lundi 27 décembre 2010

El Hank Le phare de Casablanca publié dans Triptyque



13 avril 1964. C’est ce jour là que je l’ai aperçue du haut des airs, puis j’ai respiré à pleines narines ses phéromones. En descendant de l’avion, la magie a opéré. J’étais traversée de toutes parts. Je la reconnaissais. Comme si pendant toute ma petite enfance, je n’avais attendu que cela. C’était elle : la liberté promise par mes parents au départ de l’aéroport de Casablanca Je ne saisissais pas à l’époque la portée de cette déchirure.

Dans ma chambre, face au port de Casablanca, la dernière nuit, le phare l’éclairait par intermittences. Sa lumière me berçait et m’endormait. Je m’amusais à projeter mes joies futures sur le mur balayé par la lumière auxquelles succédaient mes peurs lorsque l’ombre gagnait sur la clarté. Le phare faisait de la magie noire et blanche et opérait sur mon corps je ne sais quel rituel.

Je me souviens de m’être accrochée à la lumière du phare comme à une bouée de sauvetage. Comme si la réponse à toutes mes questions tenait dans sa lumière.