Depuis que Pierre Duchesne a fait le saut de l’autre côté du
miroir, le monde politique se déchaîne.
Et plus je lis les articles sur le sujet, plus j’écoute les
commentaires et moins je comprends ce déchaînement.
Je crois Pierre Duchesne lorsqu’il dit que c’est son
rapatriement à Montréal qui a remis en question son implication à Radio Canada.
Nous savons tous plus ou moins ce que ceci veut dire : être moins dans l’action,
rapporter ou encadrer des reportages envoyés par les médias internationaux, « couvrir »
Montréal et la banlieue, etc. ou s’il est chanceux, se retrouver dans un poste
de commandes, ce qui ne veut pas nécessairement dire exercer le métier honorable
de journaliste ou de commentateur politique. La suite...
Je crois aussi Pierre Duchesne lorsqu’il dit ne pas avoir prémédité
et avoir pris la décision de donner une autre tournure à sa carrière au moment
de l’annonce de son rapatriement.
C'est au moment où l'on vous propose cela à Radio Canada que vous pensez à changer du tout au tout.
C'est au moment où l'on vous propose cela à Radio Canada que vous pensez à changer du tout au tout.
On apprend que vous êtes en réflexion. C'est un petit milieu celui des communications.
C’est souvent ainsi que ça se passe dans les milieux politiques. Par le bouche à oreille et par des intermédiaires qui apprennent la disponibilité des gens ou leurs réorientations de carrière.
J’en sais quelque chose. Les vases communicants entre les médias, la politique et les relations publiques.
C’est souvent ainsi que ça se passe dans les milieux politiques. Par le bouche à oreille et par des intermédiaires qui apprennent la disponibilité des gens ou leurs réorientations de carrière.
J’en sais quelque chose.
Une brève parenthèse : En 92, au mois d’août, après
avoir participé avec Francine Grimaldi à un débat sur l’importance de l’humour,
pour le Festival juste pour rire, je quittais Radio Canada.
J’avais pris l’engagement de travailler sur le film de
Carlos Ferrand sur la recommandation de ma collègue et amie, Michaëlle Jean. Cette dernière
connaissait ma passion pour l’écrivain surréaliste, André Breton, et ma non
moins passion pour le livre Arcane 17, écrit à Percé en Gaspésie en Août 44,
alors que Paris se libérait.
J’avais entrepris ma thèse de maîtrise sur le sujet d’Arcane
17, Michaëlle le savait et m’avait mise en
contact avec Ferrand qui avait l’intention d'en faire un film.
Inutile de dire que je n’avais pas besoin de faire beaucoup
de recherches. Nous avons entrepris le voyage vers Percé rapidement pour faire
du repérage cinématographique.
En revenant de l’Ile Bonaventure la deuxième journée, je trouvais trois billets
d’appels en absence. C’était le chef de cabinet de Lucien Bouchard qui m’appelait
pour me proposer de travailler pour le Bloc québécois sur la campagne référendaire
fédérale sur l’entente constitutionnelle de Charlottetown.
Ceci deux semaines seulement après avoir quitté Radio Canada. Une nuit de réflexion
devant le majestueux et grandiose Rocher et ma décision était prise. J’allais
plonger.
Basculer et sauter de l’autre côté de la clôture n’est pas
chose facile. Et n’est pas une décision que l’on prend à la légère.
Le jour suivant, je me retrouvais auprès de collègues, de l’autre
côté du miroir.
Malaise pour certains, bonheur pour d’autres qui engageaient
des discussions de fonds pour mieux cerner les enjeux et qui étaient ravis de
voir parachuté dans un poste d’attachée de presse, quelqu’un qui connaissaient
leurs contraintes, d’autant que j’avais travaillé dans les médias écrits (journaux
et magazines) aussi bien qu’électroniques (radio et télévision).
Leurs commentaires me faisaient plaisir car ils répétaient
avoir l’impression de ne pas être pris au sérieux lorsque l’on engageait des
personnes, comme attaché de presse, sans aucun background en communication ou
en journalisme.
Je cite de mémoire une partie du texte de Gilbert Lavoie, Journalisme
et Politique, publié hier ou avant-hier?
Le site du journal Le Soleil semble bloqué ou saturé : Qui mieux qu’un
ancien journaliste pour comprendre les besoins de ses collègues?
En 92 et 93, les moyens de communications n’étaient pas
aussi flexibles qu’aujourd’hui, rappelons-le... l’ère du fax en rouleau et des
énormes cellulaires.
Sans compter les contenus qu’il faut faire passer et ce, le
plus précisément possible.
Être transfuge n’est pas de tout repos. Parfois, nous voyons
venir de loin la « manipulation » d’un côté et de l’autre la
malveillance et la mauvaise volonté de certains.
Ici une deuxième parenthèse, extrait du Journal Le Trente, un
journaliste (Lawrence Martin) écrivant un livre sur un politicien (Lucien
Bouchard) qui interview une ancienne journaliste devenue attachée de presse
pour un politicien.
Ce matin, je relisais certains textes et je suis
tombée sur celui-ci écrit en 1997 et totalement oublié depuis.
En
relisant ces quelques lignes pour la première fois, je vois la
situation actuelle d’un autre œil avec la présence des médias sociaux et leur
importance dans les campagnes politiques.
[Le magazine du journalisme] ... Par Évelyne
Abitbol .... -30- Evelyne Abitbol,
journaliste, ex-attachée de presse de M. Lucien Bouchard (Campagne référendaire et électorale)
Être transfuge, c’est être assis entre deux chaises.
Être transfuge c’est savoir naviguer plutôt que louvoyer
dans le sens péjoratif du terme.
En Europe, les anciens journalistes accèdent à des postes
clés en politique, soit comme secrétaire de presse soit comme directeur des
communications, justement pour leur connaissance du terrain, celle de la manière de
diffuser des contenus et disons-le pour une
meilleure « utilisation des médias ».
Après ce long détour, je reviens au sujet premier :
Pierre Duchesne.
Nous savons tous qu’il a déjà écrit un livre sur Jacques
Parizeau.
Je l’ai observé depuis des mois, j’ai écouté ses
commentaires, je l’ai entendu analyser les actions parlementaires. Je lisais
ses tweets et je me faisais justement la remarque : comment peut-il rester
aussi neutre dans la situation?
J’admirais la neutralité de ses propos. Je scrutais le
moindre mot pour cerner son allégeance politique.
Une fois, j’ai lu un tweet adressé à John Parisella qui
suivait la campagne américaine et ne commentait pas ce qui se passait pendant
le printemps érable, qui disait à peu près ceci: « M. Parisella,
il se passe quelque chose au Québec » : Il y avait 250 000 personnes
dans la rue.
Ce commentaire m'avait plu. Je l'avais trouvé un peu plus audacieux que les autres dans la constatation d'un fait.
Je cite ici
Nathalie Collard, journaliste à la Presse. Je me souvenais de ceci car j’avais,
autrefois, posé la question, deux semaines après avoir quitté Radio Canada, à
savoir s’il y avait un purgatoire à subir : « À la société d'État, la
règle est claire: un employé qui souhaite faire de la politique peut demander
un congé sans solde, ce qu'ont fait Bernard Drainville et Christine St-Pierre
(qui l'a demandé avant de prendre sa décision), mais une fois élu, l'employé
doit démissionner. Le cas contraire, s'il souhaite revenir au travail, il doit
accepter une assignation différente. S'il refuse, on l'invite à partir. »
Et comme le dit
si bien Florian Sauvageau dans ce même article : « C’est la
prérogative de tout citoyen de participer au débat public. »
Peut-on maintenant commencer à débattre publiquement d’éthique
politique (CEIC) plutôt que d’éthique journalistique?
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