Hier soir, à la Place des Arts, dans cette charmante intimiste salle Claude-Léveillé, se sont succédés les élèves de Roger Ferber qui lui rendaient un hommage tant mérité. Vous dire les talents qui se sont succédés sur la scène sous le regard attentif du maître qui articulait silencieusement les paroles des chansons interprétées par les élèves de tout âge, aux voix si singulières.
Chacun à leur manière nous a étonnés, impressionnés, ravis. Nous passions d’une émotion à une autre sans crier gare. De Brel à Broadway en passant par la Manic, par de nouvelles compositions ou par du fado. Le talent se succédait. J’ai découvert MKNR qui modulait sa voix de manière inattendue. Dans la salle, nous étions pendus à ses lèvres, à ses mots, à ses changements de ton… le talent à l’état pur!
Sylvain Millette, nous a fait rire avec son whisky indispensable pour l’interprétation d’un blues et pour son passage à Broadway dansé et chanté. Il nous a transporté là-bas en quelques secondes. L’illusion était parfaite! Marya Santos. Que dire! Une voix limpide et forte, digne de son pays d’origine. Du fado au Temps des Fleurs en Portugais.
Surveillez ces noms ! Car vous allez entendre parler d’eux sous peu, Mic Ledude, le compositeur et chanteur mélancolique qui a ouvert le spectacle prometteur, Anjo B. Arson, rigolote et sérieuse, Atuel Chertkoff, le benjamin à la voix grave et puissante, Timothy, professeur de piano et de sports, chanteur de charme à ses heures, Guy Blanchar qui a chaussé étonnamment avec brio les souliers de Brel, même si au début il a trébuché sur les paroles, il a eu le mérite de continuer et de nous étonner avec sa voix et son souffle développé depuis des années.
Le talent émerge toujours, même si leur place n’est pas facile à s’installer. Je suis toujours étonnée que les journalistes culturels ne couvrent pas ce genre d’hommage organisé par des élèves prometteurs, rendu à des monuments du Québec.
Car Roger ferber est un monument. Il a enseigné à des centaines de jeunes et vieux d’un continent à l’autre d’Europe au Nouveau monde. Connu ? Oui! Il l’est par ceux qui l’ont côtoyés et qui savent qu’il a fait, entre autres, la première partie du spectacle de Jacques Brel, l’homme de La Mancha, qu’il a bien connu Liza Minelli, et bien d’autres sommités.
Merci Roger Ferber d’avoir préparé autant de chanteuses et de chanteurs à nous ravir et à nous envoûter. Même si tu as tout perdu, ton appartement et tes souvenirs dans l’incendie du Monastère du Bon Pasteur puisque tu y habitais.
Nous avons vibré hier soir à l’unisson.
Selon Rainer María Rilke, la musique « décompose » la réalité vécue pour la transformer en une vibration universelle rendant vaine toute volonté individuelle.