Mon père a 93 ans. Tous les 13 avril, il nous pose la même question. Je l’ai d’ailleurs raconté sur ma page facebook.
- Vous êtes contents qu’on ait choisi le Québec pour y vivre?
Et chaque année, ma sœur et moi le remercions d’avoir choisi le Québec.
Notre père est enfermé dans sa chambre dans un Centre privé pour personnes âgées à Montréal depuis le mois de mars 2020. Comme il est handicapé physiquement, ça fait un an et demi qu’il n’a vu que sa chambre, sa télévision, sa fenêtre qui donne sur l’oratoire Saint-Joseph et les préposées qui passent le voir.
Entre juillet et novembre 2020, je n’ai pu rentrer dans sa chambre que 5 fois, habillée en scaphandre, alors qu’avant la pandémie, je passais des heures avec lui trois ou quatre fois par semaine parfois plus à regarder la télévision ou à écouter de la musique arabe ou américaine des années 40.
En octobre 2020, je parlais à l’infirmière qui le visite parfois et je lui demandais qu’elle lève cette interdiction car je suis la seule à lui rendre visite. Elle me répond qu’elle ne peut pas. Je la mets au courant du fait que je dois partir en Espagne pour finaliser des documents gouvernementaux officiels. Elle me conseille, non seulement de partir mais m’informe que le Centre ne serait pas ouvert à son avis avant le printemps ou l’été 2021.
Ma sœur qui vit à Paris et moi devions rentrer le 1er mai à Montréal pour enfin voir notre père que nous appelons au téléphone tous les jours. Sa voix s’éteint un peu plus chaque jour. Et il commence à répéter les mêmes phrases.
Or, voilà que depuis le mois de février, il y a une obligation de faire trois jours d’hôtel – prison en arrivant sur le sol canadien à nos frais. Ce qui veut dire pour ma sœur et moi, retraitées, 4000 $ alors que nous sommes devenues le soutien financier de nos enfants qui ne travaillent pas depuis un an et demi. Les grands spectacles ayant été annulés.
Et nous étions craintives et passibles de l'attraper à l'hôtel alors que nous sommes si prudentes.
J’ai écrit plusieurs post depuis des mois sur facebook pour dénoncer cette mesure purement politique d’autant que tous les virologues du monde, enfin ceux qui ont de la crédibilité, pas ceux qui sont titulaires de chaires Pfizer ou Moderna, s’entendent pour dire que le virus se développe entre 3 et 10 jours.
Je vous avoue que je lis tout ce qui s’écrit et se dit en Allemagne, en Italie, en Espagne, en France et au Maghreb. Personne n’a exigé une mesure aussi répressive. Pas même l’Arabie Saoudite qui a transformé ses hôtels en clinique surveillée, par des médecins et infirmières pour isoler les malades ou les voyageurs au frais de l'état.
Les autres partis politique du Canada et du Québec, se sont tous pavanés devant les écrans, le sourire aux lèvres pour demander que cette mesure soit même renforcée pour les voyageurs qui passent par la frontière terrestre. Ce sourire est imprimé dans ma mémoire à jamais. L'arrogance exprimée était tellement empreinte de mépris pour les immigrants qui n'ont pas toute leur famille sur place.
Il y a une semaine, un rapport stratégique sur la quarantaine a été rendu publique et aussitôt balayé du revers de la main par les politiciens qui souhaitent continuer à appliquer cette mesure répressive qui n’a aucune valeur ni sanitaire ni scientifique.
Sondages et clientélisme électoral oblige ! Ou diversion, c'est selon.
Le Premier ministre du Canada, qui a lui-même commandé cette étude, ne l’applique pas jusqu’à nouvel ordre.
Qu’en est-il de mon père? Nous l’avons mis au courant du fait que nous ne pouvons pas rentrer chez nous et lui avons expliqué cette mesure mille et une fois pour qu’il comprenne pour quelle raison, nous ne rentrons pas.
Ce n’est que cette semaine qu’il a allumé. Il ne cesse depuis de s’excuser d’avoir choisi le Canada et de nous avoir entrainés alors que nous voulions vivre en Europe. Il m’a encore répété hier dans son vocabulaire :
- Je m’excuse de ne vous avoir écoutés même si vous étiez enfants. Je croyais que nous vivions au Canada dans un beau pays qui défend les gens. Je m’excuse. Je regrette d’avoir voté pour ce parti politique toute ma vie.
Ses excuses m’ont crevé le cœur. Je regrettais de lui avoir expliqué pour quelle raison nous ne rentrions pas. Depuis, il ne cesse de répéter ses excuses.
Je lui ai dit que seul le parti conservateur défendait ses valeurs et ses principes. Qu'il aurait dû voter Conservateur.
Qu’à titre d’exemple, le communiqué ci-après, depuis cette mesure prise par les libéraux, les Conservateurs sont les seuls à avoir dénoncé ces mesures et leur incohérence.
Hier soir, nous avons vu ce film Le Père et nous regrettons d’avoir expliqué à notre père que nous ne pouvons pas rentrer chez nous parce qu’on nous oblige à passer une quarantaine à l’hôtel - prison. Il répète exactement comme dans le film.
Il s’excuse sans arrêt maintenant d’avoir choisi le mauvais pays.