LA CROIX, LA FOI ET LE SHTETL
L'église St-François d'Assise à Casablanca - Maroc
En ce jour de veille de Noël , voici un conte que mon père se faisait un plaisir de nous raconter autour de l'arbre, qui trônait dans notre maison familiale, que les enfants juifs et musulmans du quartier adoraient venir admirer.
C’est la petite histoire familiale de la différence entre les religions, catholique et juive, racontée par mon père aux enfants de la famille.
Ce conte relate de la judéité de Jésus... revue et corrigée par mon père évidement.
Enfant, au Maroc, mes parents m’avaient inscrite à l’école du quartier de Casablanca qui abritait les sœurs cloîtrées.
Je me souviens de ma fascination pour le plateau tournant derrière la porte principale qui permettait aux religieuses de recevoir les objets que les visiteurs, facteurs ou livreurs leur apportaient.
J’ai beaucoup appris de ces femmes.
La grammaire, l’orthographe, le maintien, la discipline, la gentillesse, etc., et à réciter la prière avant les repas suivie du signe de croix.
La grammaire, l’orthographe, le maintien, la discipline, la gentillesse, etc., et à réciter la prière avant les repas suivie du signe de croix.
Mes parents étaient désespérés...
Issu d'une famille juive depuis la nuit des temps, affublé d'un grand-père rabbin à Jérusalem, mon père tentait par tous les moyens de me faire entendre raison et me faire abandonner l'idée de réciter une prière avant les repas, de faire le signe de croix à chaque problème comme signe de protection, d'insister pour aller à la messe le
dimanche et à la messe de minuit à Noël. A ma grande tristesse.
Nous habitions près de la rue Karachi ou Dupleix où se trouvait l’Église St-François d'Assise.
Les dimanches et pour les fêtes religieuses, les femmes et
les hommes de confession catholique étaient d’une fascinante élégance.
A travers mes yeux de petite fille, les femmes étaient splendides,
très grandes, minces et portaient des tenues et des chapeaux inouïs, de fruits, de voilettes
et de petits pois.
Les hommes étaient galants et semblaient leur porter une
attention très particulière lorsqu’elles se tenaient fièrement à leurs bras.
Voilà qu’un jour, mon père entreprit de m’expliquer que je
devais cesser cette vénération pour la religion catholique.
Ça a été un des
jours les plus tristes et, à la fois, l'un des plus drôles de ma vie.
Mon père entreprit donc de m’expliquer la différence entre la
religion catholique et la religion juive. Différence que je ne saisissais pas car j'entendais constamment les religieuses dire que Jésus était juif.
Il me raconta cette histoire…
Un jour, dans un shtetl, il y avait une magnifique église.
Malheureusement pour les habitants juifs du village, il n’y avait pas de
synagogue.
Or, les Juifs, histoire de se recueillir dans un lieu saint, avaient décidé que tous les dimanches ils assisteraient à la messe.
Le curé avait bien compris le stratagème et craignait qu’on finisse par convertir son église en une synagogue.
Ainsi, un 24 décembre, pendant la messe de minuit - celle du verbe divin - il décida de s’adresser aux fidèles et demanda, que cesse cette fréquentation hebdomadaire de l'église par les Juifs du village et leur ordonna de quitter les lieux immédiatement.
L’église se vida tranquillement.
Ne restaient que deux familles de fidèles et, quelle ne fut
pas leur surprise, de voir derrière l’autel, Jésus descendre de sa croix pour
rejoindre et boucler le cortège de Juifs qui avait commencé à déserter l'église.
Et mon père de conclure que Jésus était juif, qu’il avait entraîné avec lui une partie des fidèles, qui ont formé la
religion catholique : les Chrétiens, et que l’autre partie, c’était nous, mais ... que nous n’avions pas suivi.... que le messager de l'amour avait été reconnu par les catholiques comme étant le Messie et que les Juifs l'attendent toujours.
Depuis, je ne rate jamais une messe de minuit où je me
trouve dans le monde.
Et j’ai une petite pensée au moment où les chorales entament le « Adeste
Fideles ».
J’aperçois Jésus descendre de sa croix.
Personne dans l'église ne le
suit vraiment.
A la sortie, je me retourne une dernière fois pour vérifier si, à l'intérieur du lieu du culte, Jésus est toujours là.
Joyeux Noël à tous et à toutes!
Bon repos aux autres qui profiteront de ce congé de fin d’année
bien mérité.
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