Pour une illustration impressionnante du Clash des cultures, revoir Babel le film.
Je ne me suis pas exprimée lors
la polémique sur la croix et la laïcité, débutée il y a quelques semaines. Alors que le maire Tremblay du Saguenay mettait
certains Québécois dans l’embarras tandis que d’autres saluaient son courage.
- Voir plus bas... Rectification à ce texte au mois d'août 2013. Je mentionnais dans ce texte qu'il ne fallait pas décrocher le crucifix de l'Assemblée nationale. Ignorance de ma part. J'imaginais sans en avoir fait la recherche que le crucifix était une relique de la première assemblée politique du Québec. J'ignorais que Maurice Duplessis l'y avait fait installer... ce qui change la donne.
- Ôtez ce crucifix que je ne saurais voir! Oubliez le paragraphe dans lequel je dis qu'il faut le garder... dans l'enceinte de l'Assemblée nationale.
Je félicite Djemila Benhabib pour
ses courages, entre autres, celui de tenir tête aux religieux islamistes radicaux.
Je reviendrais sur cet incident
plus loin.
Je voudrais réfléchir et partager avec vous une rencontre qui a définitivement forgée ma conscience de la présence de l’autre
dans ses différences : celle de la Fondation de las Très Culturas à
Séville, à laquelle je participais sur l’invitation du roi du Maroc,
Mohamed VI, à représenter mon pays d’origine, le Maroc et mon pays d’adoption,
le Canada, lors d'un débat sur l'Image et l'Écrit - dans les médias couvrant l'espace méditerranéen.
Régis Debray, philosophe et écrivain, dans son discours inaugural
faisait l’état des lieux du dialogue des cultures des trois religions
monothéistes :
«le Dialogue des
cultures n’est pas … ni pas un champ de décombres, ce qui supposerait des
constructions préalables. Plutôt des sables mouvants [ii],
d’où rien ne sort, où tout s’enlise. »
C’était en 2007. En relisant les notes de
cette rencontre, j’ai retrouvé les réflexions de M. Debray quant à l’expression
« Dialogue des cultures ».
Site web de Régis Debray
M.
Debray avait établi un rapport entre les mots culture et technique. Car il s’agit
bien de cela. Une technique. Nous habitons une culture et non une technique
avait-il longuement expliqué.
« … Il y a trois
mille langues parlées dans le monde… seulement trois écartements de rail pour
les voies ferrées, deux voltages électriques pour nos appareils, et une seule
Organisation de l’aviation Civile internationale (OACI) téléguidant dans un
même code technique, l’anglais, tous les aéronefs. »
Si bien que sa conclusion, si je ne
déforme pas sa pensée, à partir de mes notes éparses prises lors de la
rencontre, UNE TECHNIQUE EST UNIVERSABLE PAS UNE CULTURE!
Il y a 150 définitions du mot culture qui se situe par étymologie entre Agriculture et culte. Danger d’utilisation car sujet à des définitions diverses avec, pour conséquence, des quiproquos évidents. Je laisse le soin à votre imagination de trouver une définition individuelle à ce mot, disons, collectif.
J'en déduis donc qu'une charte de la laïcité est TECHNIQUE pour que soient regroupés les actes juridiques des objectifs communs d'une nation. Elle est indispensable pour tout état de droit, afin que les bases minimum communes (légales) entre les cultures y soient clairement définies. Et elles ne peuvent pas être autres que juridiques.
J'en déduis donc qu'une charte de la laïcité est TECHNIQUE pour que soient regroupés les actes juridiques des objectifs communs d'une nation. Elle est indispensable pour tout état de droit, afin que les bases minimum communes (légales) entre les cultures y soient clairement définies. Et elles ne peuvent pas être autres que juridiques.
"Pour réussir dans le monde, retenez bien ces trois maximes : voir, c'est savoir ; vouloir, c'est pouvoir ; oser, c'est avoir." Alfred de Musset
Une charte de la laïcité est indispensable pour le mieux Vivre Ensemble. Point.
Le dialogue maintenant. Toujours en
relisant mes notes, pour qu’il y ait dialogue, il faut nécessairement des
personnes pensant différemment sinon, nous avons affaire à des élites s’autocongratulant
de leurs bons coups.
Dans mes notes : deux mots écrits en
gros sous le verbe DIALOGUER : DONNER ET RECEVOIR.
Sous le mot donner : « savoir ce
qu’on peut donner à l’autre, un minimum de conscience et d’orgueil d’être ce
que l’histoire et la géographie ont fait de nous. »
Et sous le mot recevoir : « sans
croire qu’on occupe un point surplombant l’histoire et qu’on est là pour faire
rentrer l’interlocuteur dans le droit chemin. »
« Ne peut dialoguer celui qui estime
avoir un droit d’aînesse ou des droits divins sur le vrai, le bon et le beau. »
J’ai des notes et des notes, une dizaine
de pages sur ce discours fabuleux de M. Debray qui s’est terminé par ceci.
Je n’avais pas pu résister à la tentation
et avait demandé au philosophe sa dernière page dont je reprends ici le contenu :
« Le pire pour une
culture, chacun le sait, est de rester seule. C’est-à-dire stationnaire, en
voie d’appauvrissement. C’était le sort fatal de certaines ethnies primitives,
restées au stade néolithique, insuffisamment développées, qui mouraient
d’homogénéité. Ce pourrait être le sort aujourd’hui d’une culture
euro-américaine, parlant au nom de l’Occident tout entier, trop imbue de ses
formules propres pour pouvoir compter jusqu’à deux et trois encore moins. Sa
faiblesse, à terme, résiderait dans sa force même. Une culture souffrant
d’hypertrophie, et se prenant pour la
Culture, qui, à force de répandre son mode de vie et ses façons de penser à
tous les autres cantons de l’humanité, n’aurait plus qu’à se regarder dans la
glace, faute d’étrangers à qui parler, et surtout à écouter. Le chiffre un est
souvent un étouffement. Le chiffre deux, parfois une malédiction. À trois, on
commence à respirer. »
L’église a joué un rôle déterminant de
bâtisseure ici. Elle a fait partie de l’histoire du Québec et fait honneur aux hommes
et aux femmes missionnaires qui ont soigné et éduqué le peuple.
Nous pouvons critiquer les abus faits par
l’église qui ont donné naissance à la révolution tranquille. Mais nous ne pouvons
renier le passé des Québécois et le rôle qu’a joué l’église dans la
construction du pays. Le nom des villages et des rues transpirent ce rapport au
passé religieux. Et la littérature québécoise des 200 dernières années abonde d’exemples
en ce sens.
Ce que le Maire Tremblay a dit : « C’est pas la charte comme telle. C'est de voir
une personne - je ne suis même pas capable de prononcer son nom, d'Algérie, qui
ne connaît pas notre culture, mais c'est elle qui va dicter les règles »,
s'est-il indigné.
Ce que nous pouvons comprendre de son
intervention est, qu’il ne doit, à son avis, y avoir qu’une culture unique. Il
a exprimé, si j'ai bien interprété ses propos, qu’il fallait préserver la pureté des Québécois d’origine et éviter
la promiscuité avec des ethnies différentes.
Le maire Tremblay devrait inscrire comme
priorité à la ville de Saguenay la suppression de la pentecôte : les
disciples de Jésus ce jour-là parlaient toutes les langues, nous dit la bible. L’histoire
ne dit pas s’il y avait parmi eux, des Québécois de souche.
This work by www.evelyneabitbol.com is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 2.5 Canada License.
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