mercredi 18 avril 2018

One Way Crown Prince Mohamed bin Salman Can Prove He Is Sincere About His Reforms: Free Raif Badawi

Texte publié dans le Time Magazine

By BRANDON SILVER AND EVELYNE ABITBOL
April 5, 2018 published in the TIME Magazine time.com
IDEAS
Silver is a member of Raif Badawi’s international legal team; Abitbol is cofounder of the Raif Badawi Foundation for Freedom.
“We want to lead normal lives, lives where our religion and our traditions translate into tolerance.”
“For me, liberalism simply means, live and let live. This is a splendid slogan.”
Who could have imagined that these equally conciliatory concepts would result in such conflicting consequences?
Yet in Saudi Arabia, the advocate of one is heralded as a reformer, while the other is harassed for being a radical.
Ensaf Haidar, wife of the jailed Saudi Arabian blogger Raif Badawi, shows a portrait of her husband as he is awarded with the Sakharov Prize, on Dec. 16, 2015 in Strasbourg, France.
Ensaf Haidar, wife of the jailed Saudi Arabian blogger Raif Badawi, shows a portrait of her husband as he is awarded with the Sakharov Prize, on Dec. 16, 2015 in Strasbourg, France.
Born one year apart, these millennials have given expression to the vision and values of a younger generation, one that is empowered by the digital age, implicated in a globalizing world and impervious to the religious orthodoxy of some clerical elite.

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Message à Mohammed ben Salmane : prouvez votre sincérité, libérez Raif Badawi !

« Nous voulons mener des vies normales, des vies où notre religion et nos traditions se traduisent en tolérance. »
« Pour moi, le libéralisme signifie simplement vivre et laisser vivre. C'est un slogan superbe. »
Qui aurait pu imaginer que ces phrases si conciliantes auraient des conséquences si opposées?
Pourtant, en Arabie saoudite, l'auteur de la première affirmation est considéré comme un réformateur, tandis que l'autre est harcelé et pris pour un radical.
C’est le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman (MBS), qui a déclaré la première; et Raif Badawi, blogueur saoudien emprisonné, la seconde.

dimanche 18 juin 2017

5 minutes pour les 5 ans d'emprisonnement de Raif Badawi

C'était il y a cinq ans! 
Le 17 juin 2012, Raif Badawi perdait son passeport, ses papiers d'identité et était emprisonné en Arabie Saoudite. Exactement un an après que sa famille, Ensaf, les enfants, Najwa, Doudi et Miriyam avaient trouvé refuge en Égypte puis au Liban.

En date du 17 juin 2017, les enfants n'ont pas vu leur père depuis plus de six ans.
Le crime dont on accuse le père des enfants est celui d'avoir insulté l'Islam par voie électronique.
Réseau libéral saoudien
Après le printemps arabe, son blogue, le Réseau des libéraux saoudiens, devenu par la suite le Réseau libéral saoudien, suivi par des millions de personnes dans le monde arabe, était devenu l'espace où les jeunes et les personnes épris de justice et de paix se retrouvaient pour débattre des questions de liberté.
Sherbrooke - Québec 
Au mois d'octobre 2013, en pleine soirée d'Halloween, Ensaf et les enfants débarquaient à Sherbrooke au Québec au milieu des monstres, des princesses, des grenouilles et des crapauds transformés en princes, qui déambulaient dans les rues de la ville.
Depuis, ils y vivent heureux entourés d'une famille qu'ils se sont choisie, mais au milieu de laquelle il manque cruellement une personne : l'époux et père des enfants, Raif.

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dimanche 22 janvier 2017

Les Tuques roses

Non, je n'ai pas manifesté hier. Vous m'avez demandé en privé où me rejoindre et bien.
Je n'ai pas manifesté pour plusieurs raisons: Je n'ai jamais vu de manifestations organisées pour hurler l'horreur pour les 219 filles enlevées en 2014 par Boko Haram, pour les centaines de milliers de réfugiés syriens (la plupart des femmes et des enfants), les 10 000 morts et 40 000 blessés au Yemen, pour les filles et les femmes décapitées en Arabie saoudite, en Iran, pour la centaine de journalistes emprisonnés en Turquie, les jeunes manifestants emprisonnés en Arabie saoudite depuis plusieurs années alors qu'ils étaient mineurs, les décapités de Bahrein, les homosexuels jetés du haut des immeubles ou décapités, etc.

jeudi 29 décembre 2016

Claudine Bertrand, un doctorat Honoris Causa et le Prix littéraire Alexandre Ribot

DOUBLE RECONNAISSANCE À L'ÉTRANGER POUR CLAUDINE BERTRAND 

Dommage qu'au Québec nous ne parlons pas de littérature ou si peu! Lire c'est vivre plus!

Nous ne parlons pas des poètes, ou si peu.

Nous n'accordons pas d'espace à la poésie ou si peu!

Ces espaces sont-ils réservés à un cercle fermé? Qui s'auto-congratule sans s'ouvrir aux autres ? Je me suis tant posée cette question depuis tellement d'années. En suivant l'actualité littéraire ici et ailleurs.

L'identité se définit aussi par sa culture, sa littérature, sa poésie et par leurs figures de proue.

lundi 5 décembre 2016

J'ai vu la Kahina au Théâtre La Chapelle à Montréal


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J'ai entendu ses premières paroles :
Et j'atterris dans ce monde viril gratifiée d'une fente entre mes jambes de poupée en chair. 
Photo Victor Diaz Lamich 
Je me calais dans mon siège comme autrefois en 1970. C'était la dernière fois qu'un spectacle m'avait autant bouleversée. J'avais entendu le Speak White de Michèle Lalonde et je commençais alors à ne plus me sentir seule.

J'intégrais alors la solitude des Québécois dans la marée nord-américaine en écoutant les paroles déclamées s'entremêler sur la scène, dans deux des trois langues que je parlais alors, l'une d'entre elles par nécessité, l'anglais, car nous n'étions pas acceptés dans les écoles françaises catholiques parce que juifs.

Ces mots matraques avaient trouvé un écho chez la jeune exilée que j'étais et cristallisé mon appartenance au nouveau monde en retrouvant une nouvelle terre, celle d'Euchariste Moisan et d'Alphonsine sur leurs Trente Arpents, que je venais de découvrir.

... Speakwhite
 Le soleil se couche chaque jour de nos vies à l'est de vos empires... ... parler un Allemand impeccable une étoile jaune entre les dents... ... Nous savons que la liberté est un mot noir Comme la misère est nègre Et comme le sang se mêle à la poussière des rues d'Alger et de Little Rock.
 Speak White 

Pendant la nuit de la poésie, j'avais vu les rues d'Alger, celles de Tunisie et celles si familière du Maroc.

Ce vendredi soir 2 décembre 2016, j'ai fait le chemin inverse. C'était la culture enfouie dans mes gènes qui refaisaient surface. Et Damia Tadmaït (son nom juif), appelée Dihya (son nom berbère) - la belle gazelle en tamazight, surnommée la Kahina (son nom arabe) - prendre une forme jusque-là jamais vraiment aussi claire. D'Alger en Tunisie, dans les rues où se sont mêlés son sang à la poussière.

Chaque fois que j'ai lu et relu le livre de Karim Akouche, j'ai pleuré. Je connais les mots et les phrases sans ponctuation de ce livre : Toute femme est une étoile qui pleure

Pourtant, j'ai revu défiler sur la scène du Théâtre La Chapelle à Montréal ma mère, morte il y a 15 ans. J'ai entendu ses cris étouffés résonner, ceux de ma sœur, de mon amie excisée, les miens pour avoir reculé devant le poids des traditions et ceux de tant de femmes rencontrées au hasard.
Et je heurtai de tout mon blasphème les pesantes traditions comme on heurte un rocher d'ardoise ou une montagne de bronze

Photos: Victor Diaz Lamich
J'ai vu la reine berbère, la Kahina, première féministe de l'Histoire, haranguer ses troupes pour résister à la conquête des Omeyyades. 

Je l'ai vue moderne. Habillée en jeans, sweatshirt et capuche enfoncée pour ne regarder que la terre et éviter le regard des hommes « virils de ses entrailles ».

Je l'ai vue poursuivre sa lutte sans fin contre les ostracismes, contre la haine, le pouvoir inutile, les mal-pensants et les autres.  

Et j'ai vu la tête de la Kahina rouler. Décapitée comme on décapite encore aujourd'hui ailleurs.

J'ai vu Marie-Anne Alepin, la divine vivante comédienne, se réapproprier sur scène ses racines syriennes. J'ai senti ses émotions grandir sous les mots revolvers, pendant que, par effet miroir, je me réappropriais mes propres racines, ma propre douleur de l'exil. La nuit de la poésie me rappelant à l'ordre d'une autre identité gagnée.

Puis leur ombre s'est confondue. J'ai vu la poétesse Mririda N'Aït Attik détourner sa vie par trop de médisance et la finir à Tassaout, en traçant et retraçant à l'infini des cercles autour d'elle en totale solitude.          

 Personne n'y était. Et pourtant on dit...
L'oreille est complaisante à la médisance
Maudits soient la langue et son venin ! 

J'ai vu les femmes de Tassaout se mêler à la Kahina.

J'ai vu les femmes autochtones du Québec perdre leur identité et leur dignité.

J'ai vu les femmes yézédies, kurdes, syriennes, saoudiennes, iraniennes, celles d'Afrique et d'Amérique du Nord... j'ai vu toutes les femmes guerrières.

Je connais le joug et l'injustice divine
Je connais la religion qui a fardé la nature
qui a enveloppé de la tête aux pieds les statues dans les jardins publiques 

J'ai aussi vu un homme, Raif Badawi, et tous les prisonniers d'opinion, poètes, journalistes, blogueurs, facebookeurs, twitteurs, séquestrés, hurler du fond de leur prison l'injustice du monde sans qu'aucun son ne sorte de leurs lèvres cousues et que leur plume leur a été arrachée.

C'était au 8e siècle après Jésus-Christ, c'était au 20e siècle et ça continue au 21e siècle.

Dieu perd la face quand il s'attaque à une femme.

On ne tue pas la femme libre...

Dieu perd la face quand il s'attaque aux hommes libres, aux femmes libres, aux enfants qui aspirent à la liberté des adultes.

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 De la très fine mise en scène de Francine Alepin, Toute femme est une étoile qui pleure du livre de Karim Akouche, Éditions Dialogue Nord-Sud, 2013. Au théâtre La Chapelle les 8 – 9 - 10décembre 2016.

jeudi 29 septembre 2016

«Mon combat pour sauver Raïf Badawi» d'Ensaf Haidar

Le roi Salman Salmane Ben Abdelaziz al-Saoud a accueilli l'honorable Stéphane Dion, ministre des Affaires étrangères au Canada. Puisse le roi Salman être sensible, en cette veille de Ramadan, aux appels répétés de clémence envers Raïf Badawi.
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Préface du livre d'Ensaf Haidar par Évelyne Abitbol : Mon combat pour sauver Raïf
Vous tenez entre vos mains un livre qui risque d'irriter ceux qui ont enfermé Raïf Badawi. Car tous les faits rapportés dans ce livre sont véridiques. D'où son intérêt. Chaque mot a été pesé et soupesé avec la collaboratrice d'Ensaf Haidar, Andrea C. Hoff mann, et l'interprète Savane Al-Hassini.
2016-05-23-1464012755-1977700-HAIDAR_MONCOMBATPOURSAUVERRAIFBADAWI.jpgCe livre est le résultat de centaines d'heures passées à se remémorer en détail l'incroyable parcours de Raïf et celui d'Ensaf, l'arrivée dans leur vie de leurs enfants - Najwa, Doudi et Miriyam -, sans omettre la douleur que certains souvenirs ont fait émerger. Il a fallu trouver le mot juste pour exprimer l'itinéraire tumultueux de cet homme qui a voulu croire que les droits de l'homme étaient des droits universels et non pas uniquement un privilège de l'Occident. Pour avoir osé dire non, pour avoir résisté, il a payé le prix fort.
Dans ce livre, des images surgissent: son enfance racontée tel un conte absurde et cruel, hantée par un ogre qui se croit tout-puissant, puis les tribulations de sa famille, obligée de s'exiler et qui parvient finalement à s'établir au Canada en 2013, alors que lui croupit dans une prison d'Arabie saoudite, au milieu de criminels, après un simulacre de procès.