vendredi 19 février 2021

LA "SEXALESCENCE", MÛRS ET VIVANTS - LA SEXALESCENCIA. MADUROS MUY VIVOS

J'ai trouvé cet excellent article, d'un auteur inconnu, sur Facebook et je l'ai tellement aimé que même sans pouvoir remercier son auteur, je le partage avec vous ici, sur ce blog.  Cliquez ici pour voir la version originale en espagnol:


Les Sexalescences, mûrs et vivants


Traduction libre


«Si l'on regarde attentivement, on peut détecter l'émergence d'une frange sociale qui n'existait pas auparavant: des personnes qui ont aujourd'hui une soixantaine d'années:


SEXALESCENCE. C'est une génération qui a jeté le mot «sixties» hors de la langue, parce qu'elle n'a tout simplement pas envie de vieillir. Ce n'est pas dans ses plans actuels. C'est une véritable nouveauté démographique similaire à l'apparition à l'époque, de «l'adolescence», qui était aussi un nouveau groupe social qui a émergé au milieu du XXe siècle pour identifier une masse d'enfants au corps métamorphosé dans des corps d'adultes, que jusque-là ne savaient ni où aller, ni comment s'habiller.


Ce nouveau groupe de personnes, qui sont maintenant dans la soixantaine ou qui ont soixante-dix ans, a mené une vie raisonnablement satisfaisante. Ce sont des hommes et des femmes indépendants qui travaillent depuis longtemps et qui ont réussi à changer le côté sombre que tant de littérature attribuait au concept de travail depuis des décennies. 


Loin des tristes bureaux, beaucoup d'entre eux ont fouillé et trouvé il y a longtemps l'activité qui leur plaisait le plus et ils en vivent. C'est censé être la raison pour laquelle ils se sentent entiers; certains ne rêvent même pas de prendre leur retraite. Ceux qui sont déjà à la retraite profitent pleinement de chacune de leurs journées sans crainte de manquer de loisir ou de sentir peser la solitude, ils grandissent de l'intérieur. Ils aiment les loisirs, car après tant d’années de travail, d’avoir élevé les enfants, de manque d'argent, de nuits blanches et d'événements heureux ou malheureux, cela vaut la peine de regarder la mer l'esprit vide ou d'admirer une colombe voler du 5ème étage de l'appartement.


Au sein de cet univers de personnes saines, curieuses et actives, les femmes ont un rôle significatif. Elles apportent des décennies d'expérience alors que leurs mères ont été élevées pour obéir, elles peuvent désormais occuper des places dans la société que leurs mères n'auraient pas rêvé d'occuper.


Cette femme "sexalescente" a su survivre à l'ivresse du pouvoir que lui procurait le féminisme des années 60, dans ces moments de sa jeunesse où les changements étaient si nombreux, elle a pu s'arrêter et réfléchir à ce qu'elle voulait vraiment.


Certaines sont parties vivre seules, d'autres ont fait des carrières qui avaient toujours été exclusivement masculines, certaines ont fait une carrière universitaire tout en élevant leurs enfants, d'autres ont choisi d'avoir des enfants à un âge précoce, ont été journalistes, athlètes ou ont créé leur propre entreprises. Ces types de femmes nées dans les années 50, ne sont même pas par erreur les "belles-mères" classiques qui veulent que leurs enfants les appellent tous les jours, car elles ont leur propre vie et ne vivent pas la vie de leurs enfants. Leur chemin n'a pas été facile et elles continuent de le concevoir au quotidien.


Mais certaines choses peuvent déjà être prises pour acquises, par exemple que ce ne sont pas des personnes qui ont arrêté à temps; «Soixante ou soixante-dix» ans, hommes et femmes, ils utilisent l'ordinateur comme s'ils l'avaient fait toute leur vie. Ils écrivent et voient leurs enfants qui parfois sont loin et ils oublient même l'ancien téléphone pour contacter leurs amis et leur écrivent un e-mail pour partager leurs idées et leurs expériences. 



En général, ils sont satisfaits de leur état matrimonial et s'ils ne le sont pas, ils essaient de le changer. Ils sont rarement envahis par des larmes sentimentales. 


Contrairement à la jeunesse; les sexalescents connaissent et pèsent tous les risques. Personne ne se met à pleurer quand ils  perdent: il leur suffit de réfléchir, de prendre des notes, tout au plus ... et ils passent à autre chose.


Les personnes âgées partagent une dévotion à la jeunesse et à ses manières superlatives, presque insolentes de beauté, mais elles ne se sentent pas en reste. Elles  rivalisent d'une manière différente, elles cultivent leur propre style ... Eux, les hommes, n'envient pas l'apparence des jeunes stars du sport, ou de celles qui portent un costume Armani, ni elles, les femmes, ne rêvent pas d'avoir un corps de starlette. Au lieu de cela, elles connaissent l'importance d'un regard entendu, d'une phrase intelligente ou d'un sourire éclairé par l'expérience. 


Aujourd'hui, les gens de 60 ou 70 ans, comme c'était leur coutume à l'adolescence, commencent un âge qui N'A PAS encore DE NOM, avant, ceux de cet âge étaient vieux et aujourd'hui ils ne le sont plus. 


Aujourd'hui, ils sont physiquement et intellectuellement comblés, ils se souviennent de la jeunesse, mais sans nostalgie, car la jeunesse est aussi pleine de chutes et de nostalgie et ils le savent. 


Les personnes de 60 et 70 ans d'aujourd'hui célèbrent le soleil tous les matins et sourient à la vie… Elles font des projets avec leur propre vie, pas avec celle des autres. Pour une raison secrète que seuls celles du 21e siècle connaissent et sauront peut être.



dimanche 31 janvier 2021

Agglutinements par panique!


 Le plus DRAMATIQUE dans cette crise. Bien sûr les gens atteints, bien sûr le personnel de santé qui, la peur au ventre, doit composer avec un système sous perfusion, bien sûr la détresse des familles, des amis, des aînés... 

Ce que je vois de loin... au Québec et vos messages que vous m’envoyez en privé... de pleurs et de détresse! 

C’EST... LA PANIQUE, DÉCLENCHÉE PAR DES MESURES QUI CHANGENT AU GRÉ DU VENT QUOTIDIENNEMENT OU DE CHIFFRES QUI SONT REMIS EN QUESTION PAR LES SPÉCIALISTES, QUI PROVOQUE DES AGGLUTINEMENTS: 

- On va fermer les magasins... oups tout le monde se précipite dans les magasins.

- On va fermer les commerces de proximité... oups tout le monde se précipite chez son marchand de quartier favori.

- On va fermer les restaurants... oups tout le monde se précipite au restaurant. 

- On va fermer les bars... oups tout le monde se precipite dans les bars. 

- On va fermer les gyms... oups tout le monde se précipite dans les salles de sport. 

- On a fermé les salles de cinema, les musées, pas de spectacles pas de théâtre... on se précipite écouter la TV en boucle qui nous parle de Covid-19 et qui fait augmenter la panique. Pas de culture, pas de soupape culturelle ! Rien. Le vide culturel!

- On va fermer les frontières... oups tout le monde se précipite dans les aéroports pour aller rejoindre famille, amis sous des cieux plus cléments avant l’enfermement. 

- On va empêcher les vols... oups tout le monde se précipite dans les avions empêchant ces derniers de faire occuper un siège sur deux. 

- On va punir les voyageurs qui reviennent du sud... oups tous se précipitent à l’aéroport avant la date fatidique de la punition. Provoquant le risque de s’exposer par la proximité. 

- On va punir ces voyageurs à l’arrivée pour qu’ils aillent à leur frais (2000 $ pour trois jours - vol manifeste) s’exposer au virus dans des hôtels, sans balcon et s’agglutiner au risque d’attraper le virus par des ventilations inadéquates! Des plats transportés, des couloirs mal aérés... pas de balcon pour respirer. 

LA RESPIRATION ! Ce virus atteint les voies respiratoires, rappelons-le mais pas que... 

- On va empêcher les avions de voler jusqu'au 30 avril. Oups... comment va-t-on s’approvisionner? On se précipite faire des provisions "en cas". Les biens ESSENTIELS. 

- On va reconfiner... oups tout le monde envahit les rues, sans respecter les gestes barrières ni le port du masque. 

Nous vivons une bien drôle d'époque!

ET ON VA DU MÊME COUP PRÉCIPITER VERS LA FAILLITE, LES COMMERCES DE PROXIMITÉ, LES RESTAURANTS, LES BARS, LES LIEUX CULTURELS, SALLES DE SPECTACLES, THÉÂTRE, LES LIBRAIRIES, LES SALLES DE SPORT, LES COMPAGNIES AÉRIENNES QUI ONT GARDÉ DES MILLIONS $$$ EN BILLETS D’AVION ACHETÉS PAR LES CONSOMMATEURS ET NON REMBOURSÉS, QUI EN AURAIENT BIEN BESOIN EN CE MOMENT. 

Et si chacun/e pouvait juger ce qui est mieux pour lui/elle tout en respectant la collectivité. Les Québécoises/Québécois ne sont pas tous des têtes brûlées. Les avoir infantilisés par la panique est difficile à observer.

Il fait froid au Québec et l’hiver, le soleil se couche tôt. 

Et si on permettait d’ouvrir et de faire respirer l’économie et les poumons des citoyens au bord de l’étouffement pendant la journée, ces quelques heures... 

Au lieu de provoquer ces paniques, ces agglutinements, ces gestes insensés et que des mesures équilibrées entre la santé et la santé économique soient adoptées. 

TOUT EST ESSENTIEL! Les produits et le reste! 

Le Québec a l’avantage d’être un grand territoire. 3 fois et demi la France. Et puis il fait froid, l’aération aux demi-heure c’est possible dans les endroits publiques, le port du masque, l'hydroalcool à la porte, limiter le nombre de personnes à l'intérieur... 

Profitons-en pour arrêter de provoquer ces agglutinements par panique! 

LA VIE QUOI! 

TEXTE DU JOURNAL DE MONTRÉAL :

La Panique des voyageurs

vendredi 22 janvier 2021

L’inquiétante intolérance de la nouvelle commissaire antiracisme


















Texte publié dans le Journal de Montréal - édition du 21 janvier 2021

Le rôle de choisir une personne chargée de faire reculer le racisme, bien réel et vécu à Montréal n’est pas chose facile. Informé des objections qui pouvaient être faites à l’endroit de la commissaire désignée, Bochra Manaï, un des porte-parole de la mairesse a indiqué que « la Ville ne peut pas, légalement ou moralement, rejeter un candidat qualifié sur la base de ses positions ou emplois passés. » 

PHOTO PROVENANT DU COMPTE LINKEDIN DE BOCHRA MANAÏ 

Tout au contraire les positions et les emplois passés ne sont-ils pas un indicateur essentiel pour juger de la capacité de la personne choisie d’accomplir sa tâche d’écouter, de rassembler, d’agir sur un sujet délicat avec le plus de nuances possible et par conséquent d’obtenir des chances de succès ?  LIRE LA SUITE



Article publié dans l'édition du Devoir - 21 janvier 2021


La nomination de Bochra Manaï fait encore des vagues


Photo: Hubert Hayaud Le Devoir Bochra Manaï, la nouvelle commissaire à la lutte contre le racisme de Montréal


Les déclarations et écrits passés de Bochra Manaï soulèvent toujours un tollé chez des défenseurs de la laïcité, qui s’estiment « bafoués » après sa nomination comme commissaire à la lutte contre le racisme à Montréal. Celle-ci doit reconnaître qu’elle est allée trop loin plus d’une fois dans ses positions, jugent dans une lettre publiée jeudi une quarantaine de signataires.


« L’idée que se fait Mme Manaï du racisme et des racistes, des Montréalais et des Québécois, est qu’ils portent en eux ce dangereux stigmate du racisme, qu’elle a pour mandat de les accompagner et de les redresser sur les chemins de la tolérance et de l’acceptation de l’autre, c’est-à-dire sur le chemin de l’acceptation de l’islam radical et contre cette dangereuse loi de la laïcité », dénoncent d’une même voix d’anciens élus, professeurs, écrivains et défenseurs bien connus de la « loi 21 ». LIRE LA SUITE



Le DEVOIR Édition du 21 janvier 2020

L’inquiétante intolérance de la nouvelle commissaire antiracisme


Le rôle de choisir une personne chargée de faire reculer le racisme, bien réel et vécu à Montréal, n’est pas chose facile. Informé des objections qui pouvaient être faites à l’endroit de la commissaire désignée, Bochra Manaï, un des porte-parole de la mairesse a indiqué que « la Ville ne peut pas, légalement ou moralement, rejeter un candidat qualifié sur la base de ses positions ou emplois passés. »

Tout au contraire, les positions et les emplois passés ne sont-ils pas un indicateur essentiel pour juger de la capacité de la personne choisie d’accomplir sa tâche d’écouter, de rassembler, d’agir sur un sujet délicat avec le plus de nuances possible et par conséquent d’obtenir des chances de succès ? LIRE LA SUITE



À la suite de la parution des textes, d'autres signatures se sont ajoutées que nous n'avons pas pu transmettre à temps aux journaux. 

Signataires

Louise Beaudoin, ex-ministre des Relations internationales (Québec)

Agnès Maltais, ex-ministre de la Culture et des Communications (Québec) 

Évelyne Abitbol, ex-conseillère spéciale à la diversité culturelle à l’Assemblée nationale

Mohand Abdelli, P.Eng., ingénieur retraité, Montréal 

Jawad Amerzouk, chercheur doctorant en sociologie des problèmes publics, et conseillers en développement des compétences. (UQAM) 

Suzie Baillargeon, Enseignante retraitée pour enfants immigrants

Daniel Baril, vice-président du Mouvement laïque québécois (MLQ)

Frédéric Bastien, historien

Sylvie Bergeron, écrivaine

Étienne-Alexis Boucher, Société nationale de l'Estrie

Zahra Boukersi enseignante

Ferid R. Chikhi, Conférencier & Formateur

François Côté, Avocat

Claude Kamal Codsi, président du Rassemblement pour la laïcité  (RPL)

Francine Desjardins. gestionnaire

Andrée Devault Professeur à la retraite

Amin Djema, Gestionnaire TI et vlogueur 

Anne-Emmanuelle Lejeune, membre du CA, PDF.-Québec

Nadia El-Mabrouk, membre du RPL

Marie-Claude Girard, membre du RPL

Louise Guilbault, membre de PDF.-Québec

Ensaf Haidar, écrivaine, militante et défenseure de la Laïcité (FRBL)

Hassan Jamali, écrivain et professeur à la retraite

Lucie Jobin, membre du RPL

Yves Laframboise, membre du RPL

Richard Lajoie, enseignant

Ghisline Larose, féministe

Mona Latif-Ghattas, écrivaine

Leila Lesbet, membre PDF.-Qc, Conseil du statut de la femme (CSF) Québec (2013 à 2018)

Christine Levesque, Professeure et membre du CA de PDF.-Québec

Hélène Massé, enseignante retraitée

Léon Ouaknine, écrivain

David Rand, président, Libres penseurs athées (LPA)

Andréa Richard, membre de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)

Louis Robichaud, Artiste

Guillaume Rousseau, Avocat

Johanne St-Amour, féministe

Ferroudja Si Hadj Mohand, Membre Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité (AQNAL) féministe universaliste

Claire Simard, professeure-chercheure retraitée et membre du CA de PDF.-Québec

Khaled Sulaiman, journaliste et écrivain

Nicole Vermette, orthopédagogue retraitée, membre de PDF.-Québec

Michel Virard, président, Association humaniste du Québec (AHQ)

 


Les signatures ne cessent de s’ajouter… 


Juan Carlos Aguirre, sociologue – essayiste

Nadia Alexan Professeur retraitée

Charly Bouchara, traducteur - parolier 

Romain Gagnon, Auteur

Gilles Letendre, entrepreneur 

Évelyne Levy, contrôleure

Michel Lincourt, membre du CA du MLQ et de l’AHQ

Mireille Vachon, créatrice





mercredi 9 décembre 2020

Non à l'instrumentalisation du génocide juif !


Rappelons que les Lois de Nuremberg, basées sur l’antisémitisme nazi, ont été mises en place pour discriminer et protéger le drapeau, la citoyenneté du Reich, le sang et l’honneur allemand, visant principalement à exclure les Juifs de la société allemande ce qui conduira plus tard à la sordide solution finale.   

Comment peut-on oser comparer une loi basée sur le sang et l’honneur et faire valoir que la loi 21 sur la laïcité est discriminatoire, qu’elle vise à exclure alors qu’elle évoque tout le contraire?  

Parce que l’agenda est autre!

Nous nous devons de résister contre toutes ces tentatives qui se nourrissent de dérives pour empêcher la neutralité de l’État tant souhaitée par nombre de Québécois d’adoption, dont pléthore de confession juive ou musulmane, sont venus au Québec pour vivre dans un climat hors de toute emprise religieuse.  


La suite 

dimanche 11 octobre 2020

L'Écho des Chaudrons

J’ai lu l’Écho des chaudrons comme les deux précédents livres de Michel Duchesne, l’Écrivain public et la Costa des Seuls, lentement pour savourer l’atmosphère qui y règne et qu’elle reste encore un peu à roder autour, une fois le livre refermé. 

Parce que j’ai ri tout au long de la lecture. 

Ils sont rares les romanciers qui, de nos jours, provoquent chez le lecteur une prise de conscience des inégalités sociales dans le rire mêlé à de la tristesse. Vous savez, ce type de rire qui nous arrache les larmes aux yeux. De par la tendresse qui transparait en filigrane. 

Michel Duchesne est un de ceux-là. 

Il est devenu au fil des ans le sociologue de la littérature. L’indigné parmi les indignés qui arrive par un tour de force et ses mots justes et forts, à nous dresser un portrait copié-collé de la société à l’est de la frontière de la rue Saint-Laurent. 

Il parvient à nous envelopper et à nous entrainer dans un univers que peu connaissent, celui d’Hochelaga-Maisonneuve. Il y avait longtemps que l’univers de Michel Tremblay ne nous avaient pas atteints par une autre source. 

La cuisine collective

Le nouveau livre de Michel Duchesne, pour faire écho aux chaudrons, ouvre la porte à un de ces univers de quartier, celui de la cuisine collective. Un univers décrit dans une mise en abime, sous forme de journal où les points de vue se chevauchent autour de la cuisine ou encore autour de l’univers illustré,  l’Écho de Tursar, créé par André Montmorency, Momo pour les intimes.

Il y a les personnages qui font partie du groupe des Fourchettes d’or, ceux qui cuisinent pour les plus démunis qu’eux, les Passé Dates, ce sont eux qui nous arrachent tout à la fois des larmes et des rires. 

Les indignés

La force de ce roman, comme par ailleurs celle des trois autres de l’auteur, c’est justement ce passage constant entre la sensibilité, la joie, la tristesse, l’humour décapant et bien sûr l’indignation. 

Voire même le désespoir des personnages décrit à feu doux. Démunis? Non! COURAGEUX, ces personnages analphabètes qui côtoient l'étalage de culture de Momo.

Pas étonnant que l’auteur cite Germinal de Zola. « Jamais vous ne serez dignes du bonheur, tant que vous aurez quelque chose à vous, et que votre haine des bourgeois viendra uniquement de votre besoin enragé d’être des bourgeois à leur place. » 

Michel Duchesne a une plume fine, acérée, tendre et sarcastique. Il a une manière toute à lui de passer d’un état à un autre en un tour d’éventail. Il personnifie tout sur son passage. Même les légumes, les épices et les arbres, « moi être un arbre, j’étoufferai à Montréal » et se venge au passage sur les tomates ou lorsque Mylène « faisait la peau à des poivrons fanés. » « Flang! Il envoya les navets à leur destin de crème… » 

Mathieu, l'écrivain public

Tout passe par la bouche et les réflexions de Mathieu, le narrateur, oui oui, le même écrivain public qui « rides again » celui qui s’adresse à vous dans ce livre, ou celui autour duquel tous les autres personnages gravitent. Comme pour ne pas nous donner qu’un point de vue sur la même situation. J'ai entendu dernièrement cette expression dans un documentaires sur la décolonisation : "on écrit pas l'histoire avec une gomme". Mathieu/Michel n'utilise pas d'"efface".

Michel Duchesne, donne la parole à Mathieu, le narrateur principal, à sa mère, à des posts facebook, aux réflexions de sa fille ado, pas facile celle-là et l'univers vrai de André Montmorency, le faux, celui qu'il crée Tursar, les deux entremêlés, lui l'exécrable, sans noblesse (snob) et pourtant si attachant. 

Pauline, qui me faisait penser à la passionnée Johanne Fontaine à qui ce livre est dédié. Nous l'entendons s'exprimer, pour celles et ceux qui l'ont connue, elles/ils reconnaitront ses manières de tourner les mots et les phrases que tout un chacun exprime dans la vraie vie d'Hochelaga. 

L'écrivain, Michel Duchesne

Lorsqu’on rencontre Michel Duchesne, on ne peut que saisir le personnage, lui-même, à fleur de peau, qui fait dire à Momo : « Nous autres, artistes, sommes simplement des catalyseurs qui captons des messages soufflés par de vieilles âmes. » 

 “ Il ne sert à rien d'éprouver les plus beaux sentiments si l'on ne parvient pas à les communiquer." Stefan Zweig 

L'auteur les communique si justement ! Si joliment! Son écriture est son allié le plus fidèle, comme Camus ! J’ai toujours pensé que le culturel était là pour que le politique puisse se donner bonne conscience. Que jamais le politique ne soutiendra vraiment le culturel ou les plus démunis. Ça ne rapporte pas! Et une fois au pouvoir, il faut démontrer que les budgets sont équilibrés pour assurer la prospérité économique.

Michel Duchesne est un romancier qui a trop d’injustices à dire, à dénoncer, à crier pour limiter sa vision. Il est indigné et rien n’échappe à son indignation. La religion, la politique, le milieu des subventions sous perfusion surtout pour le monde des pauvres, les relations mère-fils ou filles, ou père-fille, les artistes déchus, l'analphabétisme et le défi d'éducation, les immigrés et les difficultés de l'intégration… 

Aragon est devenu idiot (c’est mon opinion) quand il a commencé à faire de la politique, comme les autres poètes et écrivains qui s'y sont frottés. 
Parce que la création littéraire se trouve dans l’illimité, dans l’universel, en murmure quelque part dans l’univers entre la terre et les étoiles. Elle ne peut pas vivre avec un horizon plat, limité.

Michel Duchesne est un révolutionnaire sans révolution (Re : au titre du livre de André Thirion). Faites-vous partie des révolutionnaires sans révolution, des indignés? 

Si vous vous perdez parfois sans vous révolter sur le sort du monde, si vous êtes découragés par le manque d'empathie et d'humanisme, si vous doutez de l'humanité, il faut lire les livres de Michel Duchesne, pour vous rappeler qu’il existe plus démunis et plus humains parmi les chantres de la démocratie participative, qui ne mettent jamais la main à la pâte.

Et ce temps de Covid, on a qu’une envie, c’est de s’enfermer et d’aller cuisiner avec ce beau monde. On se dit que toute l’authenticité se trouve là dans la cuisine collective alors que le reste de la société n’est que duperie.

Des prix bien mérités

À notre grand bonheur, Hochelaga-Maisonneuve n'est pas uniquement connu par les Montréalais ou les Québécois en général. L’univers que décrit Michel Duchesne a sauté par-dessus les frontières pour se recevoir le prix des Droits humains à Bilbao, pour l’Écrivain public, série web, celui de la meilleure série internationale à New York, celui du meilleur scénario à Séoul et pour compléter le tableau chez nous, le 20 septembre 2020, la 3e saison de L’écrivain public scénarisée par Michel Duchesne et Éric Piccoli a gagné 3 prix Gémeaux : meilleure réalisation pour ce dernier et les mérités prix d’interprétation pour Emmanuel Schwarz et Sandrine Bisson. Majestueuses interprétations.

L'Écho des Chaudrons, disponible dans toutes les librairies

Et via le web à partir du 14 octobre. 

vendredi 2 octobre 2020

L’État à l’épreuve de la culture

Depuis 20 ans la diversité culturelle a été le cheval de bataille du gouvernement québécois pour s’affirmer autant sur la scène internationale que sur la scène intérieure dans sa relation avec Ottawa. À ce dernier, le multiculturalisme, et au Québec la diversité culturelle!

La preuve en est que les principaux spécialistes, reconnus internationalement, sont québécois dont Yvan Bernier, professeur émérite de l’Université Laval qui a rédigé avec l’ ancien ambassadeur de France à L’UNESCO, la Convention sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles culturelle de 2005.

Mais jusqu’ici on a abordé cette question sous l’angle de l’économie et des institutions internationales. Il manquait un ouvrage qui fasse le lien avec nos cultures en mutation « un ouvrage d’ensemble qui restitue la diversité culturelle dans le contexte des grands enjeux contemporains... comme le souligne, Jean Musitelli, conseiller d’État et co-auteur de la Convention, dans la préface du livre intitulé : « Diversité culturelle, vers un état culture » qu’a publié Fulvio Caccia aux éditions Laborintus.

Passé inaperçu à tort

Lorsqu’il est paru pourtant en 2018, cet ouvrage de synthèse et de réflexion est passé inaperçu. J’ai souhaité le mettre en lumière parce qu’il croise justement l’expérience de l’espace nord-américain et le temps long de la culture politique européenne.

Il revenait à un écrivain « allophone » québécois vivant désormais en France de le faire. Et qui plus est un écrivain à « la croisée des cultures », en mesure d’apprécier ce qui participe de l’un et ce qui revient à l’autre.

Fulvio Caccia, né à Florence, a vécu au Québec de nombreuses années où, il a cofondé la revue transculturelle Vice Versa, qui regroupait des écrivains, philosophes, poètes... de toutes origines selon une logique « éminemment vice-versienne ».

Fulvio Caccia a fini par s’installer par la suite à Paris où il a fondé l’Observatoire de la diversité culturelle et plus récemment une autre association LinguaFranca, un collectif d’écrivains, de chercheurs et de traducteurs qui défendent la littérature transnationale.

Qu’est-ce que la diversité culturelle?

Certains d’entre vous qui me lisez savent peut-être que j’ai exercé les fonctions de

« Conseillère spéciale à la diversité culturelle » à l’Assemblée nationale auprès du Parti Québécois.

Cet ouvrage ne pouvait donc me laisser indifférente. Je connaissais l’auteur qui fut dans les années 80, un des animateurs de la scène transculturelle montréalaise.

Mais plus encore son propos rejoignait mes propres questionnements :

Un état est-il nécessairement national?

Peut-on en faire l’économie en plaçant directement le curseur sur la culture? Mais qu’est-ce qu’une nation?

Qu’est-ce que la culture?

Un peuple?

Toutes ces interrogations on les retrouve en discussion dans cet ouvrage.

D’emblée avant de questionner d’où vient la culture? Fulvio Caccia pose la grande question du XXIe siècle : L’expression de la diversité culturelle peut-elle contribuer à redéfinir le vivre-ensemble ou, au contraire, est-elle le masque avenant de l’ultralibéralisme pour légitimer les inégalités qu’il génère? A-t-elle pour finalité cachée la liquidation de la civilisation, comme certains la redoutent, ou est-elle l’accomplissement de cette république universelle portée par les humanistes de la Renaissance et des Lumières?

L’exil et l’universalisme

À partir de ces interrogations essentielles, Caccia dresse un chemin qui mène non pas à des affirmations mais vers d’autres sujets qui questionnent toujours plus, greffés à celles touchées au départ.

Qu’est-ce qu’un exilé? Un nomade?

 Un latin ?

Les arts libéraux?

La culture et sa transmission par l’éducation ?

Le rapport de l’humanité avec son environnement?

D’une page à l’autre, d’une référence à l’autre, Caccia nous plonge dans des redéfinitions contemporaines.

L’universalisme ou du moins la crise de l’universalité n’est pas épargnée. Écartelée « entre le procès d’intention et le refus de retrouver son sens originel ».

Pour toute réponse, celle d’Edgar Morin qui explique l’échec des politiques :

« Il est quasi impossible, quand on obéit à la pensée compartimentée et parcellaire, de voir la figure d’ensemble, c’est-à-dire civilisationnelle de problèmes que l’on conçoit disjoints et qu’au mieux on juxtapose en patchwork. »

N’est-ce pas ce qui se passe en ce moment même dans nos civilisations démocratiques au nom même de cette démocratie?

Le morcellement des communautarismes au nom du multiculturalisme.

Et si nous envisagions de prendre en considération un nouveau type de citoyenneté?

Une citoyenneté transculturelle pour la « désenclaver de son idéalisme ou de son cosmopolitisme supposé pour lui donner un réel ancrage politique. »

Les Bobo, idiots utiles?

Un nouveau type de citoyenneté est en train d’émerger.

Elle serait éloignée des bons sentiments de la bien-pensance, entretenue par un certain militantisme de gauche « politiquement correct » qu’on attribue parfois à tort à une frange de ces Bourgeois-Bohèmes qui préempte les quartiers populaires des centres- villes et pave la voie aux fondamentalismes.

Cette citoyenneté en devenir se fonde sur l’expérience du déplacement telle qu’elle a été vécue à travers l’exil et l’immigration.

Dès lors se pose pour l’exilé et l’immigrant et surtout ses descendants la question de l’allégeance : « un sujet plus que jamais sensible de nos jours. Le retour à un nationalisme de stricte obédience nie cette réalité et contribue à entretenir la fiction d’une culture-racine (comme dirait Glissant) fondée sur le mythe de sa propre pureté divine »

Ulysse, l’exilé

La figure de l’exilé et plus encore de l’errance qui mieux qu’Ulysse le personnifie L’Odyssée qu’il entreprend a des échos très contemporains sur notre propre quête d’identité. C’est à lui que demande :

- Qui es-tu? Lui demande le rhapsode des Phéaciens au terme de son odyssée.

- «Mon nom est personne, lui répond le vainqueur de la guerre de Troie ayant oublié les exploits qu’il avait accompli alors avant que le rhapsode ne lui rappelle.


C’est à ce moment seulement qu’il se souvient et qu’il prend pleinement conscience de qui il est. Dès lors il pourra retrouver le chemin de sa maison.

Cela a un air connu pour nous Québécois, comme notre devise : JE ME SOUVIENS !

C’est dans cette perspective que cet ouvrage est intéressant. Quiconque plonge dans cet essai en ressortira non seulement indemne mais avec une meilleure compréhension des phénomènes culturels dont on nous abreuve à longueur de journée.

« Toute discussion sur la culture doit de quelques manières prendre comme point d’appui le phénomène de l’art. » Hannah Arendt 1-

Fulvio Caccia d’expliquer cette métaphore par le fait que si la culture constitue un environnement rendu propice par les soins de l’homme, l’art en est par analogie son « principe actif ».

Son mouvement et sa transformation qui changent tout en restant semblable.

Ce que Caccia défend et j’adhère à sa démarche est d’élaborer une politique authentique de la diversité qui « permettrait de dépasser cette inégalité... en réinscrivant la formation tout au long de la vie dans les politiques publiques de la culture».

Puisque ce que soulève la diversité culturelle, c’est la capacité de mettre en relation le pouvoir d’émancipation de l’art avec la société – chacun indépendamment de son origine. »

Nous pouvons compter sur un dictionnaire amoureux de la laïcité, dirigé par Henri Peña- Ruiz.

À quand un dictionnaire amoureux de la Diversité Culturelle dirigé par Fulvio Caccia?


La diversité culturelle Vers l’État-culture Fulvio Caccia Éditions Laborintus, 235 p

  

1 - Hannah Harendt, La Crise de la culture, Paris, Gallimard, 2000.


 

jeudi 16 juillet 2020

Revenir en ville - l'ensauvagement de la société

Cher Pierre April,

Je m'adresse à toi car pendant ce confinement stricte en Espagne, tes messages étaient si pleins de tendresse qu'ils m'ont émue.

Tu sais quoi, j'avais écrit un premier post sur la situation que je vivais en Espagne puis comme tu appréciais les lire, j'ai continué chaque matin en décalage horaire en m'adressant à toi et à quelques-unes des personnes qui suivaient mes tribulations comme le dit si bien Carole Poirier. 

Andalousie juin 2020


Hier, tu m'as posé la question si j'étais enfin libre? Je n'ai pas répondu sur facebook car je comptais t'écrire directement en message privé puis j'ai décidé d'écrire ce texte. 

En Espagne, j'étais au bord de la mer, enfermée certes mais en face de la mer. Ici je suis en face des immeubles du centre-ville et lorsque je sors depuis 2 jours, je reviens à la maison fâchée.

Je n'en reviens pas du laxisme des personnes ici.  Mais ça c'est un autre dossier.

Ce qui me désole encore plus est cette justice de fond de ruelle qui sévit au Québec en ce moment qui consiste à accuser quelqu'un sur les médias sociaux sans porter plainte à la police qui fait que les personnes accusées se retrouvent abandonnées par leur employeur.

Comment mieux bafouer une société démocratique que d'appliquer une justice de fond de ruelle basée sur des dénonciations - vraies ou fausses, là n'est pas la question. 

Celle qui m'a le plus choquée est la dénonciation de Safia Nolin la journée d’anniversaire de Maripier Morin. 

Je dois avouer que lorsque j'ai entendu, pour la première fois la voix plein de douceur de Safia Nolin, j'avais été charmée. 

Puis par la suite lorsque j'entendais ou je lisais ses messages vulgaires et grossiers, j'avais l'impression qu'elle faisait de la fausse représentation. Le contraste entre les deux était trop flagrant. 

J'apprenais en lisant de loin ses tweets et ses posts qui apparaissaient sous son nom que son père est d'origine algérienne. Apparemment, ce dernier l'aurait abandonnée. Eh bien, elle ne fait pas honneur à ses origines et devrait prendre exemple sur nombres d'entre les Algériens et Kabyles, des personnes éduquées, cultivées et dignes. Ceux que j’ai rencontrés sont admirables et organisent des événements pour honorer et commémorer leur culture. À mon avis elle devrait tenter de les adopter. 

Hier, j'ai écrit le tweet suivant en retweetant avec un commentaire celui de Jean-François Lisée qui comparait la période actuelle à celle stalinienne. Nous ne sommes pas loin!  

J'arrête ici ce texte qui s'adressait au début à toi cher Pierre et aux personnes qui m'ont suivies depuis mon exil espagnol, en guise de texte de remerciement de m'avoir incitée à écrire et vous raconter ce que quotidiennement il nous arrivait. J'ai bifurqué sur la situation actuelle où les dénonciations sur fond de médias sociaux font rage! Désolée. 

Je nous souhaite de rester libres et de ne pas avoir à subir les affres de n'importe quel individu revanchard, menteur ou jaloux. 
Être témoin de l’ensauvagement actuel est désolant!