Nous l'avons constaté, il y a
quelques semaines, lors des enquêtes et dénonciations des paradis fiscaux ou
dans le cas de la cavale outre-mer du dépeceur de Montréal, Magnotta.
Dans son nouveau thriller, Maxime Chattam fait appel au même processus. Les juges sont appelés en urgence et doivent délier une commission rogatoire internationale pour traquer deux tueurs qui n’ont pas de rapports apparents entre eux : un fantôme serein et méticuleux qui tue sans pitié et une bête impulsive, un animal qui laisse des traces sauvages, de Paris jusqu’au Grand Nord québécois, en passant par la Pologne et l’Écosse.
Leurs crimes innommables sont signés
du mystérieux symbole « *e » tagué ou tatoué sur le corps de leurs victimes.
Chattam pose la question : «
L’Homme est-il devenu violent ? »
« La violence. C’est comme une
escarre, une fois installée en vous, ça ne cesse de vous ronger. »
Cette violence, seul Richard
Mikelis, un criminologue retraité, peut la décoder. L’espoir repose sur lui
pour résoudre le mystère du symbole « *e ». Il est secondé par deux jeunes
gendarmes enquêteurs, Alexis Timée etLudivine Vancker.
La tension devient si forte pendant
la description des scènes gore que l'on a envie de laisser tomber le livre.
Mais Maxime Chattam nous
rattrape par la finesse de son intelligence. Avec sa fiction « sculptée pour
faire peur », « construite pour faire mal », il dépèce ses personnages en proie
au mal-être.
Le romancier vient nous rassurer au
détour d’une page. Un monstre, comme le fantôme ou la bête de son roman, ne
peut pas être une personne normale, défendable dans une cour de justice ni «
porter le masque du bon père de famille ou du voisin idéal ».
Chattam nous invite à ne pas
fuir et à ne pas faire l’autruche. Il est convaincant : le mal existe, il rôde
et frappe sans s’annoncer, sans logique apparente et sur des continents
différents. « La bestialité primitive », dit-il, «l’âme des prédateurs. »
« Le monde ne peut être un lieu noble
tant qu’il abrite pareilles créatures. »
Et quand la description des détails
des crimes devient intolérable pour nous, lecteurs, Chattam installe
confortablement ses jeunes enquêteurs devant un bon café chaud, histoire de réchauffer
l’atmosphère après les sueurs froides, voire glaciales qu'il nous a fait vivre.
Maxime Chattam, La Conjuration primitive, Albin Michel,
462 pages.
Twitter:
@ChattamMaxime
Blogue: www.maximechattam.com
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